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Hatem Ben Cheikh, Artiste conceptuel : «La vie serait moins pénible au soleil !»
Entretien du lundi
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2019

L'art du vitrail et du verre brisé l'a fait connaître comme un artiste talentueux depuis les années 90. Formé au Centre international du Verre à Chartres et au Centre de recherche sur le verre à Aix-en-Provence et à l'atelier Derix en Allemagne, Hatem Ben Cheikh est un homme discret et humble qui ne se manifeste que lorsque la nature est menacée. Depuis, il se lance dans l'expérimentation de plusieurs techniques sur différents matériaux et réalise, en 1995, des fixes sous verre monumentaux pour l'Acropolium de Carthage.
Vous êtes sur un projet qui porte le nom de «Chmisa» sur lequel vous travaillez depuis un certain temps...
«Chmisa»est un projet créatif d'ordre écologique. Je crée des éléments qui viennent de la récupération pour un usage écologique. C'est un projet où il y a plusieurs axes comme la cuisine solaire où j'ai pu fabriquer une série de fours à partir de la récupération et qui permettent de cuisiner grâce au soleil. Il y a aussi un volet de la récupération des bouteilles en plastique avec lequel j'ai pu développer un système de construction. C'est un travail qui m'a demandé beaucoup de recherche, d'essais et d'amélioration jusqu'à arriver à fabriquer des «briquettes» sous forme de module qui peuvent s'adapter à la forme horizontale ou verticale. Il y a aussi une autre forme de sculpture de lumière sur laquelle j'ai travaillé pour arriver à ce qu'on appelle le «néo-vitrail». Il y a des vitraux ludiques qui jouent avec la lumière du soleil. En fait, tout est basé sur le soleil dans ce projet et c'est pour cela qu'il porte le nom de «Chmisa». Je dis toujours que la vie serait moins pénible au soleil. Le concept est, donc, de créer des œuvres à partir de la récupération dont le verre brisé sur lequel j'ai effectué beaucoup de recherche pour le revaloriser. Le verre brisé ayant beaucoup marqué ma carrière pendant plus de 30 ans. Le dernier projet que j'ai présenté pour l'aide à la création pour le ministère des Affaires culturelles concerne justement le verre brisé que ce soit le verre plat comme celui des pare-brises cassés ou le verre creux comme celui des bouteilles. Il y a bien sûr une façon de revaloriser tous ces matériaux de façon créative et environnementale. Je précise que tout ce je fabrique ne contient aucun composant organique volatile. C'est réellement sain et durable.
Pourquoi ce projet vous a-t-il demandé presque dix ans à mettre sur pied ?
«Chmisa» est un peu la synthèse de ma carrière. C'est un condensé des éléments qui m'ont passionné pendant toute ma vie. Aujourd'hui, je sens le besoin de synthétiser cette passion, ces expériences et ces manipulations pour donner une lecture complète de tout ce qui m'a attiré. Il y a eu beaucoup de recherches et développement. Les dix ans ont été consacrés à la résolution des problème posés par la matière.
Est-ce difficile aujourd'hui d'être un artiste professionnel qui vit de son art ?
Sincèrement, c'est pénible. C'est un combat de tous les jours dans une chambre de neuf mètres carrés avec le soutien et le grand amour de mon frère. Mais étant épris par ce projet, j'essaie d'avancer avec tous les moyens possibles et imaginables dans la «précarité créative». Malheureusement, et je le dis avec beaucoup d'amertume : le modèle de financement de la création en Tunisie par les institutions européennes se trouve dans un moule que je qualifie de nul et non avenant dans le sens où ces organismes à caractère international nous enferment dans un moule qui s'appelle associations. Quelle que soit la valeur du projet et de la personne, ils ne considèrent l'artiste que s'il dispose de sa propre association. Personnellement, je ne serai jamais une association parce que je défends le statut de l'artiste créateur et indépendant qui vit de son art. Je refuse d'être dans ce moule et de m'aligner sur ces paramètres. Aujourd'hui, quelqu'un qui se trouve à Bruxelles derrière son ordinateur décide du financement de toutes nos actions artistiques à partir de photos et de rapports de management. Il n'y a aucune implication directe avec l'artiste créateur. Pour ce qui est de la Tunisie, il y a le fonds d'aide à la création qui a un budget considérable et où j'ai déposé mon projet «le verre brisé». Malheureusement, je n'ai pas été financé. Je pense que ce fonds finance les professeurs universitaires...Il me semble que le ministère des Affaires culturelles privilégie les professeurs universitaires. Je demande que M. le ministre de la Culture évalue lui-même mon dossier.
Qu'est-ce qui vous permet de penser que, dans le monde des arts plastiques, les universitaires sont privilégiés par rapport à l'artiste indépendant ?
L'Union de artistes tunisiens est gérée par un professeur universitaires, syndicaliste de surcroît dans sa spécialité universitaire. Cette même structure qui est l'Union est gavée de ses étudiants. D'autre part, et concernant le ministère de la Culture, il doit revoir ses actions sous la loupe du management culturel. A quoi ont servi par exemple les «Places de la culture» ? Aucune retombée palpable. Alors qu'il y a des projets qui ont plus d'impact sur les jeunes dans les régions et qui sont abandonnés.
Ils sont peut-être eux aussi des créateurs...
Alors, dans ce cas, je leur dis si vous êtes réellement des créateurs, prenez une mise en disponibilité et travaillez votre art pour qu'on puisse le voir. Je ne suis pas contre. La question que je me pose est : où est la création ? Je pense que c'est à la création de prendre le pas sur le discours. Là, ça mérite le respect.
Et «Chmisa» c'est pour quand ?
Incessamment, sous peu, je dirais ! La saison prochaine, je vais présenter mon projet «Chmisa» avec ou sans moyens, quoi qu'il advienne avec le soutien de mes proches qui croient en mon projet. Rendez-vous en 2020.


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