Par Kamel Ghattas Si le public est universellement connu pour être plus ou moins versatile, c'est au niveau des dirigeants que l'on suppose plus sages et qui devraient, à n'importe quel moment, tenir compte de la préservation de l'esprit de collaboration et de confiance devant régner au sein de l'équipe, que l'on est toujours surpris par des réactions que l'on qualifie de plus ou moins surprenantes.. Nous avons toujours relevé l'absence de solidarité et de soutien qui caractérisent les relations entre un entraîneur et ses employeurs. C'est l'entraîneur qui, de par le monde, ce n'est point une exception tunisienne, constitue le fusible se devant de protéger aussi bien le comité directeur d'un club que son premier responsable. Essentiellement le président, lorsque les résultats prennent une mauvaise tournure. Nous nous souvenons des premières réactions qui ont immédiatement encensé les premières sorties des entraîneurs de différentes équipes qui ont bien démarré leur saison. Ceux qui ont, à tour de bras, lancé des surnoms des plus flatteurs, commencent déjà à se rétracter. Et à ces techniciens de se retrouver dans l'œil du cyclone, alors que les supporters commencent à craindre pour leurs acquis. En sport, tel que tout le monde le sait, il n'y a pas de vérité qui puisse prendre le pas sur le travail de longue durée, avec des objectifs clairement définis. Les situations peuvent changer du jour au lendemain, étant donné que tout est relatif à l'ambiance générale de l'équipe, au rythme des engagements pris, à l'effectif dont on dispose, aux moyens de faire face aux situations urgentes. Une compétition en dents de scie, telle que la nôtre, peut par exemple tout remettre en question. Le meilleur des préparateurs physiques y perdrait toutes ses connaissances à force de remanier son tableau de marche en fonction des trêves et des arrêts de compétitions. La baisse totale de régime qu'a connue le Club Africain au Congo, personne n'a pu l'expliquer après la sortie de cette même équipe face à l'Ismaïli d'Egypte qu'il a largement dominé et battu. L'entraîneur a été porté aux nues. Ce technicien s'est trouvé dans l'obligation morale de démissionner une dizaine de jours plus tard après la déroute de son équipe. Lemerre, qualifié de «général», est dans ses petits souliers avec les dernières sorties peu convaincantes de ses protégés. Krol est « appelé » à revoir ses copies, alors qu'on n'a pas cessé de louer son travail depuis son avènement à la tête de l'équipe sudiste (c'est une vérité mais hélas seuls les résultats comptent !). Louhichi que l'on croyait à l'abri avec tous les superlatifs dont on l'a affublé et qui se retrouve avec un «entraîneur général» ayant «droit de regard sur les seniors» sur le dos. C'est dire que personne n'est à l'abri et que seul le résultat prime. La peur de perdre le contrôle précipite souvent les réactions des décideurs. Les mêmes réflexes sont en usage en France au sein des équipes qui n'arrivent pas à décoller ou qui, subitement, se trouvent au-devant de situations difficiles à expliquer à leur public.. Bien entendu, cela ne remet nullement en question la qualité de ces techniciens qui savent à quoi s'en tenir. Leur expérience comme leur savoir-faire ne sont nullement en question, mais la vérité du terrain est impitoyable. Forts de leur excellente formation, ils ont besoin pour s'affirmer de l'aide de leurs employeurs qui sont tenus de tenir en main les supporters pour leur expliquer qu'une grande équipe ne s'achète pas au supermarché du coin. Malheureusement, ces dirigeants ne sont pas toujours au fait de la chose sportive. Souvent parachutés ou sans véritable expérience, mal conseillés, ils s'engagent dans des voies non passantes. Nous connaissons la suite. Et puis, pour demeurer positif, qu'adviendra-t-il du sport sans ces changements et ces surprises, heureuses ou malheureuses, qui l'animent et lui donnent cette raison de vivre, cette ferveur qui anime tous ceux qui gardent leurs ambitions et tiennent à s'en prévaloir face aux meilleurs?