Pour un club réputé pour être le moins consommateur de coachs et qui a souvent prôné la constance du staff technique, l'actuel exercice a vu le bon élève déroger à la règle et c'est déjà le début de la pente raide. Jamais, peut-être de mémoire d'inconditionnel du club minier, l'ESM n'a connu un parcours aussi tumultueux et fastidieux, et les dernières péripéties vécues par le club suscitent surtout réserve et retenue. En ce début de cette phase retour, le camp des Miniers a pris des airs sombres. Emportés par toute une ville, la plus importante du Bassin minier, le feeling est cassé entre une foule vouée à la cause du club et les responsables métlaouis. Lassitude et tristesse se mêlent dans la voix des tifosi qu'on a croisés à cause de ce mur insonore qui s'érige entre la base et l'équipe dirigeante et le spectre de refaire sa classe en seconde division hante les esprits. Déjà les mauvais élèves du genre existent tout près pour citer les deux voisins gafsiens et tozeurois. La suite du parcours va charrier un suspense certain à cause d'un siège peu confortable avec un maigre point qui le sépare du premier reléguable et une suite du calendrier que le plus audacieux des menacés ne souhaite avoir. Cependant, ce malaise —qu'on espère éphémère— peut constituer une progression féconde pourvu qu'une véritable politique de redressement soit mise en place car les potentialités à Métlaoui existent... Pour un club réputé pour être le moins consommateur de coachs et qui a souvent prôné la constance du staff technique, l'actuel exercice a vu le bon élève déroger à la règle et c'est déjà le début de la pente raide. En effet, après son accession en 2012-2013, la sagesse a prévalu en composant avec Chokri Khatoui qui a passé le témoin à Mohamed Kouki. C'était l'ère Boussairi-Boujlel, marquée d'une pierre blanche qui a vu l'élève assidu défrayer la chronique et bousculer les grosses cylindrées dans son fief. Pour sa 6e saison en Ligue 1, la vision commence à s'embuer. Déjà au cours de l'exercice écoulé, le club a failli connaître le purgatoire : le départ précipité de Ghazi Ghraïri, suppléé par Afouene Gharbi, a secoué l'Etoile de Métlaoui qui n'a retrouvé le sourire que dans les dernières journées. La reconduction de Gharbi a permis de revivre cette stabilité qui a fait son bonheur sauf que les faux pas et l'ingérence dans la gestion du groupe (...) ont contraint ce dernier à jeter l'éponge, et c'est de là que les fissures sont apparues sur fond de divergences et en l'absence de toute entente. Bref, après l'intermède Missaoui, Gharbi fut récupéré avec soulagement, lui qui connaît déjà la maison, même si ce come-back n'est pas du goût de certains (…). Dossier épineux et brûlant… Mais au fond, empressons-nous de dire que le vrai mal qui a fait gripper la machine est cette contrainte de vagabonder à travers les terrains pour offrir l'hospitalité à ses adversaires, de Tozeur à Redeyef en transitant par le green de Gafsa, même si on leur a refusé l'accès (?!). Un vrai casse-tête chinois qui a fait de l'ESM le «SDF» du championnat. Une (première) dans le football tunisien et qui dénote le dysfonctionnement d'un système lorsqu'un entrepreneur procède à la dépose du gazon et file à l'anglaise. Nous sommes en juin 2018 lorsque les travaux ont démarré avec la promesse de terminer le chantier en octobre 2018. En vain, le club fut jeté en pâture à cause d'un système qui a montré ses limites. Toutes les parties prenantes se sont dérobées à leurs devoirs : de l'entreprise chargée qui a exigé le transfert de ses honoraires à l'étranger pour payer le fournisseur espagnol du tapis, à la mairie de la ville qui s'est rétractée dans un premier temps pour reprendre le taureau par les cornes et opter pour le 2e entrepreneur ayant pris part à l'appel d'offres. Mais avec la lenteur des rouages administratifs, le dossier fera le même chemin dans le temps et dans l'espace. L'ESM risque de finir la suite du parcours loin de ses bases et, aux dernières nouvelles, l'éventualité se confirme… Décapités et désemparés, les tifosi métlaouiens ne savent plus à quel saint se vouer. Lassés de faire le déplacement au stade de Redeyef dont la capacité d'accueil s ‘est avérée trop réduite pour contenir la galerie bruyante de l'ESM, nous croyons savoir de source digne de foi que le bureau directeur compte frapper à la porte du stade de Dégache dans le gouvernorat de Tozeur pour évoluer lors de ses prochains matches at home. C'en est trop pour ce club qui vit grâce aux mannes de la CPG. Les difficultés financières ont ajouté leur grain de sel en plantant un décor morose dans les rangs des joueurs qui ont laissé entendre leurs voix à maintes reprises à travers des grèves répétées. Que dire donc de cette moitié de saison marquée par des chiffres loin d'être reluisants et qui ne présente guère un gage de sécurité pour pérenniser le séjour parmi l'élite, sinon que les fidèles du club se croisent les doigts et prient leur bonne étoile de ne pas les lâcher.