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Que faire des revenants des zones de conflits ?
Lutte contre le terrorisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 02 - 2019

L'incertitude qui règne autour du nombre de revenants et du traitement qui leur est réservé suscite des interrogations. Les autorités parlent d'un millier et la société civile de 1.500 qui représentent une menace réelle pour la sécurité du pays. Soumis à de fortes pressions, le gouvernement s'emploie à apporter des réponses appropriées à ce lancinant dossier des revenants en adaptant son arsenal juridique de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent aux standards internationaux
Après la défaite de l'organisation terroriste Daech en Syrie, des milliers de ses « combattants » se sont volatilisés dans la nature et vont tenter de rejoindre d'autres régions ou pays. Leur sort et « leur dispersion dans la région et au-delà sont un sujet d'inquiétude » pour tous les pays. Et même si «le «califat» physique a été détruit, Daech change de visage et se réorganise dans la clandestinité, bâtissant des réseaux avec d'autres groupes terroristes, y compris un réseau mondial», selon la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. Constat partagé par ses treize homologues de la coalition antijihadiste, réunis en marge de la conférence annuelle sur la sécurité, vendredi 15 février. De son côté, le président américain Donald Trump a lancé un avertissement aux pays européens pour rapatrier leurs « jihadistes » retenus en Syrie, sinon il serait obligé de les libérer.
Depuis sa création en 2014, l'Etat islamique, plus connu sous l'acronyme de Daech, a recruté plusieurs milliers de « combattants » venant de plus d'une centaine de pays. Déjà en octobre 2017, Joseph Dunford, le chef d'état-major de l'armée américaine, parlait de « 40.000 combattants étrangers issus de 120 pays différents » qui ont rallié Daech et dont « 19.000 ont été identifiés par Interpol ». Mais selon d'autres sources, irakiennes notamment, le nombre est beaucoup plus important et il est même évalué à plus de cent mille.
Incertitude autour des revenants
Cette débandade est devenue encore plus préoccupante pour les pays qui comptent des contingents plus ou moins importants au sein de l'organisation terroriste. Bien avant l'annonce de la défaite de Daech en Syrie, les autorités tunisiennes étaient déjà confrontées au problème épineux des revenants. Au cours des trois premières années d'après le 14 janvier 2011, des milliers de jeunes Tunisiens avaient été recrutés dans les rangs des organisations terroristes sévissant en Syrie et en Irak. Ils seraient, selon les Nations unies, quelque 5.500, répartis essentiellement entre la Syrie, l'Irak et la Libye. Le gouvernement tunisien, lui, avance le chiffre de 2.929. Chiffre confirmé, le 20 janvier, par Ridha Sfar, ancien ministre délégué à la Sécurité intérieure — et membre du parti Alternative de l'ex-chef du gouvernement Mehdi Jomaâ. Cela représente environ 10% de l'ensemble des combattants jihadistes. A son tour, s'exprimant dans le cadre d'une journée d'études organisée à Washington en décembre 2018 sur les raisons qui poussent des milliers de jeunes à partir « faire le jihad », l'ancien ambassadeur américain à Tunis Jacob Walles a évoqué sensiblement le même chiffre, évaluant à 2.900 le nombre de jeunes Tunisiens engagés dans des zones de conflits sous le gouvernement de la Troïka (2011-2014), jugé trop permissif à l'égard des salafistes de l'organisation Ansar Al-Charia, avant de la proclamer, en août 2013, « organisation terroriste ». Son chef, Abou Iyadh, à l'origine de l'assaut contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre 2012, a trouvé refuge en Libye en 2013 après avoir été exfiltré d'une mosquée de la capitale. Le diplomate américain, présent lors de l'attaque, a souligné lors de la journée d'étude que « l'amnistie générale décrétée en 2011 a permis de libérer plusieurs prisonniers politiques, dont d'anciens dangereux terroristes parmi lesquels Abou Iyadh. Dans le même temps, la réorganisation — voire parfois le démantèlement — d'une grande partie de l'appareil sécuritaire après le départ de Ben Ali a réduit la capacité de l'Etat à faire face à ce phénomène ». Le gouvernement avait, à cette époque, toléré les activités des salafistes, dont une branche qui se disait opposée à la lutte armée — tout en dénonçant le système démocratique et en prônant le retour au califat — s'était même donné une vitrine légale à travers le parti Ettahrir. Ce dernier continue encore aujourd'hui de narguer, par des démonstrations de force, le ministère de l'Intérieur et les forces de sécurité. Tout cela a favorisé l'émergence de groupes terroristes affiliés à Daech ou à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) auteurs des attentats sanglants de 2015 contre des touristes étrangers, au Bardo et à Sousse et d'opérations meurtrières ou d'embuscades contre des militaires et les forces de sécurité.
L'incertitude qui règne autour du nombre de revenants et du traitement qui leur est réservé suscite des interrogations. Ni les ministres de l'Intérieur successifs, ni leurs homologues de la Justice n'ont réussi à rassurer une opinion publique de plus en plus inquiète mais également divisée sur l'attitude à adopter à l'égard des revenants qui représentent une vraie menace pour la sécurité du pays. Le président de la commission nationale de lutte contre le terrorisme Mokhtar Ben Nasr parle d'un millier. Alors que les organisations de la société civile évaluent leur nombre à 1 500. Elles ont tenté de s'opposer à leur retour, appelant à les déchoir de leur nationalité. Interrogé sur cette question, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a déclaré que « le pays ne pourrait pas accueillir les présumés terroristes car les prisons sont surchargées ». Déclaration qui avait suscité une vive polémique en raison de sa non constitutionnalité. L'article 25 de la Loi fondamentale tunisienne est claire sur ce point : « Aucun citoyen ne peut être déchu de la nationalité tunisienne, ni être exilé ou extradé, ni empêché de revenir dans son pays. ». Âgés entre 20 et 35 ans, ils sont, pour la plupart, de simples exécutants. Seulement 25 % d'entre eux sont mariés, certains ayant emmené avec eux leurs épouses et parfois même leurs enfants. Selon un rapport de l'Institut tunisien des études stratégiques, ils sont « issus de quartiers populaires et ont une formation universitaire incomplète et la plupart d'entre eux avaient une faible connaissance de la religion avant d'adhérer aux groupes terroristes ». Ce qui a facilité leur recrutement... Certains d'entre eux n'ont participé à aucune opération armée et sont rentrés aussi discrètement qu'ils sont partis. Ce sont les déçus de Daech. Cueillis à leur retour par la police, ils ont été interrogés par le pôle judiciaire antiterroriste, puis relâchés et soumis à un contrôle administratif. Seulement 300, dont une trentaine de femmes, sont considérés comme dangereux et ont été incarcérés. Ce sont les plus radicalisés et les mieux entraînés au maniement des armes.
Les limites de la stratégie
Combien sont revenus clandestinement, notamment par la frontière libyenne, encore poreuse malgré les efforts de sécurisation ? Personne ne peut le dire, bien que les autorités soient en contact avec Interpol et Europol, ainsi que les services de renseignements algériens, turcs, français, allemands.
Pourtant, une stratégie nationale de lutte contre l'extrémisme et le terrorisme a été mise en place en juillet 2016. Elle s'articule autour de quatre piliers fondamentaux, à savoir la prévention, la protection, la poursuite et enfin la réponse. Mais la méthodologie utilisée tarde à produire des résultats probants. Dans un article publié en octobre 2018, le magazine américain Foreign Policy a montré les limites de cette stratégie fondée essentiellement sur l'approche sécuritaire. « Il est impératif, peut-on y lire, que les responsables politiques orientent leurs efforts contre la radicalisation par le biais de stratégies ciblées géographiquement et basées sur des données afin d'empêcher un futur exode de jeunes cherchant à rejoindre l'Etat islamique ou des groupes extrémistes dans d'autres régions sans loi ». L'article relève que « trop souvent, les interventions antiterroristes reposent sur des données insuffisantes pour déterminer avec précision les populations sur lesquelles se concentrer, ou sur des hypothèses non étayées par des preuves ». De son côté, le Conseil européen des relations internationales note « un manque de stratégie politique quant au processus de dé-radicalisation, de lutte contre la radicalisation et de gestion des jihadistes revenus de Syrie et d'Irak ».
La Tunisie, dont les moyens sont limités, compte beaucoup sur le soutien de l'Union européenne pour renforcer sa sécurité. Elle bénéficie, en matière de formation et de surveillance aérienne, d'une aide appréciable de la France et du Royaume-Uni, eux-mêmes confrontés au terrorisme. Tandis que l'Allemagne et les Etats-Unis apportent à la Tunisie un soutien substantiel sur le plan de la sécurité frontalière, mettant à sa disposition le matériel nécessaire à une large surveillance des frontières avec la Libye. À peine arrivé à Tunis, en janvier, le nouvel ambassadeur américain a déclaré que Washington et Tunis allaient travailler de concert pour enquêter sur ces revenants actifs et les traduire en justice.
Soumis à de fortes pressions, le gouvernement s'emploie à apporter des réponses appropriées à ce lancinant dossier des revenants en adaptant son arsenal juridique de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent aux standards internationaux. Une commission nationale de lutte contre le terrorisme a été mise en place. Elle travaille, avec des organismes onusiens et la société civile, à l'élaboration d'un plan d'action pour la prévention de l'extrémisme violent et la déradicalisation.


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