Par Kamel GHATTAS LA Fédération tunisienne de football ne pouvait que saisir au vol la perche tendue par la société organisatrice de cette fameuse « supercoupe ». La rencontre a été « renvoyée pour une date ultérieure » en raison de « questions de sécurité » d'après ce qui a été rapporté par les agences de presse. Une excuse comme une autre pour sauver la face et ne pas perdre sur tous les plans, car même si les règlements autorisaient le changement de l'un ou l'autre des deux adversaires, l'impact aurait pu être catastrophique pour l'organisateur qui tenait, qu'on le veuille ou non, deux équipes aux noms prestigieux et qui auraient assuré une très bonne recette. La vente des billets a fini par convaincre les organisateurs, que l'on s'acheminait vers l'impasse et qu'il valait mieux renvoyer cette rencontre qu'aller au-devant d'un fiasco. Cette providentielle porte de sortie a permis d'éviter bien des tracas futurs à cette fédération qui a foncé tête baissée dans une impasse qu'elle a elle-même créée de toute pièce. Le commun des mortels dans ce pays savait que les arbitres désignés avaient eu des précédents avec une des parties en présence. Comment et pourquoi est-on allé au-devant de ces contestations auxquelle tout le monde s'attendait ? Est-ce une bravade de plus de la part de cette fédération qui a eu des antécédents avec d'autres clubs et qui a inutilement allumé des mèches qui n'ont fait qu'empoisonner l'atmosphère des différentes compétitions. La fédération aurait dû prendre toutes les précautions afin d'éviter les éventuelles complications et faire dérouler cette rencontre dans les meilleures conditions, surtout qu'elle allait se jouer dans un pays étranger et que le prestige du football tunisien était en jeu ? Allez savoir et allez prévoir ce qui se passera ensuite dans les coulisses pour deviner qu'elles seront les futures réactions de la FTF, en réponse à ce soufflet qui lui a été infligé en raison de son manque de prudence. Pour ne pas dire entêtement. Il n'est nullement question de soutenir qu'une fédération doit absolument se plier aux desiderata d'une équipe quelle qu'elle soit. Mais la sagesse dictait tout d'abord un minimum de précautions sà prendre afin que les deux parties réagissent positivement et qu'ensuite on évite ces polémiques stériles et inutiles. Il ne faudrait pas être grand clerc, pour discerner ce qui attend ceux qui ont osé se rebeller contre ce qu'une des deux parties a considéré comme une « injustice » et qui a mis à mal l'autorité fédérale. Il n'en demeure pas moins que l'autorité ne s'applique pas à des considérations de principe et que la logique tout aussi bien que la bonne gouvernance dictent dans ce genre de cas. Certes, c'est la commission d'arbitrage qui a procédé à la désignation, mais c'est en fin de compte une désignation qui a eu l'aval de la partie fédérale. Une rencontre entre deux équipes tunisiennes à l'étranger, arbitrée par un arbitre tunisien, cela aurait pu être positif. Mais avec les problèmes que vit notre arbitrage, le choix était bien limité. La preuve, c'est que pour les rencontres « délicates », on a eu recours ces derniers temps à des arbitres maghrébins. Un arbitre du pays organisateur aurait pu faire l'affaire et mettre un terme à toutes éventuelles contestations. Cela suppose des développements futurs, entre les deux parties, car, tel que nous l'avions toujours relevé, pareilles réactions ne sont jamais restées sans réponses et les deux parties qui ont pourtant bien travaillé sur le dossier des sanctions de la Fifa seront-elles contraintes dorénavant de se regarder en chiens de faïence ? Ce couac est donc préjudiciable à plus d'un titre, et c'est franchement la fédération qui en est pleinement responsable, car elle aurait dû tenir compte de la réaction de l'une ou l'autre des deux parties en cause. Gouverner c'est prévoir, dit-on. La fédération n'a pas accordé de l'intérêt à ce qui allait advenir d'un choix malvenu et qui sentait la poudre. Avec cette nouvelle « affaire », la fédération se retrouve face à la grogne de l'Etoile Sportive du Sahel et le dossier présenté à la Fifa et dont personne n'a plus entendu parler, les remontrances du Club Sportif Sfaxien qui n'arrête pas, depuis des semaines et même depuis la saison dernière, de crier au scandale et maintenant le Club Africain qui rue dans les brancards avec cette désignation malvenue et que l'on pouvait éviter. Les responsables de ce choix, qui ont soutenu mordicus qu'elle ne sera jamais remaniée, sont bel et bien dans de beaux draps. L'image du football tunisien l'est davantage !