Par Kamel GHATTAS Tout le monde en a parlé. Toutes les parties prenantes sont montées au créneau pour essayer de se défendre ou… de se disculper. Des «documents» sont brandis à tour de bras. Qu'y a-t-il de vrai, qu'y-a-t-il de faux ? Quel est donc ce détail, qui jusque-là échappe à tout le monde et dans lequel se cache le diable ? Les documents ? Tout en nous refusant de remettre en cause quoi que ce soit et qui que ce soit, tout le monde sait que par les temps qui courent, il est facile pour une partie mise en cause d'en disposer. Ce n'est pas parce qu'une société existe depuis des années qu'elle est supposée en pleine activité, qu'elle dispose d'un CV qui se respecte (digne d'une supercoupe, entre deux équipes centenaires, qui allait faire la joie de millions de personnes directement ou par télévision interposée) et qu'elle est clean à tous les points de vue. Et cette histoire de «sécurité» qu'on évoque dans un pays appelé à organiser une coupe du Monde, comment la comprendre! Nul ne le sait et encore moins ceux qui assistent à ces duels par plateaux interposés et qui, en fin de compte, sont bien obligés de croire ce que leurs oreilles entendent. Pas plus. Les hommes de loi ont fait étalage de leur savoir-faire pour soutenir l'un ou l'autre des protagonistes et chacun y est allé de sa démonstration. Mais…personne n'a rien compris. Tout simplement parce que la fédération a tout mis en place, sans avoir au préalable discuté avec les principaux intéressés. C'est le réflexe de celui qui se sent au-dessus de tout et de tous et qui se permet de prendre des décisions en leur nom. Certes, il s'agissait pour la partie fédérale, toujours inquiète de se retrouver sans moyens pour réaliser son programme d'action, d'explorer différentes filières pour renflouer la trésorerie de sa fédération. Une trésorerie qui ne voudrait pas retomber dans la situation peu enviable qui avait prévalu durant des années, faute de subventions de fonctionnement conséquente, provenant d'une tutelle elle-même en plein marasme. La fédération a réussi à payer ses dettes, est en train de construire son hôtel, son centre médico-sportif et… se permet de venir au secours de quelques-uns de ses adhérents en crise. N'était ce cheveu sur la soupe (l'apparition d'un nouveau prétendant qui promet de «dévoiler» tout un dossier de manipulation), cet activisme de la FTF est à prendre en exemple par les autres fédérations qui ne bougent pas assez pour renflouer leurs caisses et qui se suffisent de crier misère, dans l'attente des subsides du ministère. Cette «supercoupe», qu'on avait oubliée depuis des années est déterrée de l'oubli. Elle en a donc fourni l'occasion. Jusque-là nous avons tout compris. Aussi bien l'idée que l'initiative sont louables. La fédération, donc bien obligée d'être constamment sur la brèche pour pouvoir disposer de moyens conséquents, à même de lui permettre d'assurer la préparation des différentes sélections, a foncé pour concrétiser cette idée, tout en assurant un tout petit magot aux participants. Mais sa façon d'agir en faisant cavalier seul, tout en procédant à la désignation d'un arbitre, qu'elle savait pertinemment qu'il allait être contesté, par au moins une des deux parties, est pour le moins qu'on puisse dire assez indélicate. Le fait de vouloir confirmer son choix en dépit de tout a braqué les Clubistes qui se sentaient l'objet d'un traquenard. Et nous connaissons la suite. Parce que tout simplement, que se serait-il passé si le Club Africain n'avait pas demandé le changement de l'arbitre ? On aurait joué. Et ce que révélera peut-être l'enquête en cours (si le dossier n'est pas enterré pour une raison ou une autre) interviendra après coup. Au terme de cet épisode malheureux, avec des vis-à-vis qui auraient mieux fait de s'écouter et de s'entendre, au lieu d'aller au -devant d'un bras de fer dont on aurait pu se passer, il est difficile d'être convaincu par le bien-fondé de toute cette affaire. Cette «supercoupe», après ce tourbillon qui risque d'emporter toutes les parties prenantes dans ses replis, ne sera plus jamais la même. Elle allait mettre en présence, par une heureuse coïncidence, une équipe centenaire avec son dauphin. Un très beau signe de l'histoire qui aurait permis de revenir sur un pan de l'histoire de notre sport. Encore une fois, en l'absence de poigne, de rigueur, de véritable politique, notre sport s'est avéré bien frileux.