L'ancienne gloire du Club Africain Mohamed Hédi Bayari, seul footballeur à avoir remporté trois fois le titre du meilleur buteur du championnat de Tunisie et meilleur buteur de l'histoire du club de Bab Djédid avec 110 buts en championnat et 17 buts en coupe de Tunisie a allié la technique à la puissance et dont sa capacité d'adaptation aux différentes situations offensives apportait à l'équipe clubiste une valeur ajoutée indiscutable. Hédi Bayari a laissé l'image de baroudeur et de chasseur de but. Il a été, également, un très bon remiseur qui s'est bonifié avec l'expérience et qui a su se maintenir au sein du grand Club Africain, malgré la menace de la concurrence de ses coéquipiers. Son ascension se poursuivit avec une belle régularité, sans autoriser autant de grandes ambitions. L'ex-buteur clubiste incarnait le football rationnel et efficace. Avec son entraîneur fétiche, André Nagy, il est devenu le maître à jouer du Club Africain. Doté d'un jeu spectaculaire et simple à la fois, Bayari, était l'anti-star par excellence. «Tous ces préceptes, je les ai acquis dès mes premières classes à l'ASAriana en côtoyant des entraîneurs chevronnés et dévoués, tels que Skander Medelgi et Slah Guiza. Grâce à cette formation rigoureuse et efficace, j'ai pu aller loin par la suite du CA et en équipe nationale. Vous savez, mon enfance a été bercée par les matches de quartier en compagnie de Tarek Dhiab et après avec l'ex-buteur du ST, Rakbaoui. Après quelques années, j'ai rêvé d'opter pour un club structuré et ambitieux et ce fut le CA à l'exemple de Taoufik Belghith. Il ne faut pas oublier que le souk El Qdim de l'Ariana a fait sortir des joueurs de grande qualité et qui ont fait le bonheur des grands clubs. J'ai débarqué en 1972-1973 au Club Africain. J'ai découvert une autre culture sportive et une autre manière de jouer. Celle de la gagne. Il ne faut pas oublier que le CA a dominé la compétition en remportant le doublé à la fin de la saison. Pendant cette période, on en parlait toujours alors que mon objectif était de remplacer à terme l'inimitable Abderrahman Nasri. Quel challenge ce fut lorsque l'entraîneur Ameur Hizem m'a offert ma première chance de jouer en équipe seniors à l'occasion d'un match de coupe contre le CSHL. On a gagné par un large score de 5 à 0. J'ai marqué des points et je devins un atout indiscutable pour Hizem qui a misé sur les jeunes. Après à Mahdia, face à l'EMM, on a gagné par 2 à 1 et j'ai marqué les deux buts. J'étais dans les nuages. A 20 ans, j'ai joué mon premier derby en mi-novembre 1975. J'ai croisé mon ami et frère d'enfance Tarek Dhiab. On gagne grâce à Hassen Bayou, un attaquant qui ne pardonne pas. Un scénario identique se reproduit au match retour, mais l'EST conserve son titre national», a souligné le légendaire buteur clubiste Mohamed Hédi Bayari. Pendant cette période, le CA était dans une phase charnière. Pas de conflit de générations, mais une évolution dans la continuité. «Après le départ de Belguith pour l'Arabie saoudite, j'ai pris mes responsabilités comme meneur de jeu, aux côtés de Gommidh, Ridha Boushih, Metoui et la nouvelle vague. Bon gré mal gré, on est devenu le Poulidor du football tunisien. Toujours compétitif, présent mais pas toujours en raison du CSS composé de Dhouib, Akid et Agrebi. Il était difficile de rivaliser avec cette équipe sfaxienne. «Le geste de trop, pas pour moi» Pour un attaquant ou un milieu de terrain, il faut garder la tête froide à un moment précis. Pour cela, il ne faut pas s'enflammer, cette résonance est d'autant particulière dans un contexte de face-à-face avec le but. Le geste de trop, pas pour moi, non merci. Il fallait rester humble, et ne jamais se montrer excentrique. Ma plus grande satisfaction au Club Africain n'est pas seulement d'avoir remporté trois fois le titre de meilleur buteur du championnat de Tunisie ni d'être jusqu'à ce jour le meilleur buteur de l'histoire du CA avec 110 buts en championnat et 17 buts en Coupe de Tunisie, je crois c'était en 1978-1979, car c'est là que mon jeu a pris tout son sens grâce à un grand entraîneur, André Nagy. Le football est un sport collectif. Quand l'équipe est couronnée, tout le groupe est impliqué. Ce qui n'est pas le cas d'une simple consécration individuelle qui ne déteint pas sur tout le club. Cette année-là, j'avais tout de même terminé meilleur buteur avec aussi le soulier d'or. C'était une époque bénie, mais avec un goût d'inachevé en 1983 et en 1984. Pourquoi ? Parce ce que le CA jouait pour le titre, atteignait les finales sans pourtant être sacré ou brandir Dame coupe», a encore précisé Hédi Bayari, qui est toujours dans sa vraie dimension sportive. Il se sent dépositaire de l'esprit Nagy. Ses camarades et lui devaient, toutefois, gagner deux fois le derby face à l'EST, mais sans toutefois remporter le titre national. «Après quelques années passées au CA, j'ai décidé d'opter pour Ittihed Dubaï en 1981. J'ai fini meilleur buteur avec 11 buts, mais j'ai décidé de retourner au CA et de rivaliser avec les derbys qui n'avaient pas pris une ride. Jouer contre les «Sang et Or» a été toujours un plaisir et un privilège pour moi. J'ai retrouvé le cadre approprié à mon épanouissement», a encore souligné l'ex-gloire du CA. A titre personnel, le derby avait été toujours un tournant pour Mohamed Hédi Bayari qui estime que : «En effet, en 1978, je marque et gagne le derby. Le sélectionneur national, Ameur Hizem, me convoque en sélection. Mais mes prestations n'étaient pas conformes à mes qualités. Je participe aux qualifications pour la CAN 1982 face au Sénégal, mais je n'ai pas été retenu à la phase finale. L'année d'après, en 1983, je réalise trois buts face au Rwanda aux éliminatoires de la CAN 1984. Ce fut pour moi un record du genre, puisque je devenais le troisième joueur à réaliser une telle performance en match officiel après le Cotiste Mohieddine Habita et feu Mohamed Ali Akid. Mais j'aurais pu faire mieux en sélection. J'ai marqué neuf buts entre 1979 et 1983», a conclu Mohamed Hédi Bayari. Vers la fin de 1989, le buteur patenté du CA a tenté une nouvelle expérience à Oman au club Essouk. «Ce fut une expérience enrichissante pour moi. Après avoir pris ma retraite en tant que footballeur, j'ai enfilé la casquette du sélectionneur national de futsal, avant de reprendre la casquette de dirigeant au Club Africain. Je ne suis pas près de m'éloigner des terrains de football. J'ai remporté tout de même le titre national trois fois (1979-1980-1990), une Coupe de Tunisie (1976) et la supercoupe en 1979», a ainsi relaté Bayari dans son historique avec son club de toujours, le Club Africain.