Dans le bassin minier, les réserves que recèle le sol permettent une autonomie pour de nombreuses années encore, mais c'est l'après-phosphate ou plutôt le sans-phosphate qui suscite les craintes en l'absence d'une stratégie d'emploi pour absorber un tant soit peu le chômage qui frappe la région de plein fouet. Il n'y a pas de quoi jubiler… La CPG, au centre d'une vive polémique depuis la révolution, pourra-t-elle poursuivre son rôle de principal employeur dans le bassin minier ? Et de là, plusieurs autres questions viennent à l'esprit: les décideurs ont-ils prévu de nouvelles perspectives en matière d'emploi? Qu'a-t-on préparé aux nouveaux diplômés de l'enseignement supérieur dont le nombre connaît une expansion d'une année à l'autre ? Un feed-back sur la période pré-révolution laisse dégager un taux d'employabilité dans le secteur minier de 80% de la population. Un constat qui renseigne sur la place prépondérante qu'occupe le trust sur l'échiquier de l'emploi. La création du PCG (pôle de compétitivité de Gafsa) avait suscité dans le temps beaucoup d'espoir quant au développement de l'activité industrielle qui offre une issue de secours à la crise de l'emploi qui sévit dans la région donnant du fil à retordre aux responsables régionaux. D'ailleurs, c'est le mal qui ronge le gouvernorat depuis des décennies.Aussi, la création des PME s'impose-t-elle comme un passage incontournable pour booster une employabilité évoluant à pas de fourmi. Or, si les chiffres n'engagent que ceux qui en font une religion, force est d'admettre que ceux se rapportant au fléau du chômage constituent une bombe à retardement. Février 2018, le chiffre donne des frissons : 43.260 chômeurs sont recensés dans ces contrées alors que vers la fin de l'année 2010 ils n'étaient que 13.343 demandeurs d'emploi. Cette explosion du chiffre des chômeurs s'explique, entre autres, par l'injection annuelle de milliers de diplômés de l'enseignement supérieur. Dans d'autres pays qui ont trouvé la potion magique, les TIC, sous leurs multiples facettes, se présentent comme les seules à pouvoir absorber ce flux de diplômés demandeurs d'emploi. Booster l'emploi dans la région : Une stratégie qui fait défaut Dans ce sens, faut-il rappeler que la région de Gafsa dispose d'un cyber-parc avec un programme ambitieux et une infrastructure de télécommunications performante, au moment où un grand fabriquant étranger a décidé d'externaliser ses activités financières au Maroc et en Turquie ? Alors, la qualité requise n'existe-elle pas ? Non, c'est plutôt la stratégie à adopter pour booster ce secteur qui fait défaut. La région de Gafsa possède toutes les qualités pour séduire les récalcitrants. Le campus universitaire, associé au PCG, offre le cadre idoine au télétravail et l'offshore destiné aux administrations locales. En 2012, le PCG a paraphé un accord avec une banque d'affaires pour une étude de faisabilité technico-commerciale qui engage le pôle à aménager le bâtiment nécessaire.Déjà, le PCG dispose de trois espaces dotés de normes internationales pouvant générer 1.500 postes d'emploi. Alors qu'est-ce qui se passe, où se situe le blocage qui empêche de voir le bout du tunnel pour booster le secteur de l'emploi qui s'est essoufflé dans cette région alors qu'elle regorge de richesses ? Absence de clairvoyance et d'une vision à long terme Explicitement, c'est au niveau du secteur minier que les gouvernements, qui se sont succédé, ont péché par manque de clairvoyance et de perspicacité avec une vision à portée réduite. Les retombées ne se sont pas fait attendre, et c'est ce qui explique les agitations sociales qui sont devenues un rituel depuis le 14 janvier. La Compagnie des Phosphates de Gafsa, qui a toujours été la solution pour résoudre la crise du chômage, est devenue le problème, aujourd'hui. Et si nous nous référons à cette logique qui veut qu'un problème mal posé soit un problème sans solution, c'est le cas de ce lien ombilical CPG-emploi. La création de la société de jardinage et de l ‘environnement, décidée pour résoudre la crise du chômage, n'a pas eu l'effet d'une baguette magique surtout que la société mère passe par une phase très difficile. Aujourd'hui, on comptabilise 12.800 agents (7.800 à la CPG et 500 au GCT tunisien ) dont le rendement laisse à désirer d'autant plus que le contrôle administratif fait défaut : c'est le calmant qui a accentué le mal avec cette masse salariale qui a alourdi les finances du trust. Pire encore : la région n'attire plus les investisseurs étrangers. Les 12 sociétés étrangères qui s'y sont installées enregistrent un rendement et un taux d'employabilité loin de faire se frotter les mains. Le projet du consortium européen Protun aurait pu constituer une manne du ciel mais les obstacles sont nombreux alimentées par l'inertie ambiante….