Par Kamel GHATTAS Nous revenons encore une fois au problème que pose l'infrastructure sportive. Après le triste drame qui nous est parvenu de Kairouan où des dizaines de victimes ont été enregistrées à la suite de l'effondrement d'un mur ( ?!), nous avons eu l'incommensurable joie d'enregistrer la «réouverture» de la salle de sport d'Ettayarane après… sept années de fermeture. Nous vous laissons le soin de calculer ce que cette installation sportive aurait pu accueillir et former comme jeunes, dans une zone qui en fourmille. Ce qu'elle a provoqué comme colère et déception est inestimable parmi des jeunes et moins jeunes qui en voudront à jamais à ceux qui veillent sur ces installations sportives, dont le rôle pédagogique est énorme et dont l'impact est une évidence que seuls les inconscients négligent. La salle de Kairouan qui a été inaugurée en 1995, et dont les travaux ont duré pas moins de cinq ans, a été à l'origine de l'expansion des sports de salle dans toute la région. Elle a été construite sur un terrain qui était utilisé comme décharge. Personne ne sait comment le sol a été consolidé et s'il l'a été vraiment. Elle a connu de nombreux problèmes au niveau des sanitaires, souffert des infiltrations d'eau préjudiciables pour la construction elle-même, et a été fermée à pas moins de six reprises. Le dernier incident a été provoqué par l'écroulement d'un mur construit sans piliers ! On n'a pas idée de la gravité de cet incident bête comme tous les accidents d'ailleurs et qui a pour origine la bêtise humaine et l'absence de scrupules de celui qui a, sans vergogne, laissé construire un mur de séparation sans piliers, appelé à subir la pression du public. Il faudrait être un fou à lier pour le faire. Nous ignorons encore les suites de «l'enquête» promise. Nous voudrions le savoir, non pas par curiosité, mais pour que les futurs constructeurs de salles et autres installations sportives sachent ce que cela coûte d'aller au-devant de ce genre de négligences. La piscine de l'Ecole de formation des cadres de Kassar Said est, elle, encore en plein coma. La ministre de la Jeunesse et des Sports lui a bien rendu visite et fait des promesses pour remettre à niveau cette prestigieuse Ecole de cadres. Les photos publiées, les promesses enregistrées, rien de nouveau n'a filtré. Tout semble être resté au point mort. Le Stade Zouiten qu'on a promis de remettre à flot «le plus rapidement possible» avec l'aide de la FTF. On attend encore. La «décision» prise pour qu'il n'y ait plus de désignations sur les terrains qui ne répondent pas aux conditions d'homologation est une honte. Pourquoi et comment a-t-on désigné des rencontres sur ces installations si elles étaient en infraction ? Du n'importe quoi et on se demande comment le drame de Kairouan a eu lieu ! La liste risque d'être longue. Elle prouve, si besoin est, que les promesses valent ce qu'elles valent, c'est-à-dire rien du tout, au mieux, qu'elles mettent du temps pour être concrétisées. En attendant, le temps court et nous perdons l'occasion de reprendre en main une jeunesse qui perd, au fur et à mesure, le réflexe de ranger son équipement sportif dans un sac pour rejoindre la salle de sport ou le terrain le plus proche. Des générations et des générations de jeunes de ce pays ont eu ce réflexe. Elles ont formé le socle de ce qu'est le sport national. Dans l'état actuel des choses, tout va en poussière et c'est le règne des cafés et des coins sombres dans les villes et villages, aux jeux de cartes et autres activités pour le moins qu'on puisse dire inavouables. Sommes-nous les seuls à le constater ? Le domaine sportif n'est pas le seul où il n'y a aucun suivi pour contrôler et rendre compte des décisions prises. Tout se fait, lorsqu'on s'y met, à un rythme complètement hors du temps. Sept ans pour remettre en état une salle, des entrepreneurs qui ne cherchent que le gain facile, des responsables qui n'ont rien compris à leurs responsabilités vis-à-vis de cette jeunesse qui s'éloigne tous les jours un peu plus de leurs gesticulations, tout juste bonnes pour les quelques séquences à l'adresse de la TV et des stations radio. Où allons-nous ?