Son nom vous dit-il quelque chose? Pour les jeunes d'aujourd'hui, peut-être pas. Mais pour les anciens footballeurs, ceux des années 70, il fut un joueur racé qui a côtoyé les grands noms de l'époque. Resté dans l'anonymat en dépit d'un riche curriculum vitae, M'hamed Jouirou a été projeté sous les feux de la rampe par un concours de circonstances. A 61 ans, il entame une carrière d'entraîneur à l'ASG. Ne dit-on pas qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire… Vous avez certainement un vécu de footballeur. Pouvons-nous en savoir davantage? J'ai débuté sous les couleurs de l'USMonastir, mon club de toujours, en 1966-1977, dans la catégorie des juniors. Puis, j'ai intégré les rangs des seniors de 1969 à 1973. J'avais pour coéquipiers Mahfoudh Benzarti, Moncef Tabka, Nouri Hlila et Nouri Besbès, entre autres. J'étais à l'époque international universitaire aux côtés de Abdelmajid Gobantini, Néjib Limam, Youssef Jerbi et Mohieddine Hbita. Notre entraîneur était Ameur Hizem. Puis ce fut la reconversion. Vous avez choisi le métier d'entraîneur. De quelle école êtes-vous issu? De l'école russe de l'époque, ukrainienne actuelle, où j'ai poursuivi mes études supérieures et obtenu une maîtrise puis un doctorat en sciences de l'éducation spécialité football. C'était en 1980. Vous avez ensuite embrassé une nouvelle carrière. Quelles en sont les étapes? J'ai débuté par la sélection régionale du Centre-Est en 1982. Ensuite, j'ai entraîné la majorité des équipes de la région de Monastir. J'ai occupé aussi à trois reprises la direction technique de l'USMonastir. J'ai également été préparateur physique du même club en 1998, 2006 et 2008. En parallèle, j'étais instructeur auprès de la Fédération tunisienne de football. J'ai eu sous ma coupe Nabil Maâloul, Tarek Thabet, Kaïs Yaâcoubi, Sami Trabelsi, les frères Sellimi et tant d'autres jeunes entraîneurs. Avec un curriculum vitae aussi riche, pourquoi n'avoir pas pensé à entraîner un grand club? Je suis un homme réservé. C'est mon tempérament. Et puis personne ne m'a réclamé. Je me suis par conséquent contenté de mon rôle de formateur et de pédagogue. Sur les conseils d'un ami Comment avez-vous alors atterri à Gabès? Par un concours de circonstances et à la suite des conseils d'un ami. C'est de cette façon que j'ai été recruté par l'Avenir Sportif de Gabès. N'étant pas matérialiste, j'ai aussitôt entamé mes fonctions en tant que directeur technique des jeunes sans savoir combien je toucherai. C'était le 2 octobre dernier. Il vous a suffi de peu de temps pour prendre les rênes de l'équipe première. Comment cela s'est-il passé? C'est le secrétaire général du club qui m'a contacté et m'a fait la proposition d'entraîner l'équipe senior après le départ de Taoufik Zaâboub. C'est véritablement un défi. Comment l'avez-vous accepté ? Sincèrement, sans trop réfléchir. Ma seule idée était de servir le club et de lui rendre service. Parachuté en quelque sorte à la tête de l'équipe fanion, en Ligue 1 de surcroît, n'est pas une mince affaire . Vous y serez pour combien de temps? Pour un premier temps, j'ai reçu l'assurance d'être l'entraîneur de l'équipe jusqu'à la fin de la saison. J'ai d'ailleurs signé un contrat dans ce sens. Vous avez entamé votre aventure par une victoire en Coupe de Tunisie face au COT. Rassurant pour une entrée en matière… Certainement. Le match était mon baptême du feu. J'ai réussi à m'en sortir dans les meilleures conditions, bien que l'ASG fût mené au score. Mes joueurs ont su par la suite renverser la vapeur. Puis il y a la défaite infligée au leader. Une première sans doute… Je n'oublierai jamais cette victoire, puisque ce fut la première défaite de l'Espérance Sportive de Tunis en championnat depuis longtemps. Ce succès est historique pour l'ASG. Entamer votre aventure en championnat face au leader n'était pas une sinécure… Je ne vous cache pas que j'avais le trac, mais j'étais très concentré. J'ai mis mes joueurs en confiance et j'ai surtout axé mon approche sur le travail mental. Ça a marché et j'en suis heureux. L'effectif actuel vous satisfait-il ? Le groupe est homogène. Mais des renforts s'imposent. Je souhaite que les responsables envisagent de recruter un bon défenseur axial, un milieu du terrain et un attaquant supplémentaire. Aujourd'hui, vous avez certainement de nouvelles ambitions. Lesquelles ? Mon ambition est de voir l'ASG se maintenir en Ligue 1. Avec notre collectif et un nouvel état d'esprit, nous pourrons arriver à bon port. D'autant que l'aventure me transcende.