Les anciennes gloires de l'Avenir se mobilisent pour prêter main-forte au club Des années durant, ils ont été relégués aux oubliettes. Pourtant, ils ont fait les beaux jours de l'Avenir. De leur temps, l'ASM rivalisait avec les grands de la place. Une fois leur carrière terminée, ils ont été relégués au placard de l'histoire et l'Avenir avec. Le vent de la révolution a dépoussiéré le placard et venu rétablir l'histoire avec pour nouveau-né l'amicale des anciens joueurs. Quel rôle? Devra-t-elle se contenter de s'enquérir uniquement des conditions sociales de ses membres et ces derniers ont-ils un rôle à jouer dans la vie du club ? Que peuvent faire les anciennes gloires comme Derouiche ou Douiri pour l'ASM et que peut faire l'ASM pour eux ? Nous avons posé ces questions à quatre anciens joueurs : Hédi Douiri, Ferjani Derouiche et les frères Abderrazek et Taher Aniba. Quelle modestie lorsqu'on les interroge sur leurs carrières et quelle amertume lorsqu'ils évoquent l'oubli dont ils ont souffert depuis qu'ils ont raccroché! Dialogue avec des grands. Hédi Douiri :«L'encadrement des jeunes» Il est un monument vivant du football tunisien. Tout au long de sa carrière, il n'a endossé que deux maillots : ceux de l'ASM et de l'équipe nationale. En 1960, il intègre les seniors de l'Avenir et durant la même année, André Gérard le retient en équipe nationale. Hédi Douiri a terminé sa carrière en 1971 capitaine d'équipe à l'ASM et en sélection. « Je me souviens de mon premier match en équipe nationale. C'était un test amical contre Saint-Etienne. Durant ma carrière, j'ai occupé plusieurs postes : arrières droit et gauche, défenseur central, demi droit et milieu offensif. Lors de la saison 1961-1962, j'ai remporté la Coupe arabe avec l'équipe de Tunisie. Durant la même saison, nous étions finalistes des Jeux de l'amitié à Dakar. En 1962, j'ai remporté la Coupe de Tunisie avec l'ASM en battant le Stade Tunisien par trois buts à zéro», se souvient Hédi Douiri. Notre interlocuteur a mal vécu l'oubli : «Je ne comprends pas pourquoi à l'Avenir, on oublie le joueur une fois sa carrière terminée. Je remercie le bon Dieu pour m'avoir permis de vivre dignement. Car même pour un coup de main, le club pour qui nous avons tant donné n'a pas été là pour nous soutenir. J'ai subi trois opérations aux pieds et aucun soutien. Même moral», confie avec amertume l'ancienne gloire des années soixante. Hédi Douiri n'est pas très enthousiaste quant au rôle réel que pourrait jouer l'amicale des anciens: «L'amicale regroupe plusieurs générations. Chacune d'elles a sa propre conception des choses. Je crains les conflits de générations. Et puis cette amicale ne peut pas fonctionner efficacement si elle est sous la tutelle du bureau directeur. Il faut qu'elle soit indépendante. Elle pourrait s'occuper de l'encadrement des jeunes joueurs. Les anciens peuvent jouer le rôle d'éducateur et de formateur et s'occuper même de la vie sociale des jeunes, de leurs études et leur prodiguer des conseils afin qu'ils puissent progresser et surtout se former sur des bases solides», indique-t-il. Ferjani Derouiche: «Aider par amour du club» Seul Attouga était plus grand que lui. Ferjani Derouiche a fait toute sa carrière à l'ASM, de 1958 à 1977. Il a fait partie de la belle époque durant laquelle le football tunisien a connu de grands gardiens, à l'instar d'Attouga, Kanoun, Tabka, Abdallah et du défunt Assila. Il y avait de la concurrence pour ce poste, notamment en équipe nationale. Il est même arrivé qu'ils soient cinq gardiens en sélection. Une fois sa carrière de joueur terminée, il s'est reconverti en entraîneur. Il a eu sous la main les Bédoui, Gasri et Ferjaoui. Ferjani Derouiche estime que : «Je ne suis pas le seul gardien que l'ASM a oublié. Il y a également Mokhtar Chelbi et Saleh Farhat entre autres. Même à l'occasion de l'assemblée du club, on ne prend même pas la peine de nous inviter», regrette Derouiche. Le portier marsois des années soixante et soixante-dix ne comprend pas pourquoi on évite de faire appel aux anciens : «J'ai l'impression qu'on nous craint parce qu'on comprend le football. Pourtant, les anciens joueurs peuvent être utiles en matière de recrutement et de formation. Nous pouvons être présents à titre consultatif. Pas forcément en tant qu'entraîneur ou dirigeant. J'ai ramené à l'ASM Rami Jéridi et Bilel Souissi. On ne les a pas retenus. J'entraîne les jeunes de l'Espérance. Je peux ramener un jeune talent dont on n'a pas besoin à l'EST. En tant qu'anciens, nous pouvons même aider dans la logistique de l'hébergement et du transport lors des déplacements des équipes. Nous sommes prêts à aider en faisant n'importe quelle tâche par amour du club», confie Derouiche. Taher Aniba : «Un rôle consultatif» Taher Aniba a fait carrière à l'Avenir de 1963 à 1977. Il y a joué de l'école aux seniors. Il résume sa carrière à trois finales de Coupe de Tunisie perdues : deux contre le CA et une face au ST. «A notre époque, nous jouions pour le plaisir. Notre objectif était d'offrir du spectacle à ceux qui nous regardaient sur les gradins». C'est en ces termes que Taher Aniba résume sa carrière de grand joueur. Quant à l'apport des anciens, le grand Aniba estime que «nous devons faire profiter de notre savoir- faire et notre expérience au club. Si le prochain bureau le veut bien, on peut constituer une commission de recrutement composée de certains membres de l'amicale. Son rôle sera consultatif. Nous ne pouvons pas aider le club financièrement, mais nous sommes prêts à tous les niveaux. Il suffit de nous le demander. Nous pouvons contribuer également à la formation des jeunes», déclare Taher Aniba. Abderrazek Aniba: «S'enquérir des conditions sociales» Il a fait carrière de 1972 à 1981 chez les seniors de l'ASM. Il résume sa carrière en une phrase : «La rage de vaincre nous animait à chaque fois que nous foulions la pelouse. C'était notre devise», déclare Abderrazek Aniba. Le coéquipier de Saleh Bourouba, Ezzeddine Ben Abdallah et plein d'autres occupe le poste de secrétaire général de l'Amicale : «Notre rôle principal est de nous enquérir des conditions sociales des membres. Nous devons réunir les anciens joueurs, prendre de leurs nouvelles et les aider le cas échéant. Si le prochain bureau directeur veut nous consulter en matière de formation et de recrutement, nous lui prêterons main-forte», affirme Abderrazek Aniba. Bref, les anciens joueurs de l'ASM n'aspirent qu'à aider le club à retrouver ses galons d'antan. Mais le plus important à leurs yeux, c'est qu'on ne les jette pas aux oubliettes.