Forte de son statut de locomotive depuis trois saisons, l'Espérance est toujours aussi pimpante et fringante... Un rapide regard sur le parcours " versus " de l'Espérance (version 2009-2010 par rapport à celui qu'il a précédé cette année) nous enseigne que le doyen des clubs tunisiens a discipliné son jeu et canalisé ses efforts pour à terme atteindre les buts tracés sans forcément être spectaculaire. L'EST de l'exercice précédent a bouclé la phase aller en véritable " grimpeur " arborant le fameux maillot à pois. Et pour cause, si en fin de 13e journée de la phase aller, le club de Bab Souika ne devançait son rival Clubiste que de deux points, il a tout de même affolé les compteurs avec 36 réalisations et seulement 11 buts encaissés! Il arrivait même à l'Espérance, animée d'une certaine insolence, de filer sept buts à un adversaire dans un même match (l'ESZ), alors que son poursuivant immédiat peinait à atteindre ce ratio pour tous ses matchs disputés jusque-là. Bref, l'Espérance faisait le spectacle mais restait à la merci d'un retour au premier plan de son dauphin, ce dernier pointant à deux points, à l'affût, dans le rétroviseur " sang et or " comme l'on dit. C'est dire qu'en cette saison, à mi-chemin de la fin, et même si une redistribution des cartes a eu lieu en haut du pavé (sorte de nouvelle bipolarisation (avec le mano-mano EST-ESS), les " Sang et Or " ont cette fois endossé le maillot jaune, se montrant plus solide en défense et prenant leur distance en haut de l'affiche. Plus de 21 buts marqués (chiffre enregistré suite à la 12e journée), c'est beaucoup moins que l'année dernière, mais les " sang et or " ont vraisemblablement pris de la bouteille puisqu'ils savent désormais s'en sortir avec le gain du match, fût-il par la plus petite des marges, alors que leur défense a gagné en hermétisme. Leader incontesté de la compétition, la stabilité de l'effectif et du staff dirigeant et technique sont pour beaucoup dans cette réussite. Le changement dans la continuité Certes, après plus de deux ans de bons et loyaux services, Faouzi Benzarti a quitté le club, mais le changement dans la continuité prôné n'a pas manqué de porter ses fruits, la promotion de Maher Kanzari entrant dans l'ordre naturel des choses. Cependant et bien avant le début de la saison en cours, un flash-back nous apprend que l'EST a disputé plus de 25 matches depuis le 16 juillet 2010 (toutes compétitions confondues), soit l'équivalent de toute une saison de championnat. Est-ce que cette débauche d'énergie a pesé dans la balance en fin de cycle de Ligue des champions et en négociant la dernière ligne droite de la phase aller du championnat en cours? Force est de constater que la gestion de la fatigue, le dosage des efforts , ainsi que la rotation de l'effectif introduit graduellement par le nouveau staff technique, ont permis au vice-champion d'Afrique de carburer a plein régime, indépendamment du faux pas enregistré à Gabès. Faouzi Benzarti, puis Maher Kanzari, (vu l'impératif de résultats en Ligue des champions pour le premier et le lifting opéré par la suite pour le second) ont su gérer le groupe avec plus ou moins de doigté. Les blessures sont certes le lot quotidien de toutes les équipes qui militent sur plusieurs tableaux et l'EST a dû, un certain temps, composer avec les absences de Bouazzi, Ben Mansour et autres... Cependant et en dépit de l'apport de joueurs tel que Michael, Darragi, Korbi et Msakni, Syam Ben Youssef, Chammam, Hicheri (qui a rapidement gagné ses galons de titulaire), Saber Khalifa (de retour de prêt du CSHL au même titre que Sameh Derbali cédé pour une saison à l'OB), Aymen Ben Amor, Traoui et Naouara, c'est une Espérance rafraîchie que nous avons vu à l'œuvre sous le commandement de Kanzari avec l'introduction de talentueux joueurs, à l'instar de Mhirsi et Mohamed Ali Ben Hammouda, en attendant l'éclosion de Khenissi et un " retour aux affaires " de Bachtobji et Borhen Ghanem. L'Espérance est-elle pour autant en fin de cycle? La jeune vague composée de Ben Hammouda, Mhirsi, aux côtés des " jeunes " confirmés que sont Darragi, Msakni, Khalifa,Korbi, Roger et Chammam, saura-t-elle composer sans son chasseur des surfaces (en transit et annoncé partant) Michael Eneramo? De toute évidence, ce dernier, buteur patenté lors des deux derniers exercices, est toujours aussi utile actuellement, même s'il ne fait plus trembler les filets de manière régulière. C'est dire qu'un club tel que l'Espérance ne peut disposer d'une plus ou moins longue période de transition, vu ses obligations locales et continentales, et ses ambitions sans cesses renouvelées dans toutes les compétitions auxquelles il est appelé à participer. C'est forcément le chemin et le destin de l'Espérance...