La Révolution qui est en marche avait pour point de départ des revendications légitimes pour accéder à un emploi décent. Le succès de cette Révolution née dans la douleur est tributaire de notre adhésion sincère et engagée aux valeurs de la République. Chacun parmi nous doit assumer pleinement ses responsabilités. Pour assurer succès à ce changement historique, émanant directement du peuple, nous devons tous veiller à satisfaire sa volonté, nous conformer à son esprit, et nous inscrire dans le sens du travail, du dévouement, avec la participation de tous, en s'abstenant de porter tort à cette volonté ! Il s'agit là d'un impératif urgent qui fait appel à notre sens du patriotisme, de l'amour de notre pays, à notre solidarité et à notre devoir de préserver cette volonté populaire et de faire en sorte qu'elle trouve sa consécration dans notre réalité quotidienne. La main dans la main, nous devons tous sauver le pays du chaos afin de ne pas hypothéquer une nouvelle fois et étouffer dans l'œuf le rêve de tout un peuple et son aspiration à la liberté et à la dignité. La dignité retrouvée aujourd'hui et voulue par le peuple est foncièrement une dignité portée par une justice sociale effective. Cette justice ne peut se concevoir en dehors d'une saine et équitable répartition des fruits de la croissance. Or, aujourd'hui, le risque du chaos guette le pays à défaut à la fois d'une sécurité et d'une stabilité politique retrouvées et d'une reprise normale de l'activité économique. Pour que les fruits de la croissance puissent être récoltés et distribués, il est évident qu'il y ait d'abord croissance et reprise de la dynamique de création de richesses. De ce fait, rien ne se fait en l'absence de visibilité. Le tâtonnement, l'indécision à tous les niveaux risquent d'entraîner le pays dans l'anarchie. La question de l'emploi a été l'élément décisif déclencheur de notre Révolution. Ne perdons pas de vue cet élément, ce serait insulter la mémoire des Tunisiens morts pour la liberté et la dignité et à leur tête le jeune Mohamed Bouazizi, qui s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid en décembre 2010. Porter haut la voix du jeune Bouazizi, respecter sa mémoire et prendre la mesure scrupuleusement, et dans la sérénité, le sens du message qu'il nous a laissé, voilà aujourd'hui notre devoir à tous. Son message se résume en peu de mots : combat pour la dignité, combat pour l'emploi. C'est un message d'espoir qui replace l'emploi et le travail au cœur de la dignité et de la vie sociale. Encore une fois, chacun parmi nous doit assumer pleinement ses responsabilités pour aider à ce que les choses de la vie de tous les jours reprennent leur cours de façon normale, dans un esprit de confiance, de concorde, de nature à prouver au monde entier et à nous-mêmes en premier lieu que la Tunisie est à la mesure de s'élever à la hauteur de cet événement historique. Il est aujourd'hui impératif de dépasser rapidement cette conjoncture, d'éviter que le pays ne tombe dans le chaos, en redonnant confiance aux Tunisiens, à nos partenaires économiques et aux investisseurs étrangers, la fuite des investisseurs étrangers étant susceptible de freiner la croissance économique et de causer la perte de milliers d'emplois. Notre devoir à tous est d'envoyer à la sphère de l'investissement un message clair et fort, aussi limpide que celui que défendait le jeune Bouazizi. Se mobiliser pour le travail, pour l'investissement et pour l'emploi, c'est aujourd'hui la manière d'être le plus fidèle possible à la mémoire de Mohamed Bouazizi. Dans la sérénité et en toute confiance.