«C'est la respiration d'un pays qui s'arrête quand l'information cesse d'être libre», disait Françoise Giroud, chroniqueuse au Nouvel Observateur. A la question : «Qu'est-ce que le journalisme?», la cofondatrice de l'Expresse répondait : «C'est là où bat le cœur du monde». Dire que nous avons été muselés, afin d'être privés de cette magnifique caisse de résonance de la vie, que peut représenter une presse libre, pendant vingt-trois ans… Et probablement plus loin encore dans notre histoire contemporaine. La parole qui se délie et s'affranchit de ses chaînes semble faire peur non seulement aux politiques véreux mais également à tous les systèmes établis sur des eaux troubles. En ces temps bénis où l'information en Tunisie vit depuis quelques jours son printemps, sa révolution, sa délivrance, voilà que des voix s'élèvent ici et là (déboussolées probablement par cet ouragan soudain de liberté) pour dénoncer les risques de la démesure. A tous ceux-là, nous pouvons affirmer que les journalistes se réfèrent dans leur travail quotidien à un code déontologique précis. Ecrire est un pouvoir, un quatrième pouvoir. D'où les multiples garde-fous et ce code d'honneur qui les protège et protège leurs lecteurs de tous les abus et dérapages possibles et imaginables. Ne pas tromper, ne pas «bidonner», comme on dit dans notre jargon, ne pas diffamer, recouper ses informations, s'assurer de ses sources, protéger celles voulant garder l'anonymat, tenter chaque jour «l'aventure du vrai», selon l'expression du journaliste Jacques Derogy, voilà quelques-uns des outils de leur métier. Ils leur permettent à travers des rubriques et des genres journalistiques répartis en deux grandes familles — l'information et l'opinion — à capter et à transmettre les bruits qui agitent leur société et leur époque. Faisons-leur confiance. Ils sont les historiens du quotidien. Ils ont aussi pour mission de donner les clefs aux lecteurs ou aux téléspectateurs pour comprendre l'actualité et les évènements qui font bouger le monde. Les opinions, couvertures et analyses des journalistes tunisiens à qui l'on fait appel depuis le déclenchement de la Révolution tunisienne sur les chaînes tunisiennes et étrangères font vraiment honneur à la profession. Elles sont à la mesure de ce peuple tunisien dont la culture politique et la conscience sociale sont d'un niveau qui dépasse largement toutes nos utopies.