• La démocratie, un atout majeur de développement • Dans une économie d'endettement, le risque d'effondrement est minime Parmi les secteurs touchés , le système bancaire est celui qui suscite le plus d'inquiétude et d'interrogations en raison du rôle qu'il joue sur la scène économique et de son apport au niveau du financement des activités et de la promotion de l'investissement. Même s'il est encore prématuré de se prononcer sur les dégâts occasionnés et de recenser les risques d'exposition, les experts et les observateurs appréhendent une dégringolade sans précédent que seules des mesures exceptionnelles peuvent apaiser. Risque lié aux actes de vandalisme Pour le moment, uniquement les effets dévastateurs engendrés par les actes de vandalisme perpétrés par différentes parties que les enquêtes se chargeront de dénoncer, touchant plusieurs points de vente et de nombreux équipements sont évaluables . Des millions de dinars se sont volatilisés suite à ces actes et les banques qui, pour la plupart se sont lancées dans des politiques de compression des charges, sont obligées de débourser des montants importants pour réparer les dégâts et reprendre normalement les activités dans ces points de vente. Ce qu'elles escomptaient réaliser à l'échelle du produit net bancaire et du coefficient d'exploitation sera absorbé par des dépenses imprévisibles et urgentes. En attendant, des mesures spéciales ont été édictées par le régulateur (BCT) pour assurer la continuité des services bancaires, notamment en ce qui concerne les opérations de caisse. A ce titre, les agences épargnées par les actes de violence et de destruction sont sollicitées à servir les clients des agences touchées relevant du même réseau bancaire. Une solution onéreuse qui consiste à faire tourner la machine au-delà de sa capacité mais incontournable pour assurer les prestations de base et permettre aux clients de disposer de leurs dépôts et avoirs. Ces pertes ne sont que d'un impact minime par rapport aux manques à gagner liés au risque opérationnel qui découle des dysfonctionnements, au risque systémique qui peut faire suite à un retrait massif de dépôts et au risque économique qui serait la conséquence d'une récession prévisible mais non évidente Risque lié à la discontinuité de l'activité et aux dysfonctionnements du système Le moins dangereux en termes d'ampleur et d'occurrence est le risque opérationnel qui peut provenir de la défaillance du système et de l'altération de fichiers et de données. A ce niveau, les banques tunisiennes dans leur ensemble sont dotées de système d'information sécurisés, de plans de continuité d'activité garantissant la reprise de l'exploitation en un temps record et de plans de secours permettant de basculer en temps utile vers un système alternatif . Et malgré la plausibilité du risque dans les circonstances qui prévalent, aucun incident lié à la continuité d'exploitation n'a été signalé ce qui laisse entrevoir la robustesse du système d'information dans les banques et l'efficacité des mesures mises en œuvre pour assurer son bon fonctionnement. La raison en est que le risque systémique découlant de retraits massifs est pour l'instant difficile à imaginer malgré l'euphorie des premières journées. Il s'est agi pour le grand public de disposer de liquidités pour faire face à tout imprévu et subvenir à des besoins courants en cas de fermeture prolongée. Cette réaction ne dénote nullement d'une peur de difficultés financières qui pourraient mettre en péril les dépôts bancaires. Le public continue à faire confiance au système ce qui est en soi un atout pour la préservation des relations bancaires. De surcroît, dans une économie d'endettement où les entreprises et ménages sont beaucoup plus consommateurs de crédits que déposants de fonds, le risque systémique est d'une occurrence modérée. Risque lié à la récession Mais le risque qu'il faut prendre au sérieux est celui qui peut provenir du ralentissement des activités économiques suite à une longue période d'inactivité dans divers secteurs d'activités , à la baisse de la rentabilité dans d'autres secteurs et au risque de cessation d'activité pour les entreprises entièrement saccagées et qui n'ont pas les moyens de surmonter leurs difficultés . A cela, les observateurs redoutent un repli des investissements étrangers et une baisse des chiffres et des flux provenant des exportations et du tourisme. La survenance de la récession pourrait se traduire par moins de richesse à fructifier et donc moins de dépôts et d'épargne, moins d'opportunités d'affaires à saisir et donc moins de concours à l'économie, moins de résultats à affecter en couverture des dettes bancaires et donc plus de créances douteuses. Dans leurs relations avec les entreprises, les banques devront consentir des sacrifices sous forme d'abandon, de rééchelonnement et de crédits de relance. Fort heureusement, quatre indices permettent d'entrevoir une sortie moins pessimiste. Les positions annoncées par un certain nombre de responsables occidentaux de premier ordre qui continuent à faire confiance à la Tunisie et au marché tunisien. La mobilisation des travailleurs résidents à l'étranger dont l'apport en devises n'est pas à démontrer. La capacité de l'économie tunisienne à se relever et remonter la pente comme il lui est arrivé de le démontrer dans d'autres épreuves. La démocratie qui est pour le cas particulier de la Tunisie un atout majeur de développement et de croissance. La Tunisie, d'après les chiffres officiels et les indicateurs validés par les instances mondiales, réalise un taux de croissance situé aux alentours de 5% ; taux qui n'est toujours pas suffisant pour créer des emplois à hauteur de la demande additionnelle . Selon les mêmes instances, la Tunisie pourrait faire mieux avec un taux allant jusqu'à deux à trois points de plus moyennant une gouvernance saine, basée sur la transparence, un véritable renforcement des relations de sécurité financière, une efficacité des mécanismes de contrôle et bien entendu le bannissement à jamais de toute forme de corruption. Ces implications étant les ingrédients de la démocratie, on peut dire que la révolution des Tunisiens qui a permis de l'arracher est le vrai investissement pour l'avenir de notre économie.