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Un 14 juillet en ce 14 janvier !
Tunis

Après plus de trois semaines d'une insurrection commencée à Sidi Bouzid, qui s'est étendue comme une traînée de poudre à l'ensemble du territoire tunisien, et qui a été réprimée dans le sang par les forces de sécurité, eut lieu une manifestation pacifique et grandiose, à laquelle ont pris part la jeunesse tunisienne, les intellectuels que le régime de Ben Ali avait tenté vainement de mettre au pas, les associations qui luttent depuis des décennies pour la liberté et la démocratie et quelques partis de l'opposition, le tout encadré par la puissante Ugtt qui a appelé à cette manifestation. Parti de la Place Mohamed-Ali, avec ses médecins en tablier blanc, ses avocats en robe noire, ses intellectuels à lunettes rondes, ses jeunes filles au profil d'Antigone et ses jeunes gens au regard grave — la plupart des jeunes étaient munis de téléphones portables équipés de caméra pour transmettre les images de cet événement au monde entier via Facebook —, le long cortège a parcouru l'avenue Habib-Bourguiba, avant de s'arrêter devant le ministère de l'Intérieur, symbole de l'arbitraire — comme le fut la Bastille aux yeux des hommes de 89, pour scander d'une seule voix : "Ben Ali assassin", "Ben Ali dégage".
Par cette belle journée d'un hiver si doux , entre les rangées de ficus d'un vert éblouissant, près de 10.000 personnes dont plus de la moitié était formée de jeunes gens et de jeunes filles nés pour la plupart il y a une vingtaine d'années, sous le gouvernement de Ben Ali, et qui n'ont eu pour horizon qu'un "ciel bas et lourd" , qu'une société corrompue où tout se monnaie, — y compris le CAPES — et où l'accès à un emploi était devenu un privilège qu'on obtenait, non par son mérite, mais grâce au trafic d'influence.
Les jeunes diplômés de l'Université d'origine modeste, sans appui étaient condamnés, pour survivre, à se transformer en ouvriers du bâtiment, en ouvriers agricoles, en gardiens d'immeubles ou de villas cossues, ou en vendeurs de fruits et légumes comme le jeune Bouazizi qui s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid pour protester contre une société inique.
Ainsi, la Tunisie, qui a fait tant de sacrifices pour assurer un enseignement supérieur de qualité à tous ses bacheliers, laissait sur le bord de la route ses jeunes diplômés de l'Université, prétextant le peu de ressources dont elle dispose, au moment où "la régente de Carthage" — comme on a pu la qualifier —, épaulée par ses frères et sœurs pillait le pays, et faisait main basse sur tout ce qui comptait dans la vie économique : sociétés publiques et privées, terres agricoles, hôtels, banques, autoroutes, agence des télécommunications ... la Tunisie était en passe de devenir la propriété privée d'une bande de "maffiosi" , avec la bénédiction du «parrain», de son parti et de sa milice surarmée.
La corruption du régime qui courait sur toutes les lèvres et dont tous les Tunisiens parlaient en privé, était cependant un sujet tabou dans les médias qui rivalisaient en matière de complaisance et de flagornerie. Certains journalistes à la solde du régime et des responsables politiques du RCD avaient commencé à faire campagne pour un 4e mandat pour Ben Ali, et à œuvrer pour la promotion de l'image de sa femme, qu'on voulait élever au rang de la première dame de Tunisie, alors que tout le monde savait que c'était une femme de petite vertu et d'une inculture notoire.
Frappés de plein fouet par la crise économique, exaspérés par l'enrichissement scandaleux de la famille du Président, révoltés par le déséquilibre régional, les jeunes tunisiens originaires de régions défavorisées, qui mesuraient l'écart entre ce que l'Université leur apportait comme valeurs et l'injustice criante qui régnait sur la société, se sont alors insurgés. Ils n'avaient plus rien à perdre. Les flammes qui ont dévoré le pauvre corps de Bouaziz, devinrent la torche qui les guida sur les chemins de la liberté. Ils présentèrent leurs poitrines nues aux balles des forces spéciales dont le Président lui-même supervisait, à partir de son palais de Carthage, les tristes exploits à Regueb, à Kasserine, à Thala, à Jendouba et au Kef.
La manifestation du 14 janvier fut donc le couronnement, l'apothéose de ces multiples insurrections conduites par des jeunes qui ont désespéré de l'avenir sous le régime de Ben Ali. Ces insurrections qui embrasèrent le pays firent voler en éclats l'image d'Epinal de la "Tunisie la douce" et montrèrent le vrai visage d'une Tunisie éprise de liberté et de justice, prête à tous les sacrifices, pour faire triompher la dignité de l'homme.
Le geste de désespoir de Bouazizi à qui l'agent municipal confisqua sa pauvre charrette chargée de légumes et de fruits, et que l'on gifla parce qu'il avait osé protester contre un règlement municipal qui condamne le pauvre diplômé à crever de faim, a été, pour la jeunesse de mon pays, le point de départ d'un immense espoir.
Oui, le 14 janvier 2011 sera fêté sans doute en Tunisie, comme en France on fête le 14 juillet 1789. Il symbolisera la renaissance de l'espoir dans cette Tunisie qu'on a cru définitivement dégrader, avilir, souiller par le lucre et le stupre.


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