Est-ce opportun aujourd'hui de disserter sur l' histoire et sur son implication sur le présent — et le futur-tunisien, sur la nature et les fondements des mouvements de protestation quasi générale que nous vivons depuis des semaines, sur la qualification à lui attribuer: soulèvement ou révolution? La réponse est évidente: non. Nous avons d' autres urgences. D' autant que désormais, on confond "rue" et "peuple", syndicat et politique, mouvement organisé aux revendications bien définies, et sorties de jeunes "désœuvrés", pour que «bière et football» constituent l' essentiel . Dans cette confusion totale, des animateurs, souvent sans formation politique, des journalistes qui n'ont pas eu l' occasion de s' aguerrir et d' élargir leurs horizons socio-historico-politiques , ouvrent les vannes hertziennes sans retenue dans un but louable, par ailleurs à tous les avis, à toutes les propositions pour un meilleur futur pour la Tunisie. Nous comprenons que longtemps muselés, peuple et médias s' en soient donné à cœur joie, pour débiter un tas de condamnations, de révélations, et de propositions parfois irréalisables, dans l' immédiat, mais ce qui nous réjouit, ce sont les positions «posées» et réalistes d' un Ahmed Nejib Chebbi (nous le découvrons enfin et nous l'apprécions), d'un Taïeb Baccouche qui confirme sa démission politique et citoyenne. A l'opposé de certaines"personnes" qui apportent d' avantage la confusion que la clarté, le chimérique que le réaliste, l' indésirable et l' in-souhaitable que l' espérable. L' exemple «étonnant» nous est venu d' un ancien journaliste de La Presse qui a eu l' honnêteté de reconnaître qu' il a quitté la Tunisie pour «des raisons matérielles» mais qui nous est revenu avec de drôles d' idées qu'il n' a peut-être pas eu le temps d'ordonner, avant de se prêter à l' entretien qu'il a accordé à "Nessma TV". En établissant la comparaison entre ce qui arrive en Tunisie et la révolution française, en citant Saint Jean, Youssef Seddik, apprécié pour d' autres positions et d' autres écrits, a certainement commis un impair. A-t-il oublié que ces deux bonshommes ont incité à la pagaille, à la chasse aux sorcières et à la décapitation, sans discernement, de milliers de gens pendant trois ans, pour finir eux-mêmes guillotinés ? A-t-il oublié que, ce faisant, ils ont fait le lit de l' une des plus grandes tyrannies de l' histoire, celle qui a débuté avec Napoléon et qui a duré plus d' un siècle ? De la mesure, messieurs les invités des plateaux, dans vos propos et ne profitez pas de la crédibilité de ceux qui sont en face de vous. L' histoire vous en tiendra rigueur, d' autant que le soulèvement tunisien ne veut pas ressembler à la révolution française, et n' a rien à voir avec.