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Un triptyque bancal ou plaidoyer pour une nouvelle devise (2ème partie)
Devise de la République : Liberté-Ordre-Justice
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 10 - 2011


Par Khaled TAHINTI
La Constitution de 1959 étant suspendue et probablement jetée aux oubliettes de l'histoire, il convient de ne pas tomber dans les mêmes errements et travers et de construire une devise pour la nouvelle République qui ne trahisse ni les acquis accumulés durant toute l'histoire du peuple tunisien, ni les valeurs portées à bras le corps par la Révolution. Celle-ci concentre, à elle seule, les principes sur lesquels le peuple tunisien se réunit.
La première de ces valeurs, et qui doit tenir le haut du pavé dans la hiérarchie de la devise de la seconde République, est sûrement celle de la "Liberté". Le pacte social ou le projet de vivre en commun ne peut avoir de légitimité et de la pérennité que par le libre choix qui suppose le droit à l'autodétermination. Celui-ci est la première des libertés politiques qui rend accessible toutes les autres libertés. La "Liberté" est le droit le plus inaliénable de l'homme après le droit à la vie. Rien ne doit trôner au-dessus. C'est d'elle que tout doit découler et c'est elle qui doit tout conditionner. Le choix d'un régime politique démocratique, la consécration de la souveraineté du peuple seul émanation de tous les pouvoirs, l'affirmation des droits de l'Homme, le choix du modèle social, du modèle économique sont des chantiers qui ne peuvent être menés à bien que sous la houlette d'une "Liberté" affirmée, consacrée et garantie. La "Liberté" est le premier des droits de l'Homme et sa prédominance ne doit nullement être mise en cause sous quelques motifs que ce soit. Tout l'édifice constitutionnel, les lois qui y découlent, l'organisation institutionnelle doivent concourir à l'instauration de la "Liberté" et à sa réalisation. Pour ces raisons et pour affirmer sa prédominance, la valeur de la "Liberté" doit figurer au sommet de la hiérarchie de la devise de la République.
La seconde valeur que la devise doit adopter et pour laquelle le peuple tunisien a démontré son attachement inconditionnel lors de la Révolution est celle de la "Dignité". Celle-ci est définie comme "le respect qu'on doit à quelqu'un ou à quelque chose". Selon le philosophe Paul Ricœur la "Dignité" renvoie à l'idée que "Quelque chose est due à l'être humain du fait qu'il est humain". Cela signifie que tout être humain, et pour ce qui nous concerne tout citoyen, mérite un respect inconditionnel, abstraction faite de son âge, de sa religion, de sa condition sociale ou de son appartenance ethnique ou géographique. La révolution tunisienne a chéri cette exigence de "Dignité" qui a fait défaut au citoyen durant les décennies de plomb. Et pour la conquérir et se l'approprier, le peuple l'a érigée au sommet de ses revendications, suivant en cela le précepte de notre grand poète arabe Al Mutanabbi qui exhortait l'homme : "Va quérir la dignité en enfer s'il le faut ! Et refuse l'humiliation même au paradis". Et c'est au prix d'un enfer vécu dans sa chair que le peuple a fini par arracher ce sentiment de "Dignité" et qu'il compte se l'approprier définitivement, parce qu'il a compris l'affirmation de Gandhi : "Dès que quelqu'un comprend qu'il est contraire à sa dignité d'homme d'obéir à des lois injustes (j'ajouterai un pouvoir injuste), aucune tyrannie ne peut l'asservir".
Mais cette "Dignité" n'est pas l'apanage ou l'attribut du seul citoyen. Elle n'est nullement une attitude, un comportement humain qui ne profite qu'à l'homme. En effet, la "Dignité" étant "le respect dû à quelqu'un ou à quelque chose", ce respect, on le doit aussi aux institutions, à la Constitution et aux lois qui en découlent, enfin à l'Etat. Celui-ci se parera alors aussi des habits de la "Dignité". Au "Prestige" de l'Etat, vigoureusement défendu, à juste titre du reste vu les circonstances, par le Premier ministre monsieur Béji Caïd Essebsi, il faut substituer la "Dignité" qui est seule garante d'une soumission voulue et consentie à son autorité. Nul besoin dans ce cas d'un "Prestige" en trompe l'œil, parce que la "Dignité" signifie le respect dans l'humilité, alors que le prestige évoque la crainte. L'Etat doit chercher le respect et non le prestige, il doit chercher à asseoir son autorité et non à revendiquer un apparat générateur d'une peur, digne des temps de la soumission. Cette autorité lui est assurée par l'efficience des lois par lesquelles il régit la chose publique. Nul besoin donc d'un pouvoir tutélaire qui revendique l'autorité par la crainte alors que la "Dignité" lui assure le respect et que celui-ci lui garantit l'adhésion.
Donc, la "Dignité", valeur républicaine par excellence, traduira une volonté de respect envers le citoyen, ce qui lui permettra d'user de sa liberté. De même, l'autorité de l'Etat régnera au nom d'une "Dignité" qui lui sera acquise.
Quant au dernier et non moins important des principes républicains auquel la devise doit garder une place, la valeur de l'"Egalité" s'impose pas dans le sens de l'identité ou de l'uniformité ou de la conformité mais dans celui de l'équité qui est la première des égalités. Cette égalité là me parait primordiale à plusieurs titres : D'une part, elle assure la justice au sens fonctionnel. En effet, l' "Egalité" est un rempart contre l'injustice. Elle garantit à tout citoyen ses droits en se pourvoyant devant une justice égalitaire, impartiale et indépendante. La citoyenneté présuppose cette "Egalité" et on ne peut la concevoir lorsque s'installe l'inégalité. D'autre part, elle exclut toute tentation d'échapper aux obligations citoyennes : égalité devant la loi, devant l'impôt, devant la justice. Nul ne peut se prévaloir de son rang, de son statut, de ses origines pour s'affranchir d'un traitement égalitaire. De même, l' "Egalité" empêche toute prétention à des avantages indus. Nous avons tous subi les affres de l'inégalité qui a été érigée en modèle social sous l'ancien régime et qui a abouti à un soulèvement populaire. La démocratie était une chimère tant l'égalité était fantomatique. Montesquieu écrivait dans son ouvrage "De l'esprit des lois" "L'amour de la démocratie est celui de l'égalité"
Une République démocratique digne de la Révolution ne pourra garantir la liberté de ses citoyens dans la dignité qu'en leur assurant l'égalité. L'ancien régime a spolié les citoyens de leur liberté et leur a ôté leur dignité par une humiliation érigée en règle de conduite qui s'est abattue sur leurs têtes tel un ouragan dévastateur. Le moteur de cette humiliation était une tyrannie fondée sur la peur, la corruption, les passe-droits, le clientélisme, l'affairisme. Une république égalitaire nous prémunira contre ces fléaux et nous fera découvrir le sens de la citoyenneté, qui rompra avec cette forme de condescendance qu'ont eu certains de nos concitoyens envers les autres. Gandhi disait qu' "il n'y aura jamais d'égalité tant qu'on se sent inférieur ou supérieur à autrui. Entre égaux il ne saurait y avoir de condescendance", et c'est l'objectif majeur du principe d'égalité que d'instaurer une équité entre les citoyens.
Ainsi, le trio "Liberté"- "Dignité"- "Egalité" ouvrira à la Tunisie les voies vers une humanité de laquelle nous étions, durant des siècles, exclus. Il est temps qu'on y fasse nos premiers pas et qu'on sente que nous aussi on fait partie de cette humanité libre digne et vivant dans l'égalité de laquelle tant de peuples arabes et autres ont été ou se sont exclus.
A bon entendeur, salut.


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