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L'idée est immortelle et la volonté populaire invincible
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 02 - 2011


Par Othman KECHRID
Le premier novembre 1932 paraissait le premier numéro du quotidien nationaliste L'action tunisienne.
Le leader Habib Bourguiba, qui s'était spécialisé dans les finances publiques au cours de ses études supérieures de sciences politiques, a intitulé son premier éditorial du journal : «Le budget tunisien». Il y écrivait : «Je me suis employé à démontrer que le budget reflétait l'image de la politique du gouvernement et qu'il permettait de penser que notre pays était précipité dans l'abîme…».
Le budget est en effet l'acte législatif par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l'Etat. L'importance politique du budget apparaît dans l'histoire constitutionnelle des pays. Au point de vue économique et social, son importance n'est pas moindre.
Tenant compte de ces impératifs, l'autorité du Protectorat avait institué une assemblée non élue dénommée «Grand Conseil» comprenant deux chambres : une française prépondérante et une tunisienne pâle.
Vers la fin de l'année, cette assemblée était convoquée pour préparer le budget. Autant la chambre française était vigilante, voire agressive, pour défendre les intérêts de la colonisation, autant la tunisienne, chambre croupion, se distinguait par sa tiédeur et sa docilité.
Hommage à la mémoire du pédagogue et professeur émérite feu Sadok Tlatli dont les interventions pertinentes et patriotiques annonçaient le réveil national. La préparation du budget achevée sous la houlette du directeur des finances, le Résident général offrait aux conseillers un grand banquet…
Le directeur des finances s'embarquait pour Paris pour présenter le nouveau-né et solliciter une subvention d'équilibre car les recettes de la régence ne couvraient pas les dépenses prévues. Cette situation diminuée entre «dominant» et «dominé», comme le rappelait le philosophe Roger Garaudy, finit par exaspérer la nouvelle élite intellectuelle tunisienne; ce fut l'un des points de départ de la lutte nationale couronnée de succès le 20 mars 1956 par l'indépendance.
La Tunisie eut sa Constitution en 1959; valable au départ, elle fut par la suite défigurée par des amendements malheureux. Des textes subséquents développèrent la législation financière. Il fut prévu une Cour des comptes pour veiller à la bonne gestion des deniers publics. Pour obvier à tout abus, des textes fixèrent la mission du contrôle des dépenses publiques, de la commission des marchés, de la commission des bâtiments, l'inspection générale, etc. On sépara le rôle de l'ordonnateur de celui du comptable. Chaque intervenant était responsable administrativement et judiciairement. Aucune recette et aucune dépense en dehors des crédits votés par les représentants de la nation.
Avec le temps et l'outrage des ans, les nerfs se ramollirent et la vigilance céda la place au laisser-aller. Vers la fin des années soixante-dix, l'orthodoxie budgétaire perdait son importance à tel point que le Premier ministre n'accordait aucun intérêt au rapport annuel que lui présentait le président de la Cour des comptes. Dans la pétaudière qu'était devenue la Tunisie, les entorses prédominaient et un esprit humoristique déclara : «On arrête la brouette, mais on laisse passer l'autorail !». La situation devenait inquiétante et plus d'un souhaitaient un changement salvateur.
A la surprise générale, Habib Bourguiba, le leader inflexible qui avait souffert des privations, de l'exil, de la prison, du bagne, l'homme qui avait façonné de ses mains la Tunisie indépendante, le Président de la République tant adulé par le peuple, fut pacifiquement remplacé, pour des raisons de santé dit-on, par son Premier ministre.
Des esprits optimistes y virent un événement constructif pour le pays. Le peuple applaudit et la lune de miel commença avec des mesures libérales prometteuses. Ce n'était qu'une apparence de démocratisation pour anesthésier une opinion publique crédule. Très vite, ce fut le retour du bâton ! Ennemis personnels, opposants, islamistes… furent soumis à une répression féroce digne d'un vrai despote : humiliation, emprisonnement sans jugement, spoliation des biens, torture, liquidation physique…
Tocqueville écrivit avec raison : «Le despotisme administratif est le seul qu'avaient à craindre les démocraties…».
A l'occasion du mois de Ramadan, le président et son épouse invitaient à leur table, pour rompre le jeûne, une vingtaine de vieilles personnes bien choisies, toujours les mêmes et loin de représenter la misère; il rendait parfois visite à des malades et leur accordait des aides à partir des fonds spéciaux en faisant croire que les dépenses étaient réglées à partir de ses propres deniers.
Des apprentis médias, loin d'être désintéressés et sincères applaudissaient et vantaient la noblesse de l'homme qui se sacrifie pour sa patrie. On applaudissait derechef le jour où un hélicoptère atterrissait dans un hameau du côté de Sibaï (sud-ouest du pays). Le chef de l'Etat mit les pieds à terre suivi de ses courtisans habituels. L'illustre visiteur inspecta les gourbis et se renseigna sur les besoins des habitants. La télévision rapporta la comédie et un spectateur de s'interroger si la visite est inopinée comme on l'avance, où sont les chiens des douars ?, en général nombreux et très agressifs !
D'autres agglomérations situées dans les régions déshéritées faisaient l'objet de visites similaires largement rapportées par les médias. Bouleversé par le spectacle de tant de misère, le chef de l'Etat décide de prendre le dossier en main et d'y apporter les solutions adéquates dans les meilleurs délais… Pour éviter les freins de la procédure légale, il décida de faire taire tous les intervenants habituels : Parlement pour autorisation et financement des projets, marchés de gré à gré, aucun contrôle de l'exécution et de la réception… Un fonds spécial appelé 26-26, alimenté par une fiscalité occulte et géré en personne par le président de la République, est créé.
L'opération s'étant avérée juteuse, le 26-26 donna naissance au compte 21-21 toujours pour des raisons étrangères à l'orthodoxie budgétaire.
Le recours à ces «passoires» était attribué à la volonté de démocratiser le pays en éliminant toutes les sources d'inégalité et de privations.
L'artiste peintre écrivain tunisien contemporain Fouad Zaouche écrit dans l'hebdomadaire Réalités‑: «Encore une fois, la démocratie se révèle être un théâtre d'ombres où le vrai pouvoir est exercé dans les coulisses, laissant au brave peuple l'illusion de croire qu'il détient le pouvoir».
Les événements récents ont mis à nu les acteurs de ce théâtre avec leurs bilans incroyables et révoltants.
Dès la naissance, le 7 novembre 1987, du «changement béni» la curée des rapaces était sans vergogne ni pitié. Père, mère, filles, gendres, frères, sœurs, alliés jeunes et vieux ont habilement manœuvré et sans le cacher, amassé des fortunes placées dans de nombreuses banques dans le monde.
Le seul compte de l'ex-chef de l'Etat dans une banque suisse est estimé à 925 millions de dinars. Un citoyen a fait remarquer qu'avec un millionième des sommes volées on pouvait améliorer la situation non seulement de Sidi Bouzid mais celle de toutes les régions déshéritées du sud-ouest de la Tunisie.
Le regretté Mohamed Bouazizi ne se serait pas immolé et on aurait évité la perte tragique de ce jeune au cours de «l'année mondiale de la jeunesse». La spoliation était profonde et bien organisée. Des opérateurs dans le privé ou dans le public collectaient l'argent là où il se trouve: commissions sur les achats et marchés, 26-26 et 21-21, fonds spéciaux, consignation de droits, biens du domaine de l'Etat… Tous les collecteurs versaient à leurs commanditaires les sommes prélevées dans les banques nationales ou étrangères. En contrepartie, le zèle de ces auxiliaires véreux était largement récompensé : promotions, primes, lots de terrain, pérennité au poste.
L'opinion publique observe, enregistre et médite ! Le Tunisien est patient, discipliné, magnanime.
Abraham Lincoln avait dit : «Un peuple va vers sa ruine quand les honnêtes gens n'ont plus qu'un courage inférieur à celui des individus malhonnêtes…»
Ras-le-bol, le 14 janvier 2011…
Le peuple tunisien s'est levé comme un seul homme pour prouver au monde que son courage est supérieur à celui des malhonnêtes gens.
«Pourvu que ça doure !», avait souhaité la mère de Bonaparte qui, vaincu, avait échoué sur les rivages de l'île d'Elbe. Cela n'a pas non plus duré pour Ben Ali qui a fui son pays pour se cacher dans un repaire en Arabie Saoudite où il grenouille dans l'attente du châtiment qui le tourmente et qu'il mérite.
Que l'on sache pour toujours que:
L'idée est immortelle et la volonté populaire invincible.


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