Longtemps écartée par les ex-responsables du ministère de l'Equipement et en essoufflement depuis presque un an, l'Association tunisienne des urbanistes a, via son ancien comité directeur, provoqué une assemblée générale élective, tenue vendredi dernier. Le mandat de cet ancien bureau se terminait en principe en 2012. Elire un nouveau bureau a pour but de redynamiser l'association, surtout que le contexte politique et administratif change en Tunisie, ainsi que de donner plus de place aux jeunes. Dans une précédente réunion, le comité sortant a fixé trois principaux objectifs : la réhabilitation de l'ATU auprès du ministère de l'Equipement, défendre le métier de l'urbaniste qui se trouve marginalisé et restreindre au maximum les dépenses; soit l'essentiel des problèmes dont souffre le métier, ceux qui l'exercent et ceux qui n'arrivent pas à le faire. D'amont en aval, le métier a besoin d'être restructuré. Au niveau de l'enseignement d'abord, puisque les étudiants urbanistes étaient formés à l'Ecole nationale d'architecture et d'urbanisme avant d'avoir leur Institut supérieur des technologies de l'environnement, de l'urbanisme et du bâtiment, dont le diplôme n'est pas reconnu par les professionnels. " On est en train de former des chômeurs ", affirme Hanen Baldi, une jeune urbaniste, en expliquant sa galère sur le marché du travail. Elle a de plus demandé, dans son intervention, l'établissement d'un cahier de charges pour organiser le métier. Cette dernière demande n'est autre que celle de tous les membres de l'association. Depuis 1991, des actions ont été entreprises en faveur d'un statut organisant la profession. Le comité sortant explique, dans son rapport d'activité, qu'il " s'est attelé à remuer ce dossier surtout après avoir constaté que le cahier des charges régissant les études qui a été rectifié par le ministère de l'Equipement et approuvé par arrêté le 09-02-2009, a négligé totalement les urbanistes et a été orienté uniquement vers les ingénieurs et les économistes qui ne sont pas compétents pour réaliser les études d'aménagement du territoire urbain ". Après une démarche auprès du ministère, avec des propositions écrites de rectifications ainsi que la rédaction d'un cahier de charges spécifique au métier de l'urbaniste, l'association attend toujours... D'autres membres ont pris la parole lors de cette assemblée générale, pour émettre des propositions. Jalel Abdelkéfi, un des anciens du métier et membre fondateur de l'association qui a vu le jour en 1981, a proposé la création d'une commission spéciale au sein de l'ATU, pour réfléchir sur la question de la formation et des diplômes. Il a également souhaité voir l'association représentée à l'échelle régionale. On a même suggéré au nouveau bureau de penser la gestion urbaine à venir, dans le nouveau contexte tunisien. Pour les élections, 17 membres se sont présentés, alors que deux anciens ont décidé de se retirer pour laisser une chance aux jeunes. A l'annonce des résultats, " Vive les jeunes", a lancé Afifa Sfaïhi, une urbaniste de carrière, en constatant qu'ils ne sont que bien représentés dans ce nouveau bureau, dont elle fait désormais partie, en plus de Henda Gafsi, de Atef Trabelsi, d'Insaf Brahmi, de Hanen Baldi et d'Ansem Khsairi. Ce bureau fraîchement constitué aura sans doute du pain sur la planche, pour que le dossier de l'urbanisme en Tunisie refasse surface et que les infractions commises, parfois au nom de la loi, comme le déclassement des terrains agricoles, soient pointées du doigt et évitées dans le futur. En même temps, il est désolant de voir ce nouveau bureau, qui semble être animé par toute la bonne volonté du monde, démarrer avec une restriction budgétaire, suite à une circulaire du premier ministre lui interdisant l'octroi de subventions.