Quand on fait le tour des quartiers des villes tunisiennes, on ne peut manquer de s'exclamer : 'Mon royaume pour un urbaniste !''. Car, à part un petit nombre de sites de bon goût, le reste est une gabegie plus ou moins flagrante alors que chacun ne semble n'en faire qu'à sa tête. Les nouveaux bâtiments 'modernes'' sont une autre paire de manches puisqu'il semble que, pour la plus part, le seul mot d'ordre soit l'ostentatoire et le tape-à-l'il. La quasi-règle du mariage du métal et des baies vitrées éloigne de plus en plus de toute idée d'identité et contraste âprement avec notre culture qui est si riche et qui est tout indiquée pour être une constante source d'inspiration.
Ajoutez à cela le fait incontestable de la métropolisation grandissante du Grand Tunis, de plus en plus estampillée du sceau international avec ce que cela implique d'incontournable dans le fait de bâtir. Et une question se pose : Sommes-nous vraiment obligés de laisser que cette métropolisation se fasse sans goût et sans âme ?
C'est dans ce contexte que l'Association tunisienne des urbanistes (ATU) vient d'inviter deux urbanistes mondialement connus pour animer un débat de deux jours sur les problématiques de l'urbanisme en Tunisie, assorti de comparaisons avec des pays fortement urbanisés et une réflexion sur le métier d'urbaniste.
L'ATU, qui s'était déjà interrogée, l'année dernière, sur les villes tunisiennes et leurs transformations probables à l'horizon 2030, aura-t-elle la force et le courage de mobiliser les décideurs pour sauver l'espace urbain de nos villes de la gabegie ?