On a cru que l'heure était au labeur ; à l'appel du devoir, de la responsabilité pour redresser notre pays et semer de la bonne graine pour que notre grande révolution réussisse et augure de lendemains meilleurs pour notre patrie.Malheureusement et sans être exagérément sceptique et alarmiste, nous percevons de jour en jour que certaines forces machiavéliques obscures et perfides se délectent à semer le trouble et la zizanie sous le masque de la revendication de droits spoliés et ignorés du temps du régime politique déchu.Nul ne peut remettre en cause et renier les multiples souffrances endurées par les différentes composantes de la société tunisienne durant un demi-siècle de dictature; d'hégémonie et d'usurpation de tous les droits possibles et imaginables. Mais en voyant le flot de contestation qui envahit tout le pays du nord au sud avec les conséquences fâcheuses qui en découlent, la crainte est de voir cette belle et glorieuse Révolution entreprise au prix très fort virer dangereusement vers le précipice ; vers le chaos... Ceux qui ont été lésés n'ont pas tort, mais on a l'impression que la situation est très précaire à tous les niveaux. A voir ce qui se passe dans une grande majorité des établissements scolaires, les collèges et les lycées en particulier, de l'ensemble du gouvernorat frise le ridicule.Depuis la fameuse réunion du ministre de l'Education, M.Taieb Baccouche, avec les représentants des élèves de l'enseignement du secondaire à travers toute la République, le mot d'ordre qui plane est la perturbation quasi permanente des cours.Il ne se passe pas une journée sans que les cris fusent de partout appelant à sécher les cours.Tout y est désormais permis. Le corps enseignant et le personnel de ces établissements éducatifs sont désarmés pour contenir ce mouvement d'anarchie et de désordre. Les professeurs ont beau faire des appels pour rattraper le temps perdu, leur intervention ne semble trouver aucun écho . Pire, elle se perd au milieu de cette atmosphère tumultueuse. Faute d'encadrement, la masse silencieuse se plaît dans cette ambiance de légèreté. Parents; enseignants; autorités assistent à cette grave tournure en simples spectateurs.Est-ce un aveu d'impuissance? On est censé l'admettre dans la mesure où personne n'a levé le petit doigt pour dire que cela peut nous conduire inévitablement à la dérive.Où peut-on aller avec cette débandade et avec une pareille confusion?Si l'on venait demander à la plupart de ces "fauteurs de trouble " le mobile de ce boycottage des cours, personne ne saurait vous donner une raison convaincante." Nous voulons créer notre propre syndicat" , rétorquent certains élèves relativement plus avertis. La revendication en elle- même paraît légitime mais cela peut être demandé d'une manière réfléchie avec plus de concertation entre toutes les composantes du système éducatif tout en veillant à sauver l'année scolaire. Or ce qui se passe aujourd'hui appartient beaucoup plus au registre de la mascarade qu'à la conscience éveillée et lucide.