Le 5 février est un jour qui restera à jamais gravé dans la mémoire de Khaled Ghazouani, chef de district de la police du Kef. En se réveillant un matin, ce commissaire honnête et intègre était loin de s'imaginer que sa vie allait se transformer en un véritable cauchemar dans les heures qui allaient suivre. La journée débute comme toutes les précédentes. Le chef de district, père de famille, âgé d'une cinquantaine d'années, cheveux poivre et sel, se rend, comme à son habitude, au commissariat du district loin de se douter qu'un groupe d'individus peu recommandables, dont les agissements louches avaient par le passé fait l'objet d'enquêtes menées par la police du district, avaient décidé de se venger, en fomentant un coup diabolique contre lui. Ces derniers avaient décidé de monter une histoire de toutes pièces et s'étaient payé les services d'une habitante de la zone lui faisant promettre d'accuser en public le commissaire de police de l'avoir giflé violemment, en échange d'une somme rondelette et d'un lopin de terre. Pour cela, il fallait choisir l'endroit et le moment propice. Ce sera le siège du gouvernorat. Ce matin-là, le nouveau gouverneur avait pris ses fonctions et Khaled Ghazouani était présent, avec une équipe de policiers et de soldats pour assurer la sécurité au sein de l'établissement. A l'extérieur, une foule scandait haut et fort ses revendications, demandant l'éviction du gouverneur. Une femme en profite pour se glisser dans la foule et se plaint d'avoir été giflée par le chef de district du Kef, Khaled Ghazouani. L'information montée de toutes pièces pour soulever la foule contre le chef de district, se répand comme une traînée de poudre. La colère gronde,alors, à l'extérieur. Les citoyens pensent avoir affaire à une seconde «affaire Bouazizi» et ne se doutent pas du tout que c'est un mensonge. Le chef de district, éberlué par une telle information, a, à peine le temps de retourner au commissariat. Mais ce dernier est pris d'assaut par des centaines de personnes en colère. Les policiers, craignant que le poste soit incendié d'un moment à l'autre, ont battu en retraite, laissant un Kamel Ghazouani seul, désemparé, face à une foule qui prend d'assaut le commissariat. Le chef du district tente de se protéger et ferme les lourds battants de la porte en fer. Mais cette tentative ne suffit pas à contenir la foule déchaînée. La porte est défoncée et on s'acharne contre le chef de police qui est jeté à terre et violemment tabassé et blessé avec des tessons de verre. L'homme ne doit sa vie sauve qu'à l'intervention des soldats qui l'emmenèrent aux urgences. Mais les péripéties se poursuivent et le chef de district continue à vivre un véritable cauchemar avec une foule qui prend d'assaut les urgences. Le médecin demande à ce dernier de sauter par la fenêtre s'il veut rester en vie. Le chef de district n'a pas le choix et obtempère. C'est un soldat qui finira par le sauver une seconde fois en l'amenant cette fois-ci à la caserne. Il est depuis hospitalisé en soins intensifs, attendant d'être opéré. La femme responsable de ce qui est arrivé à Khaled Ghazouani a fini par reconnaître les faits, admettant qu'elle a été manipulée par une bande d'individus sans scrupules, voulant continuer à commettre leurs méfaits en toute impunité. Ils voulaient se débarrasser d'un homme dont le seul tort était d'être honnête et intègre.