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Main basse sur l'agriculture
Prédations de «la famille» sur les terres domaniales
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 02 - 2011

S'il est un secteur qui a vraiment pâti des pratiques de l'ancien pouvoir, c'est bien l'agriculture qui a été détournée de sa vocation essentielle de nourrir le pays pour devenir un business entre les mains d'une poignée de privilégiés : les membres de la famille qui régnait sur la Tunisie et leurs alliés de tout acabit.
C'est ainsi que les 600.000 hectares jadis propriété des colons français ont été partagés dans leur majorité par des prédateurs dont la plupart sont des parvenus qui n'ont rien à voir avec le secteur. Un secteur qui a longtemps souffert de l'expérience coopérative et qui n'a pu se relever du fait d'une politique agricole qui n'était pas en phase avec la réalité et les besoins de notre pays.
Les terres les plus riches de la Tunisie sont devenues, du fait de cette politique, un véritable fardeau pour l'économie. De la gestion publique des domaines de l'Etat et du système coopératif des années soixante et soixante-dix des terres nationalisées, on est passé à l'expérience des sociétés d'investissement. Celles-ci ont laissé une ardoise des plus lourdes, épongées bien sûr par le contribuable. Les raisons de cet échec ? Elles sont nombreuses. Mais nous retenons la principale d'entre elles : le coût exorbitant des investissements, lesquels investissements ne tenaient pas compte de la réalité du marché tunisien et de ses besoins effectifs et des réelles opportunités d'exportation, sans compter leur mode de gestion bureaucratique.
Ce fiasco a amené le pouvoir à changer d'option pour encourager la création de sociétés de mise en valeur agricole. Celle-ci consiste à louer ces terres à des sociétés créées par des privés qui se portent candidats à la location des fermes dont les listes sont communiquées par voie de presse. Tout cela peut paraître normal au vu de la procédure qui, en principe, devait faire jouer la concurrence dans la transparence et la légalité. Or ce n'était qu'un leurre, dans la mesure où tout a été fait pour faire profiter du gâteau la famille du président, sa belle-famille, des hommes au pouvoir et des proches du régime.
Des rapaces sans vergogne !
Les dossiers de candidature sont déposés à l'Apia, qui se charge de communiquer les noms aux gouvernorats des fermes à louer. Le gouverneur est chargé de fournir des compléments d'information sur les postulants au bail.
Un élément d'une grande importance doit figurer dans la fiche de renseignements incluse dans le même dossier : il s'agit là des détails concernant le vécu, le passé et le présent du candidat, collectés par les services de sécurité, d'une part, et de son casier judiciaire, d'autre part.
Plusieurs candidats ont été ainsi éliminés pour avoir été actifs politiquement durant leur vie estudiantine ou plus tard.
Après cette première sélection abusive, trois dossiers sont retenus pour être envoyés à la présidence de la République. Et c'est là que l'heureux élu est choisi pour bénéficier de la «terre promise».
Le choix se fait à Carthage !
A cet effet, une commission se réunit pour désigner le bénéficiaire. Elle est présidée par un ancien gouverneur de la Banque centrale ayant rang de conseiller auprès du président de la République. En dépit de toutes ces mesures d'apparence réglementaire, mais qui sont, en fait, restrictives, voire abusives, car elles ne tiennent pas compte à vrai dire de la consistance de l'étude effectuée par le futur promoteur, il n'est pas rare que les trois candidatures soient rejetées et qu'un dossier n'ayant pas été présélectionné soit demandé à l'Apia pour être validé, tout souplement parce qu'il a été recommandé par une personne influente. Et c'est ainsi que les terres les plus fertiles de la Tunisie ont été bradées pour être offertes en cadeaux aux proches du président, tel Soufiène Ben Ali, que son oncle a gratifié de 2.200 hectares à Medjez El Bab. Une superficie jadis partagée entre les colons français dont les noms suivent : Chambon, De Ligne, Marcel Blan, Germain, Danset et Eli Granier ! Cette société de mise en valeur comprend 1.700 ha irrigués, le tiers du périmètre irrigué de toute la délégation de Medjez El Bab. Mais il n'y a pas que le neveu de Ben Ali qui a profité de la manne, d'autres personnes proches du pouvoir ont eu leur part du gâteau, tel ce général de l'armée à la retraite, ou cette famille tunisoise déjà propriétaire de 1.000 ha entre Béja et Mateur et qui reçoit 600 ha pour sans doute des services rendus, tout comme un illustre inconnu de l'agriculture qu'un président de club influent du Sahel avait introduit dans le cercle des privilégiés pour le faire bénéficier de 600 ha du côté d'El Ksar, sur la route de Béja.
La liste des rapaces est longue, très longue, mais ce qui est plus ahurissant, ce sont les étendues de ces fermes. Peut-on imaginer qu'en Tunisie, une seule personne puisse exploiter plus de 3.000 ha ? Des superficies à l'américaine, bien sûr, mais puisqu'il s'agit là des domaines de l'Etat, eh bien tout est permis pour satisfaire les caprices de la famille régnante et de ses sbires, qui sont devenus une caste jouissant d'une immunité absolue, faisant des habitants, notamment de la région du Nord-Ouest, des khammassas de métier !
Le malheur, tout le malheur, est que ces terres ont été détournées de leur vocation, telles que ce périmètre irrigué se trouvant sur la route du Kef et juste avant le village de Slouguia offert à un ancien gouverneur de la Banque centrale et qui en a fait un domaine de vignoble pour raison de cuve, alors que ces centaines d'hectares avaient une vocation céréalière et maraîchère, d'autant qu'ils se trouvent dans un périmètre irrigué. La Tunisie, à ce qu'on sache, a besoin de blé, de légumes et de fruits et non pas de vin.
Cet exemple, parmi tant d'autres, illustre à quel point nos terres les plus fertiles ont été, sous l'ancien régime, bradées, mal exploitées et très mal gérées, de par les spéculations qui y sont pratiquées et qui ne cadrent pas avec les besoins réels de notre pays qui, pour combler le déficit alimentaire, dépense des milliards de dinars pour importer des céréales, du fourrage et, parfois, des légumes, telle la pomme de terre.
Cette politique, qui a fait faillite, devra être révisée. Et c'est une urgence pour que les pouvoirs publics se penchent sur le problème, afin que la terre revienne à ceux qui la travaillent et savent la respecter.
Une limitation des superficies des exploitations devra être imposée pour une gestion rationnelle et par là un rendement meilleur.
C'est toute une stratégie à élaborer pour que la Tunisie ne reste plus à la merci des aléas climatiques et des rebondissements des marchés.


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