Nos chaînes TV, tant publiques que privées, se sont mises à la faveur de la Révolution, au goût du grandiose événement. Nouveaux animateurs, décor de circonstance, etc. Mais le plus distinctif de ces améliorations aura été l'abandon de la langue de bois pour un discours franc et captivant. Voilà pour le côté jardin. Côté cour, il semble qu'on ait opté dans certaines chaînes, pour la solution de facilité en donnant la part belle au remplissage. Depuis le début des manifestations, trop de temps est consacré aux contestations, où chacun évoque son problème, et qui sont pratiquement les mêmes. Ce qui n'est pas sans engendrer parfois la cacophonie et la confusion, surtout lorsque deux ou trois personnes s'expriment en même temps. Il faut dire que l'opinion publique est assez édifiée sur leurs cas, dont la plupart sont, il est vrai, douloureux. Reste que le mieux serait qu'ils constituent un groupe et qu'un représentant aille défendre leur cause auprès de l'instance concernée. Une solution qui aurait plus de chances d'aboutir. On trouve, par ailleurs, amusant que certains jeunes invités sur le plateau pour un débat se sentent “amoindris” lorsqu'ils se trouvent en présence d'adultes d'un certain âge. En d'autres termes, le message qu'ils essaient de faire passer à ces derniers, en termes voilés, se résume ainsi : “Laissez-nous notre révolution, la jeunesse d'aujourd'hui n'est plus celle des années 1970 et nous sommes capables de nous prendre en charge seuls”. A relever aussi la manie qu'ont certains animateurs d'interrompre à tout bout de champ un invité, juste pour montrer qu'ils sont là. C'est le cas d'une nouvelle animatrice d'une chaîne privée. Alors, ayez un peu plus de tact, on se distingue mieux en mettant son vis-à-vis à l'aise et en exergue. Et puis quand il s'agit de poser des questions, il faudrait surtout éviter celle-ci : “Le mot de la fin”, parce qu'on montre qu'on a épuisé toutes ses ressources et qu'on attend que l'interviewé lance une bouée de sauvetage.