Lors d'une conférence de presse à l'hôtel International à Tunis, M. Néjib Chebbi, ministre du Développement régional et local, a annoncé, hier, sa démission du gouvernement provisoire. Le leader historique du Parti démocratique progressiste (PDP) a indiqué que cette décision a été prise suite à une entrevue que lui a accordée le nouveau Premier ministre, durant laquelle M. Béji Caïd Essebsi lui aurait annoncé que les ministres du gouvernement provisoire n'auraient pas le droit de se présenter à aucune élection (ni présidentielle ni législative). Le ministre démissionnaire a expliqué que sa décision mûrissait depuis quelques jours du fait de l'impossibilité du gouvernement à établir un agenda politique en direction des élections, et des hésitations et du flou qu'il montrait en cette période cruciale où le peuple attend des décisions. Pour M. Chebbi, il apparaît, suite à son entretien avec le nouveau Premier ministre, que «le gouvernement a décidé d'obéir aux conditions posées par le sit-in de La Kasbah». «J'ai cru en la continuité de l'Etat, sans qui on tombe dans le chaos», a-t-il lancé. Rappelant que personne dans le pays ne peut se prétendre plus attaché que lui à la naissance d'une nouvelle Constitution qui rétablirait l'autorité du pouvoir législatif, sa représentativité, son indépendance et son contrôle vis-à-vis du pouvoir exécutif et du président de la République, à travers une Assemblée constituante élue démocratiquement par tous les Tunisiens. L'orateur a indiqué que sa déclaration à ce propos qui appelait de ses vœux une 2e République, a été publiée sur les colonnes du journal du PDP, El Mawkef, début 2010, et souligné l'importance du rôle des partis politiques dans l'encadrement des citoyens pour une démocratie effective. Enfin, le ministre démissionnaire a attiré l'attention sur les risques d'un passage direct à des élections législatives en vue d'une Assemblée constituante, sans passer par des élections présidentielles conformes à l'article 57 de la Constitution, estimant qu'une telle démarche mettrait la Tunisie aux portes de l'inconnu. Surtout si, comme il semble avoir compris, il n'y a pas prorogation du mandat de M. Foued Mebazaâ qui prend fin le 17 mars 2011.