Par Nouredine BEN MANSOUR* Pour assurer aux différentes régions de la république un développement accru et assuré, il serait nécessaire de mettre en place une instance décisionnelle régionale. La réussite de cette instance dépend de plusieurs facteurs. Elle doit être indépendante et avoir comme tâche et activité le développement économique dans son sens large. Il convient de reconnaître justement que le déséquilibre régional en Tunisie s'est amplifié d'une façon alarmante à travers les années, car on n'a jamais donné de l'importance à ce phénomène. On a laissé ces régions s'engloutir dans la misère sans qu'on ne leur prête aucune réelle attention pour leur développement. Aussi, les situations sont devenues, en quelque sorte, catastrophiques parce qu'on n'a pas de pouvoir décisionnel aux différentes régions, faute de décentralisation réelle et indépendante. Pour que le développement régional réussisse, il est nécessaire de définir quel type de décentralisation dans les régions il faut instaurer. Aussi, il est important et primordial de bien distinguer entre une décentralisation politique et une décentralisation administrative. Sans une nette distinction entre ces deux types de décentralisation, on ne peut jamais avoir une politique de développement réussie. La Tunisie a besoin aujourd'hui, plus que jamais, de régions compétitives afin de satisfaire en temps réel leurs besoins. Dans l'état actuel des choses et vu la situation critique dans certaines régions, il est devenu nécessaire et urgent de trouver des solutions rapides et durables, génératrices de richesses et d'amélioration du niveau de vie. Assurer un développement régional compétitif n'est réalisable qu'en optant pour des ajustements réfléchis et appropriés pour chaque région tout en arrêtant les spécificités et les priorités de chaque région. Tout responsable du développement régional doit bien saisir que plusieurs défis surgissent tout au long du processus de ce développement d'où la nécessité d'apporter les corrections stratégiques à temps. Oublier ce facteur signifie que le développement régional aura sûrement un impact négatif sur les politiques macroéconomiques et structurelles. Avant toute action au profit d'une région, on doit absolument éliminer les éléments nuisibles et les obstacles structurels à la croissance durable. Une entente entre les divers intervenants responsables du développement régional s'avère obligatoire, et ce, pour ne pas créer une sorte d'opposition, d'indifférence et de ralentissement. Un potentiel à mieux exploiter La Tunisie est appelée à avoir une nouvelle politique de développèrent régional pour pouvoir améliorer les performances économiques du pays dans son ensemble. Une nouvelle orientation sur d'autres bases qui tienne compte des objectifs prioritaires du pays tout en identifiant les chemins qui mènent réellement à la généralisation des richesses. Ainsi, il est stratégique d'exploiter le potentiel des régions et de créer de petites entreprises en développant des activités innovantes et novatrices tout en appuyant une nouvelle stratégie des connaissances et des technologies qui soit plus efficace. On oublie souvent que le développement régional, quel que soit le niveau du pays, est tributaire, en premier lieu, de l'établissement de contacts directs et de communications rapides entre les autorités locales, les chefs d'entreprise dans leurs différents niveaux, les scientifiques universitaires et les institutions de formation. L'accord, la coopération et l'entente de ces parties sont nécessaires pour un développement régional d'avenir. Pour que les projets de développement régional, surtout ceux qui sont programmés d'avance, soient couronnés de succès palpable et immédiat, il est nécessaire que les richesses et les atouts des régions soient bien définis d'une manière scientifique en établissant, avec sérieux et précision, des fiches projets. Toute démarche de création de la richesse dans n'importe quelle région du pays doit s'inscrire dans l'action globale de la macroéconomie et la création régulière de nouveaux postes d'emploi. La nouvelle politique du développement régional à adopter pour l'avenir ne doit pas se limiter à l'approvisionnement en eau et en électricité, comme il se faisait autrefois, ainsi que les aides insignifiantes à l'occasion des fêtes religieuses. Tout au contraire de cette politique «publicitaire», la nouvelle politique doit être inscrite dans le cadre de la recherche d'une meilleure vie et une citoyenneté d'égal à égal. Elle visera, essentiellement, à donner la possibilité aux populations des régions de l'intérieur du pays de tenir leur propre développement en main. Il faut leur trouver en urgence et en priorité les solutions, adéquates et rapides, des causes profondes de leur vulnérabilité, notamment l'accès à l'emploi. On doit bien aller de l'avant dans le processus de la démocratie, et ce, pour pouvoir donner un nouveau souffle qui permettra de renforcer le cadre institutionnel, de hisser la barre un peu plus haut pour augmenter les capacités des divers secteurs (privé et public), de faire rapprocher les programmes sociaux d'une manière qui concorde avec les besoins et surtout de faire respecter la dignité et les droits de l'homme à une échelle beaucoup plus large. Un système d'appui efficace On doit bien créer un système efficace d'appui et d'encouragement à la création de petites et micro-entreprises. Toutefois, l'on pense que ce qui fait actuellement défaut, c'est surtout le choix adéquat du type d'activité. Ce choix doit être coordonné avec la mentalité de la région d'implantation des futurs projets. Le choix des nouvelles activités génératrices d'emploi doit être fait selon une réelle analyse de la situation et les possibilités réelles du lieu d'implantation du futur projet. Dans tous les cas, on doit bien fixer les critères de création de nouveaux projets. Egalement, l'encadreur et le responsable du suivi de l'industrialisation doivent être des praticiens et non des bureaucrates qui se limitent aux études théoriques. On doit faire appel à de vrais spécialistes qui soient en mesure d' apporter du nouveau dans toutes les régions du pays. L'histoire nous enseigne beaucoup sur des situations de plusieurs événements économiques que le monde a connus. Malheureusement, plusieurs stratèges ou spécialistes en économie, aveuglés par leurs idéologies, qui n'acceptent pas les idées des autres, réécrivent lesdits événements à leur convenance. Ils arrêtent ainsi des stratégies quelque peu hâtives, sans tenir compte des exigences de l'avenir. Ils imitent tout ce qui se passe en Europe, tout en oubliant que les facteurs déterminants de l'évolution économique sont spécifiques à chaque pays. Cette vérité nous oblige à faire attention quand on a affaire à cette catégorie de stratèges. Fini justement le temps des manipulations publicitaires et des chiffres erronés avec lesquels plusieurs responsables économiques et industriels nous ont bombardés. Il y a beaucoup de petits projets rentables et innovants. Ce qui est important, c'est d'être précis et bon connaisseur en promotion de petits projets. Un programme de futurs projets ne serait réel qu'en faisant une étude sur le terrain pour identifier, définir et préciser ces projets avec les moindres coûts d'où on peut détecter des créneaux porteurs et d'avenir. La création des entreprises doit être faite selon la mentalité et la culture de la région. Il faut responsabiliser les futurs jeunes promoteurs et les intéresser d'avance tout en les encadrant d'une manière pratique et en les soutenant au moins au cours des cinq premières années, car selon les statistiques, environ 50% des entreprises nouvellement créées échouent durant leurs cinq premières années.