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10 millions de présidentiables ? Et moi ! Et moi ! Et moi !
opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 03 - 2011


Par Aboubaker MAGHRAOUI
A regarder le paysage politique qui se dessine en Tunisie ainsi que le nombre de partis politiques qui ont été officiellement légalisés (31) ou qui ont obtenu leur récépissé, on ne peut que faire trois hypothèses :
1) La Tunisie est le berceau de la démocratie dans le monde. Nous avons un potentiel de dix millions de présidentiables sans que nous le sachions.
2) Il y a dans les esprits une profonde confusion entre ce qu'est un parti politique et ce que sont les associations et autres formes d'expression de la société civile.
3) Il n'y a dans les esprits aucune confusion et nous assistons là à une course d'intérêts personnels maquillée sur fond électoral.
Nous sommes, aujourd'hui, dans un pays où les libertés d'expression et de pensée sont toutes deux garanties. Il est donc normal que nous nous interrogions sur ce phénomène d'explosion de création de partis auxquels nous assistons. Je demeure convaincu qu'il serait naïf de considérer que cette kyrielle de partis politiques que nous voyons naître ne sont que l'expression d'une vie politique et démocratique enfin retrouvée. Ce phénomène s'explique, à mon sens, par deux causes que j'ai énumérées précédemment.
Commençons tout d'abord par lever la confusion pouvant exister entre l'identité et le rôle des partis politiques dans une société démocratique d'une part, et ceux relatifs à la société civile, d'autre part. Un parti politique est une organisation politique de personnes qui s'associent afin de se faire élire, d'exercer le pouvoir et de mettre en oeuvre un projet politique ou un programme commun. La finalité d'un parti politique est donc de se faire élire et de gouverner.
La société civile quant à elle, est définie par l'Unesco comme étant l'auto-organisation de la société en dehors du cadre étatique et commercial. Les associations, de par leur qualité de représentants de cette société civile agissent comme un moteur puissant de l'action démocratique.
Ainsi, nous constatons que la première sphère d'expression de la démocratie devrait être la société civile. Contrairement aux partis politiques dont le but ultime demeure la conquête du pouvoir, la société civile en est désintéressée. Le développement logique de la révolution tunisienne devrait donc être la construction et l'enracinement d'une société civile forte, au travers de la création de nouveaux syndicats, d'organisations non gouvernementales et d'associations. Pourtant, nous assistons aujourd'hui à une logique inverse et le constat demeure amer. Il serait plus qu'intéressant, pour étayer cela, de comparer le nombre relatif à la création de nouveaux partis à celui de la création de nouvelles associations en Tunisie depuis le 14 Janvier 2011. Le paradoxe est tel qu'il est désormais peut-être plus simple de créer un parti politique en Tunisie que de créer une simple association.
Je ne comprends donc pas l'attitude de toutes ces personnes qui s'érigent comme les nouveaux défenseurs de la démocratie et qui se voient déjà remplissant les sièges de nos assemblées. Tous ces créateurs justifient leurs actions en se positionnant comme représentants du peuple (ou pire encore en s'appropriant la révolution pour lesquels des centaines de Tunisiens ont donné leur vie). Mais est-ce vraiment le cas ? Se sont-ils au moins concertés au préalable afin d'éviter un émiettement d'idées ? Un parti nécessite des programmes politiques, économiques, sociaux, des équipes, des cadres rompus à la vie politique et prêts à assumer demain les plus hautes fonctions étatiques mais également la capacité à drainer des financements qui leur permettront de mener leur campagne, de se faire connaître et de se donner les moyens de leurs actions. Je doute que les 31 nouveaux partis créés répondent tous à l'ensemble de ces critères.
Pourtant, je n'ose imaginer que toutes les personnes de bonne volonté, prêtes à faire don de soi au profit du salut de la nation et de la démocratie ne se soient pas posé ces mêmes questions que j'évoque. Cela m'amène à mon dernier point.
Cette fièvre politique dont les symptômes se manifestent par la création frénétique de nouveaux partis n'est pas si désintéressée que cela. Il est aujourd'hui de notre devoir de nous demander si tous ces futurs leaders d'opinions ne cherchent pas également à servir leurs propres intérêts personnels, à faire tout simplement carrière plutôt que de servir des idées et des causes.
Alors que les listes politiques s'agrandissent, notre société civile, elle, demeure toujours aussi fragile. Les créateurs d'associations et les défenseurs de la société civile mériteraient que l'on se focalise davantage sur leurs actions. Ils agissent loin des lumières du Capitole mais leurs actions sont durables. Ne nous détrompons pas, «une société civile forte est la meilleure garantie d'une démocratie vigoureuse». Toute cette énergie employée à créer de nouveaux partis pour espérer exister sur la scène de demain devrait être convertie dans la création d'associations de tout genre, dans le combat pour la société civile car n'oublions pas que certains partis profiteront demain d'assises solides dans la société civile. Ils sont organisés de telle sorte qu'ils répondent déjà aux carences de la société civile, encourageant par là l'amalgame existant.
Le combat contre l'autoritarisme, l'extrémisme et l'obscurantisme ne se gagnera pas sur les plateaux de télévision mais dans l'action concrète visant à la construction et la consolidation de la société civile.
Le développement régional, la lutte contre les inégalités, la protection de nos libertés et la défense de nos droits sociaux ne sont pas des affaires politiques et gouvernementales mais des défis quotidiens auxquels nous devons répondre par la création d'associations et autres organisations non gouvernementales.


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