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La jeunesse, la nouvelle Constitution et la nouvelle République
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 09 - 2011


Par Abderrazak Attia
Au mois d'octobre 2010, soit un mois et demi avant le déclenchement de la révolution, j'ai publié dans l'hebdomadaire Réalités (n°1295 du 21-27/10/2010) un article sous le titre «le monde et la problématique de la jeunesse» où je pointais du doigt les régimes politiques qui, sous prétexte d'encadrer les jeunes, «manipulaient en fait, la jeunesse en la plaçant au cœur de la manœuvre politique». En écrivant cet article j'avais particulièrement en tête le cas de la Tunisie où le régime en place avait créé, de toutes pièces, un soi-disant parlement des jeunes, tout à fait à l'image de l'ancienne Assemblée nationale, pour pérenniser pensait-il, le régime du parti unique !
Paraphrasant cette citation de Paul Valéry disant ceci : «Deux dangers menacent le monde, l'ordre et le désordre», j'avais alors souligné que «la responsabilité sans la liberté ne peut conduire qu'à un ordre biaisé» tout en concluant qu'il ne faut en aucun cas que «le train qui conduit la jeunesse ne puisse aboutir à l'une ou l'autre de ces impasses».
Le 17 décembre 2010 c'est bien la jeunesse qui a déclenché la révolution en Tunisie après que le jeune Mohamed Bouazizi eut donné l'exemple du sacrifice suprême en refusant de se soumettre à l'arbitraire et à l'injustice de la dictature. Tout le monde convient, aujourd'hui, que la révolution du 14 janvier 2011a changé la donne politique et stratégique au niveau national, régional et international. Elle a servi d'élément détonateur pour inspirer d'autres jeunesses dans le monde arabe qui n'ont pas tardé de lui emboîter le pas en s'engageant, elles aussi, sur la voie du combat pour la démocratie et la liberté. Nous avons le devoir de les soutenir et de les aider par tous les moyens pour qu'elles gagnent leurs combats pour la démocratie.
En Tunisie la voie est désormais ouverte à la société civile, longtemps ignorée ou embrigadée par l'ancien régime pour dire son mot dans les affaires de la cité, son organisation politique, économique, sociale et culturelle, et ce, dans une configuration démocratique où priment le droit, la justice, l'égalité, la protection des libertés et le respect des droits de l'Homme.
Nous avons observé également que depuis le 14 janvier 2011 des partis politiques de toutes tendances ont vu le jour et dont le nombre dépasse actuellement la centaine. Le paysage médiatique et le monde de l'information ont évolué dans le sens de la liberté d'expression et de presse, il reste toutefois beaucoup à faire dans ce domaine. Dans l'ensemble, il faut reconnaître que la période de transition que nous vivons a pris parfois des tournures dramatiques du fait des affrontements et évènements politiques, sociaux, sécuritaires, locaux et régionaux que connaît le pays.
L'une des raisons réside dans cette multitude de partis politiques, inexpérimentés pour la plupart, et sans programmes politiques réels et crédibles. Beaucoup les perçoivent comme des manipulateurs de l'opinion publique, chacun voulant la gagner à sa cause. Deux approches politiques divisent l'opinion publique, l'approche «idéologique» et l'approche « civile » sans compter les «partisans » de l'ancien régime qui ne veulent pas lâcher prise ! Autre sujet qui agite la scène politique est «la nébuleuse» question de financement des partis, ce qui a augmenté la méfiance de l'opinion publique à l'égard de ces partis, nouveaux acteurs de la vie politique.
Dans ce contexte, la question la plus importante qui se pose, aujourd'hui, et qui intéresse principalement tous les Tunisiens et l'opinion internationale est incontestablement l'élection de l'Assemblée constituante prévue le 23 octobre 2011 et l'élaboration d'une nouvelle Constitution.
Le peuple tunisien a déjà subi un premier test à travers l'appel aux inscriptions pour l'établissement des listes des électeurs à l'échelle du pays. Le résultat n'était pas du niveau souhaité ou attendu, puisque seulement près de 50% des électeurs se sont volontairement inscrits! Ce pourcentage ne reflète pas l'engagement d'un pays en pleine révolution et qui s'apprête, de surcroît, à fonder une nouvelle République, la première de son histoire, qui va être élue démocratiquement. Il s'agit là incontestablement d'un signal dangereux pour la réussite de cette révolution. Cette démobilisation est injustifiable et en tout cas inconcevable pour ce qui est de la jeunesse, celle-là même qui a allumé la mèche de la révolution. Ce semblant de désenchantement que l'on observe a plusieurs raisons dont beaucoup ont été évoquées, telles que la multitude des partis, la pauvreté de leurs discours, l'absence de programmes politiques réels et complets et de feuilles de route conséquentes.
A titre anecdotique, lorsqu'on entend sur un plateau de télévision un responsable d'un parti politique, qui se dit de surcroît «universitaire, économiste et expert international», dire que l'un des trois «objectifs stratégiques» de son parti est la libération des territoires palestiniens dans cent ans !!! On peut comprendre pourquoi le jeune Tunisien déchante, ceci au moment où il a besoin de toute sa lucidité pour participer à la définition du nouveau cadre de la vie institutionnelle de son pays pour pouvoir aspirer à une vie plus juste, plus digne et plus libre. En effet, les enjeux de la nouvelle étape sont clairs : il s'agit de l'élection de la nouvelle Assemblée constituante et de l'élaboration de la nouvelle Constitution du pays. Ces deux questions sont intimement liées en ce sens que les élus qui vont siéger au sein de l'Assemblée constituante seront ceux-là mêmes qui auront la charge d'élaborer la nouvelle Constitution. Il importe, dès lors, que chaque électeur et chaque électrice soient parfaitement édifiés sur l'appartenance politique des candidats en question pour pouvoir voter, en connaissance de cause, pour tel candidat ou tel autre. C'est à ce niveau que le rôle des jeunes et de la société civile s'avère être le plus indispensable durant toute la période pré-électorale. Il est impératif, en effet, que les jeunes s'impliquent à fond dans cette opération, la plus décisive pour l'avenir du pays. J'appelle la jeunesse à méditer ce message adressé par Farhat Hached à Bourguiba qui se trouvait alors en exil à un moment stratégique de la lutte pour l'indépendance nationale et qui est libellé comme suit : «Vigilance encore, toujours et fermeté». La jeunesse tunisienne qui a déclenché la révolution, sa révolution, le matin du 17 décembre 2010 ne devrait pas baisser la garde en ce moment fatidique du parcours de la transition démocratique. En effet, la société civile (associations, ONG, Ligue tunisienne des droits de l'Homme ...) qu'on a vu monter en première ligne au début de la révolution, doit assumer une grande responsabilité dans cette étape cruciale de la révolution, en entreprenant des campagnes d'information et de sensibilisation à l'échelle de toutes les régions du pays, pour expliquer au peuple les enjeux de l'élection de l'Assemblée constituante et de la consistance de la nouvelle Constitution, en usant de toutes les méthodes pédagogiques et en se mettant au niveau du public; il ne faut pas que le terrain politique soit totalement libre pour que les partis politiques puissent en user et en abuser. Pour ce faire, il y a lieu de fixer certains repères et développer certaines réflexions qui pourraient être édifiants pour l'électeur :
- Avant la date du 23 octobre 2011, fixée pour l'élection de l'Assemblée constituante, tous les partis et les coalitions politiques qui vont prendre part à ces élections doivent présenter au public, dès à présent, leurs avant-projets de Constitution afin que les électeurs aient le temps nécessaire de les connaître, et d'en débattre pour être édifiés avant l'échéance électorale sur leurs conceptions et leurs orientations quant aux principes et valeurs qui les régissent et quant au modèle de société qu'ils véhiculent.
- Je recommande, pour ma part, à mes concitoyens de boycotter toute formation politique qui ne présenterait pas au public, avant l'échéance électorale, son projet de Constitution pour cause de non-transparence ; ce qui serait incompatible avec les principes démocratiques auxquels adhère tout le peuple. Il faut rappeler, à ce niveau, que la jeunesse et l'ensemble du peuple tunisien n'avaient qu'un seul mot d'ordre le 14 janvier 2011 «démocratie», ce qui veut dire que «la démocratie» constitue aujourd'hui le seul dénominateur commun qui doit être respecté par tous pour bâtir la nouvelle Tunisie, la deuxième République tunisienne. En d'autres termes, toutes les querelles idéologiques et politiques qui concernent le choix du modèle de société tunisien doivent s'estomper dès lors qu'on touche aux principes et valeurs de la démocratie défendues par la Révolution du 14 janvier 2011 car elle seule peut garantir toutes les libertés, y compris la liberté du culte.
- Un autre éclairage important doit être apporté et qui est relatif à l'avenir de notre pays et donc des nouvelles générations : il s'agit de la nouvelle géopolitique régionale et internationale et du positionnement de la Tunisie à cet égard. En effet, une des grandes retombées de la Révolution tunisienne est qu'elle a changé la donne politique et stratégique pour l'ensemble de la région et bien au-delà.
- Côté monde arabe, la vague des révolutions en cours, déclenchée par la Tunisie et que les médias appellent «le printemps arabe», va reconfigurer en termes géopolitique la région au niveau sud-sud dans le sens que le vent de la démocratie est en train de dessiner. Dans ce cadre, les relations interarabes seront autres que celles existantes aujourd'hui.
Quelle configuration pourrait avoir l'organisation du monde arabe et quel poids politique et économique pourrait-elle représenter ? Quel est l'avenir des relations euro-méditerranéennes et euro-arabes du fait que le vent de la démocratie qui souffle sur la rive sud de la Méditerranée va inéluctablement changer les termes de référence de ces relations ?
De fait, on ne sera plus dans le schéma d'une Europe qui exerce constamment des pressions politiques sur les pays sud-méditerranéens pour qu'ils respectent les droits de l'Homme et les libertés démocratiques et qui conditionne son aide financière et économique par les progrès accomplis par les uns ou les autres dans ce domaine. On sera, plutôt, dans le schéma du basculement des dictatures arabes vers la démocratie dont la Tunisie en est l'initiatrice, lequel basculement va devoir rapprocher les nouvelles démocratie des anciennes pour renégocier de nouvelles relations sur de nouvelles bases plus justes et plus égalitaires. A cet égard, la Tunisie pourra jouer un rôle politique majeur dans la région, en étant le premier pays à avoir réussi sa transition démocratique.
- Une autre approche soutenue par un courant d'opinion d'ordre idéologique voudrait plutôt préconiser une sorte «d'autarcie politique et économique» du pays avec une ouverture limitée au monde arabe et islamique.
Entre ces deux approches il y en a une, la première qui nous permet de regarder vers l'avenir en nous ouvrant de nouvelles et larges perspectives pour mieux servir notre pays et nos générations futures, et la seconde qui croit pouvoir faire avancer le pays tout en continuant à regarder vers le passé. Cela étant, rien ne s'oppose à ce qu'on diversifie nos débouchés extérieurs de par le monde pour autant qu'ils soient compétitifs et qu'on se positionne sur des créneaux de haute technologie. C'est là, à mon sens, le combat de nos générations actuelles et futures qui doivent donner un sens à notre révolution et à l'avenir de notre pays car les peuples ne se nourrissent pas d'idéologie et l'histoire récente du monde nous l'a suffisamment appris, hélas!
- Enfin ma dernière proposition que je juge indispensable pour nous prémunir contre les aléas du futur est celle de prévoir dans la nouvelle Constitution un article disposant que tout amendement de la future Constitution doit se faire exclusivement par voie référendaire pour couper court à tout esprit malveillant qu'il appartienne à l'exécutif ou au législatif.


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