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Regards sur une révolution
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2011


Par Chokri Jaoua *
Le peuple tunisien n'a pas fini de nous étonner par son courage, son hospitalité, sa générosité, sa culture, son émancipation, sa modernité, son ouverture sur le monde. La perfection de l'âme, nous enseignait déjà Ibn Khaldoun, vient justement de la rencontre avec les autres, ceux qui ne sont pas de ma culture ou religion, ceux qui vivent et pensent autrement que moi.
Pendant des siècles, la Tunisie s'est enrichie de sa diversité, de la coexistence de races, de religions, d'identités multiples qui ont partagé avec nous leurs traditions, leurs coutumes, leurs cultures, dans une complicité très belle à voir, qui se perpétue encore aujourd'hui par les échanges entre nos communautés et qui font de nous des Arabes, des musulmans nourris d'Occident, cultivés, tolérants, cosmopolites.
La parenthèse de 23 ans que nous venons de vivre, ce malentendu qui nous fait honte, nous a éloignés de ces nobles valeurs et nous a enfermés dans l'obscurantisme, le clientélisme, l'affairisme, la corruption, dont on ne voit pour l'instant que la face émergée de l'iceberg. La face cachée sera révélée par la justice et surprendra, par son ampleur, l'imaginaire de tout un chacun, de tout Tunisien.
Revenons tout simplement aux nobles valeurs qui sont les nôtres. Laissons de côté la gangrène qui a pourri notre vie, faisons confiance en notre justice et à ce gouvernement provisoire pour mener à bien cette transition, pour réapprendre à vivre ensemble, dans le calme, dans le respect de l'autre, dans la tolérance, dans la liberté. Méfions-nous de Marion qui pleure, Marion qui crie, Marie qui veut qu'on la marie… pour reprendre le titre de l'excellente chronique du dimanche 6 mars 2011 de Sadok Belaïd, laquelle illustre parfaitement l'opportunisme des politiques qui, avec des mots, rien que des mots, sans programme, sans vision pour la Tunisie, sans compétences dans leurs équipes, veulent nous gouverner et perpétuer des dictatures, sous d'autres formes. Laissons les urnes trancher, le 24 juillet 2011.
Nos politiques manquent de quelque chose d'essentiel, de coffre comme on dit, d'étoffe, de carrure qui ne s'acquièrent qu'avec l'exercice du pouvoir, l'expérience. Regardez comment le nouveau Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, a convaincu, impressionné tout un peuple par son talent de communication. Il nous a gratifiés d'un discours où se mêlent mémoire, souvenirs, métier, coquetterie, tact, humour, finesse, élégance, esprit, humilité, modestie, courtoisie, inspiration, franc parler, sincérité, séduction. Un moment intense, exceptionnel qui a capté l'attention de tous les Tunisiens, excepté Marion. On dirait une fresque, une peinture respirant la vie, une partition, une symphonie. Si Béji, vous nous avez rendu notre enfance. Par moments, j'avais l'impression d'écouter Bourguiba, que Bourguiba n'était pas mort et il ne l'était pas, ce jour-là.
La composition était excellente, la vérité, le naturel ont été réinventés, recomposés selon nos désirs, nos rêves les plus fous. Le vrai politique est celui qui a le don de donner au rêve une réalité, d'illuminer les esprits, de nous réconcilier avec nos valeurs, avec la vie et je pense que Béji Caïd Essebsi a réussi à répondre aux attentes de toute la société tunisienne, avec sa complexité, ses difficultés, ses espoirs.
Mohamed Ghannouchi que j'avais qualifié de Premier ministre en or, dans un précédent article, n'a pas finalement réussi à mener à bien cette transition, faute d'expérience politique. Il était devenu ministre sous Ben Ali, puis Premier ministre, mais est resté un technocrate compétent certes, parlant le langage des chiffres, froids, têtus, implacables de réalité et de vérité qu'une majorité de Tunisiens ne voulaient manifestement pas entendre, sans qu'elles ne soient accompagnées de rêves.
Le gouvernement Ghannouchi a souffert d'un déficit de communication que Béji Caïd Essebsi a vite comblé, l'espace d'une seule et unique conférence de presse, parce que le nouveau Premier ministre est avant tout un politique qui avait beaucoup appris de Bourguiba, un orateur hors pair et un politique exceptionnel, malgré ses erreurs, ses excès. De Ben Ali, par contre, on ne pouvait rien apprendre, inculte qu'il était, d'autant qu'il avait créé le vide autour de lui.
«Je ne mangerai plus de cerises en hiver», voici un adage dont notre peuple devrait s'inspirer et apprendre que chaque chose vient en son temps, que tout, tout de suite mène droit au mur, que «dégage» a fait son temps et qu'il s'agit maintenant de s'engager pour produire, créer de la richesse, de la croissance pour pouvoir gagner les vrais paris de la Tunisie, l'emploi, la dignité, la liberté, la tolérance. Sans croissance, on ne fera rien de bon, le pays s'engouffrera de nouveau dans l'impasse, le chaos, l'insécurité, autant de maux dont on voudrait sortir par le haut en construisant une Tunisie où il fait bon vivre. La Tunisie est déjà exceptionnelle par sa beauté, son histoire, son climat, ses lumières, sa modernité, son émancipation et elle le sera davantage en devenant l'exemple à suivre dans le monde arabe. La Tunisie a déjà exporté sa révolution en Egypte, en Libye où Kadhafi finira par tomber et bien d'autres pays suivront. Tout comme, je l'espère, la Tunisie exportera plus tard son modèle économique, politique, social.
La Tunisie est en mesure de briller de mille feux, d'émerveiller, d'impressionner, de devenir l'exemple à suivre. Il suffit tout simplement d'y croire, de rétablir l'ordre, de se remettre au travail, à la recherche du temps perdu ou du temps retrouvé, titre que j'emprunte à Proust.


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