En invitant les membres du corps diplomatique accrédités à Tunis à un road show dans le Sud tunisien, Mehdi Haouas, ministre du Commerce et du Tourisme voulait donner aux diplomates une autre vision des régions intérieures du pays que celle d'un grand camp retranché, flanqué de barbelés et de dizaines de policiers. Par le biais d'une telle action, il comptait entrouvrir toutes les lucarnes essentielles à une relance rapide du secteur, notamment en exhortant les pays émetteurs à lever définitivement toute forme de restriction au voyage à destination de la Tunisie. En effet, le ministre a indiqué au cours d'un point de presse, que cette initiative «est là pour concrétiser le vœu formulé par des professionnels en désarroi et qui ont appelé à sensibiliser les diplomates en poste à Tunis afin de lever les restrictions au voyage dans le Sud et les régions intérieures du pays». L'objectif étant de venir en aide à un produit exsangue. «C'est au cours d'une visite qui avait pour but d'identifier les leviers d'action rapides pour aider le gouvernorat de Tozeur et de Kébili à sauver son tourisme que l'un des professionnels présents a exprimé son vœu de la levée de la restriction au voyage dans la région. Nous sommes certains, a-t-il dit, que si vous faites venir les ambassadeurs, ils convaincront leurs gouvernements de lever les restrictions au voyage dans la région. Nous avons relevé le challenge et ce fut une réussite totale. Sur les 44 ambassadeurs invités, on a eu 37. Ils sont tous ravis. Et je pense qu'en rentrant, ils vont décrire la situation telle qu'elle est». Interrogé sur les moyens alloués pour venir en aide à un secteur exsangue, le ministre a indiqué qu'il a «fortement augmenté le budget» en le multipliant par quatre tout en diminuant «le temps des actions à engager». Il s'agit pour l'essentiel d'une cagnotte de soixante millions de dinars «alloués à la promotion pour faire en sorte que la saison se relance» et d'une deuxième tranche comportant une enveloppe équivalente pour le marketing et les actions de prospection classiques. «C'est un budget très conséquent par rapport à ce qu'on a l'habitude d'avoir avant et raisonnable par rapport aux objectifs assignés. Il faut avouer que l'équipe travaillait avec peu de moyens. On essaye donc de leur donner les moyens de leurs ambitions», assure le ministre. Evoquant sur le bout des lèvres des chiffres qui frôlent la sinistrose, le ministre insiste sur le fait qu' il y a deux façons de décrypter les chiffres. Il y a d'abord «ce qui a été réellement perdu et irrécupérable (Ndlr: Les arrivées du mois de décembre, janvier, février) où on est en recul de 40%, sur des mois de réalisation relativement faibles» souligne M.Haouas. Sur un autre plan, il reste optimiste sur les chiffres en recul sur les réservations et qu'il estime «potentiellement récupérables». Certes, «on a perdu ceux qui réservent tôt. Cependant, les réservations de dernières minutes exploseront si on apporte des réponses claires à la question de la sécurité» indique-t-il. Toutefois, il avoue que les chiffres sur les réservations «sont d'apparence plus inquiétantes puisqu'on parle de -60 et -70%». Il n'empêche, le ministre croit dur comme fer qu'on peut «récupérer les réservations, on peut relancer la destination à condition de trouver les avions». Pour aller à l'attable du mal, de face en provoquant de nouvelles synergies, le ministre compte entamer la saison forte qui va démarrer sur le littoral au mois de mai en lançant une campagne d'envergure sur les marchés potentiels. «On va surfer sur la révolution comme capital affectif au service de la promotion de la Tunisie», souligne-t-il. D'ailleurs, le ministère du Commerce et du Tourisme se penche sur l'organisation d'un «voyage de jasmin» pour début mai en vue de recueillir des témoignages importants des amis de la Tunisie. Cependant, si la première difficulté demeure le conflit libyen qui a «voilé l'image du pays», selon le ministre, où «on a eu à faire face à une double peine si on prend en compte la crise humanitaire», la deuxième difficulté concerne l'aérien. En effet, récupérer la réservation, relancer la destination, sont toujours possible si on parvient à assurer le transport aérien. «C'est sur ce sujet là que nous allons prendre une décision très rapidement avec le ministre de l'Equipement et du Transport», a ajouté M.Haouas. En effet, en plus du problème de partage de risque sur l'aérien, le ministre fait allusion à l'entrée en vigueur de l'open sky. «C'est un processus engagé qui doit prendre place à la fin de l'année. Il va donner une autre image à la Tunisie. Nous avons beaucoup de retard et il va falloir nous remettre en course de la compétitivité sur le voyage», a-t-il souligné. Interpellé quant à la tenue cette année du pèlerinage juif de la Ghriba, le ministre a souligné : «La Ghriba est une tradition, l'accueillir et la faciliter est de notre devoir». Il a, par ailleurs, formulé le vœu de voir la grande communauté juive et les amis de la Tunisie perpétuer ce rite cette année aussi. Interrogé sur les menaces que pourraient présenter au tourisme, la légalisation des partis islamistes, le ministre a asséné qu'un «parti islamiste a le droit de cité» et d'ajouter que «la réponse à l'extrémisme est la bonne santé économique qui permet à tous les citoyens de pouvoir contribuer à la richesse». Il a rappelé que l'extrémisme était «l'épouvantail d'un dictateur qui voulait faire croire qu'il en était le rempart». Pour pallier aux baisses prévisionnelles sur le marché libyen, le ministre a révélé qu'une campagne Tv sur le marché algérien sera bientôt lancée.