Les temps ont bien changé pour une équipe qui occupait il n'y a pas si longtemps la grande scène footballistique Le Sfax Railway Sport, le plus ancien club sportif de Sfax et le premier à ramener à la ville un titre national, celui du championnat de Tunisie de la saison 1967-1968, sombre depuis quelque temps déjà dans l'oubli. Le club a perdu au fil des ans son aura et son lustre, pour rentrer tristement dans les rangs en Ligue 3 plus précisément depuis sa relégation de la «Nationale» à la division II, à l'issue de la saison 1994-1995. Triste date qui sonna l'amorce du déclin de ce club doyen de la région, et l'un des mieux organisés et des plus nantis à l'époque de sa gloire. On le citait souvent en exemple, pour les moyens dont il disposait, entre autres, un stade de football, celui du «Ceccaldi» rebaptisé stade «Ameur-Gargouri», en hommage à un grand homme qui a beaucoup donné au club, notamment au plan organisationnel et administratif. Ameur Gargouri a en effet réussi un excellent travail lors de la période où il avait présidé le secrétariat général du SRS. Un travail qui s'est poursuivi plus de vingt au durant, et qui en a fait un exemple, tant sur le plan de la gestion que de la discipline. Mais le SRS avait bénéficié aussi du soutien de la compagnie des chemins de fer Sfax-Gafsa qui l'avait parrainé, contribuant à en faire un club professionnel au sens propre du terme, avec notamment un budget consistant et l'embauche assurée pour tous ses joueurs de la catégorie seniors. Sans compter d'autres avantages… Des conceptions propices Toutefois, les choses ont changé depuis un certain temps, avec des besoins qui se sont multipliés. Dès lors, la subvention que la SNCFT, qui avait pris entre-temps le relais de la société des chemins de fer de Sfax-Gafsa, accordait au club, ne pouvait plus subvenir aux besoins d'un grand club de la dimension du SRS. Début de la descente aux enfers. Amor Madhi, international et une des figures de proue de la période de gloire qu'a vécue le club, précisément au cours des années 60-70 et 80, nous confie à cet égard que les avantages dont il bénéficiait à l'époque, comme tous ses camarades, l'avaient dissuadé de répondre favorablement à une offre consistante émanant du club français, Nîmes, et d'une autre d'une équipe américaine qu'entraînait André Nagy, le technicien hongrois qui avait fait du beau travail au SRS auparavant : «Nous n'avions aucun souci. Ni d'ordre sportif ni matériel, et l'ambiance de travail nous incitait à nous adonner à fond pour honorer nos couleurs». Il faut dire que la formation railwayiste comptait dans ses rangs de grands noms tels le regretté Romdhane, Chakroun, Nefzaoui, Fendri, Hafsi, Boussarsar et Madhi bien sûr. Ce fut l'époque de gloire du club. Ceux-ci ont beaucoup donné au SRS, comme au football tunisien. Madhi avait d'ailleurs réussi les deux premiers buts au stade olympique d'El Menzah lors de son inauguration à l'occasion des Jeux méditerranéens de Tunis (septembre 1967). Ce fut face à la Libye, score final 3-0 pour la Tunisie. Le troisième était l'œuvre du «Sang et Or» Machouche. Exode massif ! Mais l'amorce du déclin du club, comme le souligne Raouf Ghorbal, un ex-responsable de la section de football au SRS, c'était avec les autorisations accordées à certains joueurs convoités par des clubs plus huppés de changer de cieux : «J'avais beau tenter de m'y opposer, le président du comité, alléché par les solutions de facilité pour faire face aux exigences de plus en plus importantes du club, a fini par céder aux demandes incessantes des clubs qui se pressaient pour s'approprier les services de… Sami Trabelsi, Sami Daou, Imed Ben Younès, Hichem Jaziri, Farouk Trabelsi, Hafedh Soudani, Wissem Magtouf, Mehrez Rekik et bien d'autres», a-t-il précisé. «C'est le commencement de la fin d'un grand club qui faisait partie de l'élite nationale. D'autres joueurs ont ensuite emboîté le pas à ceux qui avaient été autorisés à changer d'air, comme Wissem Abdi, Abdelkader Khechache, Emir Akrout, Mohamed Boudabbous, Mehdi M'sakni, si bien que le SRS ne pouvait plus compter que sur des joueurs aux moyens modestes et qui n'avaient pas réussi à attirer la convoitise d'autres clubs plus huppés», nous a aussi confirmé l'ex-responsable du comité des supporters du club, Abdelhamid Tahri, très marqué par l'actuelle situation du club. Le bureau directeur actuel du club, avec à sa tête Mohamed Ben Jemaâ, s'efforce tant bien que mal à rebâtir l'équipe en comptant sur les jeunes du cru : «Cela nécessite du temps et de la patience. Mais avec le soutien du public railwayiste, quoique devenu très réduit, l'application des joueurs et leur attachement aux couleurs du club, on espère rebâtir une grande équipe», a expliqué le vice-président Karoui… Des problèmes persistants Pour le moment, le SRS est classé 4e en Ligue 3, à 9 points du leader de la poule. Sa tâche n'est guère de tout repos avec le départ de son entraîneur Riadh Charfi, lassé par tant de problèmes d'ordre matériel et technique. Il est d'ailleurs le second technicien à rendre le tablier cette saison après Nader Daoud. Ce n'est d'ailleurs là qu'un remake d'une situation devenue coutumière chaque saison. Pour quand le bout du tunnel?