S'il est un joueur pour qui la descente a été au final bénéfique, c'est bel et bien Wahbi Khazri. Pourtant, très touché moralement et physiquement en mai dernier après une saison cauchemardesque, le jeune milieu de terrain tunisien a su rapidement rebondir et réagir pour repartir de l'avant cette saison et continuer sa progression Considéré comme l'un des meilleurs joueurs de l'effectif bastiais la saison dernière, Khazri a souvent eu du mal à confirmer sur le terrain tout son potentiel. Pourtant, à l'intersaison, bon nombre de clubs de Ligue 2 se sont intéressés à lui. Il a choisi de rester et son choix aura été payant, puisque cette année, il réalise enfin une saison pleine et prouve que tous les espoirs placés en lui n'étaient pas le fruit du hasard. «Même s'il est vrai que chaque joueur aspire à jouer toujours à un plus haut niveau, il était impensable pour moi de quitter le Sporting après une descente, confie Khazri. C'est mon club formateur, celui qui m'a donné ma chance et si aujourd'hui j'en suis là, c'est grâce à toutes les personnes qui, dans le passé et aujourd'hui, m'ont fait confiance ici. Alors, il est clair pour moi que me retrouver en Nationale n'a pas été une régression dans ma carrière. Bien au contraire». Fidélité payante Une fidélité qui aura payé pour le jeune Franco-Tunisien qui réalise sûrement sa meilleure saison sous le maillot bleu. Et pourtant, depuis le début du championnat, on peut dire que Khazri a joué les «pompiers de service» au milieu de terrain. Tantôt utilisé sur le côté droit, tantôt en milieu défensif ou encore en meneur de jeu derrière un attaquant, il a évolué à tous les postes et a apporté à chaque fois satisfaction: «Ce n'est pas évident de changer souvent de poste, avoue-t-il. Pour trouver ses marques et ses repères, c'est plutôt difficile. Mais cette polyvalence imposée par le coach m'a permis de développer mon jeu, mon physique et surtout de prendre conscience de mes qualités. C'était une grande chance que de repartir dans un nouveau contexte cette saison avec un nouvel entraîneur. Je voulais prouver de quoi j'étais capable. Et avec le temps, je pense y être arrivé». Et de quelle manière ! Après un début de saison en demi-teinte, le natif d'Ajaccio a laissé exploser ses qualités, un soir de septembre 2010, lors d'un 16e de finale de Coupe de la Ligue à Sochaux. Titularisé contre toute attente en milieu relayeur, Khazri réalise un match énorme face à une des valeurs sûres de la Ligue 1: «C'est évidemment mon match référence cette année, même si au moment où le coach a annoncé l'équipe, je me demandais ce que j'allais faire à ce poste et, d'ailleurs, je m'étais fait chambrer un peu par mes coéquipiers avant le coup d'envoi. Et puis, tout a fonctionné et jouer à ce poste m'a permis d'étoffer mon bagage physique. Mais surtout de prendre confiance en moi, malgré quelques passages sur le banc des remplaçants ». Des passages difficiles à vivre lorsque l'on est footballeur professionnel, mais des passages obligés lorsqu'on évolue dans un collectif aussi rodé que celui du Sporting cette année. «Pour moi, il n'y avait aucun problème de ce côté-là car avec mes coéquipiers tout est clair et la concurrence très saine, assure Khazri. En revanche, mon passage en CFA 2 m'a quelque peu blessé». L'international espoir tunisien fait allusion à sa non convocation en équipe première lors de la réception du Paris FC, il y a une quinzaine de jours. Un retour en équipe réserve en amer mais, un retour qui a visiblement porté ses fruits et permis au joueur âgé de 20 ans de franchir un nouveau palier cette saison. «Me montrer indispensable» «Au début, j'ai pris ce retour en CFA 2 comme une sanction et je ne comprenais pas. Et puis, j'ai compris que la réserve avait besoin des pros aussi pour se sauver et qu'il fallait également tout donner pour cette équipe. Malgré ma déception, j'ai su aller de l'avant. Une expérience qui m'a renforcé et surtout donné l'envie de me surpasser pour montrer que même si aider la réserve est un devoir, je pouvais me montrer indispensable en équipe première ». Le résultat ne s'est pas fait attendre puisque, dans la foulée, la semaine dernière à Gap, Wahbi Khazri a réalisé son meilleur match de la saison en occupant le poste de meneur de jeu. Juste dans ses passes, sûr techniquement, vif, accrocheur et surtout vrai patron au milieu, il a tout simplement éclaboussé cette rencontre de son talent: «Je vous avoue que c'est le poste où je me sens le mieux. J'aime aller de l'avant et construire le jeu, et j'ai pris un plaisir énorme durant cette partie. J'avais à cœur également de prouver que je pouvais m'imposer à ce poste pour la fin de saison. Ce que nous sommes en train d'effectuer cette année est tout simplement énorme et je ne veux pas en rater une miette et être de la fête jusqu'à la dernière seconde».Une chose est sûre : avec un tel rendement Khazri ne semble pas prêt de quitter cette équipe. Et du côté des dirigeants bastiais, on serait bien inspiré de prolonger le contrat du jeune milieu de terrain qui se terminera la saison prochaine. Car avec une aussi grosse marge de progression, Wahbi Khazri pourrait être l'un des atouts forts du club pour 2011/2012 en Ligue 2…