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Parce que l'emploi est l'affaire de tous
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 03 - 2011


Par Hédi Belghith *
Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, parle le langage de la vérité. Bravo ! Tout le monde y gagnera y compris les jeunes sans emploi qui ont trop attendu et la Tunisie qui a perdu trop de temps. Oui, la Tunisie a perdu beaucoup de temps à esquiver les vrais problèmes, à éviter les analyses réalistes et donc à museler ceux qui en sont capables. Tout était censé aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. La Tunisie et ses hommes libres ont failli crouler sous l'oppression de la médiocrité qui régnait sans partage sur tout.
Le problème de l'emploi, difficile par ailleurs, n'a pas échappé à la règle. Il n'a quasiment jamais été traité avec la rigueur qu'il faut. L'approche du ministre est prometteuse. Souhaitons-lui courage et chance.
Parce que donc l'emploi est l'affaire de tous, je voudrais, à toutes fins utiles, présenter quelques idées.
Il est vrai que les moyens du ministère sont fort modestes ! Pourtant, les agents des bureaux de l'emploi relevant du ministère devraient constituer une véritable force de frappe contre le chômage. Ils sont censés connaître les entreprises de leurs régions respectives, une à une. Ils sont censés recevoir, conseiller et orienter les demandeurs d'emploi au mieux etc. Tâche gigantesque et à l'impossible nul n'est tenu ! Le renforcement des effectifs me parait donc inévitable et urgent.
Le projet Amal est une bonne chose. Mais, pour rompre avec le passé, les 50.000 jeunes ne seront pas seulement des listes d'individus, mais des dossiers bien renseignés, bien documentés. Ces jeunes devront être accompagnés et suivis notamment en période de formation et/ou de stage.
Il serait utile de créer un système de parrainage dans les entreprises où des demandeurs d'emploi sont admis en stage. Le système, dont l'objectif est d'améliorer le rendement des stages, fonctionnerait de la manière suivante. Chaque stage proposé par une entreprise, doit faire l'objet d'une fiche qui en précise les localisations géographique et hiérarchique, les objectifs et les tâches à réaliser. Le parrain est un cadre de l'entreprise (qui n'est pas nécessairement le responsable de stage), qui consacre une partie de son temps à encadrer le stagiaire, à le suivre, à identifier les difficultés qu'il rencontre pour bien profiter de son stage et à proposer les solutions pour y remédier (visite spécifique, documentation, formation, …). En relation avec le bureau de l'emploi, les solutions sont validées et exécutées. Les frais d'intervention du parrain, sont remboursés à l'entreprise sur la Taxe de formation professionnelle (TFP). Très tôt, si le parrain constate que le stagiaire n'a aucune chance d'acquérir une véritable expérience professionnelle dans cette entreprise et a fortiori d'y être recruté, il l'informe ainsi que le Bureau de l'emploi et, ensemble, ils adoptent une solution qui convient au demandeur d'emploi (changement du contenu du stage, changement d'entreprise, formation complémentaire, formation-adaptation …).
Pour les stages en entreprise publique où les recrutements sont réglementés, le stagiaire devrait pouvoir bénéficier d'une bonification sur la base d'un rapport de stage soutenu devant une commission où le Bureau de l'emploi est représenté.
Le même système devrait être appliqué pour les 10.000 diplômés du supérieur qui seront préparés à intégrer la fonction publique en 2012 : le parrainage, la fiche de stage, le suivi-accompagnement, le rapport de stage etc.
Mais, il faut bien le dire, les structures de l'économie de la Tunisie aujourd'hui, toutes choses étant égales par ailleurs, ne peuvent pas dégager suffisamment d'emplois pour résorber le nombre de demandeurs d'emploi.
La solution, si solution il y a, est le travail indépendant et la micro entreprise. Je développe cet aspect en me basant sur les résultats d'une enquête menée par l'Aneti, la BTS avec le concours de la Banque Mondiale. Le rendement des stages Sivp est de 30% alors que le taux moyen de survie des micros entreprises créées est de 60%. En outre un stage SIVP donne au mieux un emploi créé, alors qu'une entreprise crée en moyenne 1,3 emploi. Créer des entreprises est donc rentable. Où est le problème alors ? Il y en a en fait deux.
Le premier est sociologique et culturel. La société valorise davantage les professions libérales (médecin, avocat, …) et les emplois dans le secteur public, que ceux dans le secteur privé (quoique la situation évolue dans le bon sens) et encore moins le travail indépendant et la micro entreprise. Leur visibilité sociale n'est pas évidente. La solution ? Elle avait été développée déjà en 1998, lors de la Conférence nationale pour l'emploi. La société doit prendre en charge le processus de réhabilitation des petits métiers et de tout travail pouvant engendrer une source de revenu : valorisation dès l'école primaire, approfondissement de la réflexion à l'école secondaire, valorisation par les hommes de lettres, des «success stories» et de l'idée «petit projet deviendra grand», mise en relief par les médias de l'importance de l'autonomie générée même par une petite affaire etc. En fait, il faut tout mettre en œuvre pour que nos paysans tout comme nos cadres acceptent l'idée que leurs enfants se mettent à leur compte.
Maintenant, comment amener un demandeur d'emploi salarié à envisager la possibilité de devenir entrepreneur ? Cela est difficile, mais possible. Il faut leur parler le langage de la vérité. Souvent, cela suffit. J'en ai eu la confirmation dernièrement en discutant avec des demandeurs d'emploi à Kasserine. Ils semblent être réceptifs. Ils vont s'organiser en association pour canaliser les aides et le coaching.
Le deuxième problème est l'idée de projet. Amener un jeune demandeur d'emploi à envisager l'entrepreneuriat et lui demander de trouver une idée de projet est extrêmement difficile. Mais l'idée peut naturellement découler d'un stage approprié dans un environnement propice. Je pense que l'Etat peut créer une «locomotive» pour tirer l'entrepreneuriat. Un exemple sera développé dans un prochain article. Il se base sur la réorientation des achats publics, la création d'une centrale d'achats publics et la réorganisation du secteur de la maintenance.
Pour terminer cet aspect, je voudrais insister sur l'importance de l'essaimage, comme source inépuisable d'idées. Il me semble qu'il peut contribuer d'une manière significative à la solution du problème de l'emploi. Je crois que des possibilités de création de petites affaires par des entreprises publiques existent. Parions sur une action citoyenne (même pour les patrons non Tunisiens) : demandons à chaque entreprise privée ou publique, d'en essaimer une autre ! Demandons-lui de confier à un membre de son personnel (technicien, ingénieur, ou autre) la création d'une petite entreprise, dont elle serait cliente et de recruter un jeune diplômé en remplacement.
En tout état de cause, pour encourager davantage l'essaimage et pour plus d'efficacité, il est proposé d'en confier la gestion au ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle et de lui consacrer un service spécialisé pour en assurer la relance et le suivi grâce à des visites régulières aux entreprises. En outre, ce service pourrait prendre directement en charge les idées de projet des cadres des entreprises, lorsque la direction est défaillante. Enfin, il assurerait le suivi et le coaching des unités essaimées pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans.
Toujours pour diminuer le nombre des demandes d'emploi non satisfaites, il faut lancer des projets créateurs d'emplois. Le projet d'autoroute est stratégique. Mais, il faudrait un projet structurant des régions du centre et du sud. Je propose d'exploiter le projet de connexion des chemins de fer maghrébins, à cet effet.
Imaginons une ligne de chemin de fer à grande vitesse, traversant la Tunisie du sud vers le nord, passant le plus près possible de la frontière algérienne et à travers la dorsale. Imaginons une station touristique dans les hauteurs du Chaâmbi accessible par téléphérique. Imaginons un hiver neigeux au nord. Vous passez d'un climat chaud au sud à la neige en très peu de temps. Vous admirez des paysages formidables. Vous pouvez visiter le parc national Chaâmbi, respirer l'air de la montagne, visiter les sites archéologiques (Sbeitla, Kasserine, Haïdra …). N'y-a-t-il pas de quoi révolutionner l'économie de tout le pays ? Les agriculteurs du Centre Ouest auront un accès facile aux marchés de la côte et, pourquoi pas, au marché algérien.
Pour concrétiser ce rêve, il faut une décision politique. En effet, si le cahier des charges de l'étude de faisabilité du projet ne précise pas que le tracé de la voie doit passer par les villes de Kasserine et Sidi Bouzid, ou du moins, près de ces villes, la voie passera fatalement par le Sahel car, traverser la dorsale coûte cher.
Toutefois, tous ces efforts risquent de s'avérer insuffisants si nous ne traitons pas les flux. Il s'agit d'arrêter purement et simplement la «fabrication» de diplômés à faible employabilité. Le principe est de rendre l'établissement de formation totalement responsable de sa production. L'Aneti devrait d'ores et déjà, revoir l'information publiée pour chaque demandeur d'emploi : il faut y ajouter l'établissement de formation. Aujourd'hui, elle contribue à protéger les institutions incompétentes. Il faut que chaque établissement mette en place un système de suivi de ses diplômés permettant en plus de collecter les «feedbacks» relatifs à sa formation. Il faut aussi que le ministère de l'Enseignement supérieur adopte un système d'évaluation objectif basé sur le taux d'emploi des diplômés de chaque établissement.


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