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I pour imposture ?
Opinions - Lexique révolutionnaire à l'usage du Premier ministre
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 04 - 2011


Par Yassine ESSID
«L'ancien monde est déjà disparu, le nouveau monde n'est pas encore là, et dans cet entre-deux les monstres apparaissent». Antonio Gramsci
L'une des révélations majeures du soulèvement populaire en Tunisie fut l'absence, pendant toute la durée du mouvement, et malgré la brutalité de la répression, les rancœurs accumulées contre le régime et le nombre des victimes tombées au cours des affrontements, du moindre référent religieux ou idéologique. Les manifestants étaient restés suffisamment dignes pour refuser d'apposer leur identité religieuse ou nationaliste arabe sous l'étendard de leurs revendications sociales et politiques. Aussi leurs contestations restaient-elles confinées à des mots d'ordre réclamant d'autres valeurs, plus universelles, à des déclarations pragmatiques et concrètes plus consensuelles, suscitées avant tout par l'aggravation du chômage des jeunes, la dégradation des conditions d'existence ainsi que par le rejet de la dictature et l'exigence de démocratie. C'était plutôt un élan spontané de réappropriation du pays et de l'identité nationale qui était mis en avant par les protestataires, entonnant en chœur l'hymne national, n'agitant que les drapeaux tunisiens. Les chancelleries occidentales, longtemps persuadées qu'un soulèvement arabe serait islamiste ou ne le serait pas, ont été les premières à s'étonner du caractère non religieux de la contestation et la quasi-absence, sur le terrain, des fondamentalistes religieux de tous bords. Un constat aussitôt commenté par les trop nombreux observateurs occidentaux de la scène arabe, qui y virent un tournant majeur dans l'histoire de la société arabe, interprété comme «l'échec de l'Islam politique», sa disparition même, et la démonstration irréfutable qu'une révolution «post-islamiste» conduite par la «génération post-islamiste» était désormais en mouvement.
Il est vrai que pendant les manifestations, la religiosité politique était peu visible, alors qu'elle avait fait de l'apparence physique et vestimentaire la condition nécessaire de son mode d'existence politique. Mais cette défection n'avait qu'une visée tactique, ne rendant que plus laborieux son retour sur les devants de la scène, une fois la victoire obtenue et le vide politique amplement perçu par le public à travers la pléthore des partis en lice et l'éparpillement de l'opposition dite laïque. Les partisans des partis religieux savaient que leurs idées sont plus ou moins vaguement partagées par une partie importante de la population, qu'ils constituent une alternative d'autant plus sérieuse, qu'elle est structurée et organisée par rapport à des partis sans programmes ni direction, inintelligibles, qui se réduisent le plus souvent à une association d'individus. Restés en embuscades pendant toute la durée du soulèvement, les islamistes laissaient faire sans intervenir afin de ne choquer ni l'Occident, dont la peur de la subversion islamiste aurait pu contrarier le mouvement, lui faisant perdre le soutien de la communauté internationale et la sympathie de la presse occidentale, ni les Tunisiens, car l'intrusion des islamistes dans l'espace politique séculier aurait dépouillé le mouvement protestataire de sa cohésion idéologique, celle qui a galvanisé toutes les énergies au-delà des clivages politiques et sociaux, même si l'on admet que l'idéologie avance toujours cachée par la neutralité supposée de son langage.
Désespérés de voir les partis dits laïcs, sans assises ni programmes, l'emporter un jour, et craignant un raz-de-marée vengeur des islamistes, dont l'éclair des glaives bien affûtés, brandis contre la force impure, inspire l'effroi, certains en sont venus à espérer qu'un gouvernement intégriste élu consentira à adopter une ligne modérée en s'inspirant du modèle turc considéré comme un moindre mal et même un bien. Tunisiens et Tunisiennes y voient une alternative édulcorée d'un régime fondamentaliste devenant soudain endurable. Leur sentiment en est venu même à être corroboré par les déclarations consolantes et apaisantes quant à l'attachement des dirigeants islamistes à la démocratie, au sacro-saint Code du statut personnel et à la liberté, dissipant ainsi, au grand soulagement des Tunisiens, toute inquiétude déplacée, tout parti pris malvenu. Sauf que nous ne sommes pas dans la configuration de la célébrissime série télévisée turque «Noor», où le bien-être, la liberté, l'ouverture démocratique semblent parfaitement compatibles avec les valeurs islamistes traditionnelles. Sauf que les intégristes tunisiens ne sont nullement des répliques du Stambouliote fortuné Mohannad dont furent tant éprises les téléspectatrices arabes. Enfin, faut-il encore le rappeler, le modèle turc n'est pas transposable car la Turquie, qui a entamé sa démocratisation dès les années 50, reste malgré tout constitutionnellement encore un pays laïc. Les Tunisiens, eux, n'ont jamais connu l'expérience de la démocratie.
Cependant, pour expliquer que la démocratie n'est pas une fin en soi, l'actuel Premier ministre turc Tayyip Erdogan, alors en campagne, avait déclaré, en 1992, dans un style métaphorique cher à ses partisans, que «la démocratie est comme un tramway, il va jusqu'où vous voulez aller, et là vous descendez». Autrement dit la démocratie n'était pour lui qu'un moyen et l'élection l'instrument commode permettant à la cause des islamistes de triompher. C'est alors, nous le craignons, en nous baladant dans l'histoire récente au Pakistan, en Afghanistan, en l'Irlande d'hier pour le christianisme politique, de voir, à l'arrêt final, que les citoyens, devenus soldats de la foi, se déchirent en autant de porte-parole de Dieu et le seul horizon serait alors la guerre civile.
Alors Monsieur Rached Ghannouchi ? Terminus aussi pour vous et que tout le monde descende ?


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