Le point pris à l'Espérance à Radès peut-il résoudre les problèmes de l'équipe ? Rien n'est sûr. Peu d'argent, beaucoup de patience et de véritables guerriers. Le point de parité ramené de Radès, le quatrième à l'extérieur en cette saison, a surpris plus d'un, et même le plus optimiste des supporters n'aurait pas parié un sou sur un tel «exploit». Surtout si l'on se réfère aux conditions qui ont précédé la rencontre‑‑:‑une seule séance d'entraînement, des joueurs démobilisés qui ont menacé de boycotter le match pour ne pas avoir reçu leurs salaires des trois derniers mois. Que dire de plus, sinon qu'à Gafsa, on craignait le carton plus que tout autre chose. Mais, c'est dans les difficultés qu'on réalise les exploits. C'est le cas de le dire pour El Gawafel qui a déjoué tous les pronostics en contraignant le leader au partage des points dans son fief et qui aurait pu rentrer avec les trois points. Pour Farhat Zarroug, coach-adjoint : «Je tiens à mettre en exergue la force mentale des joueurs qui ont laissé leurs soucis financiers de côté et répondu aux aspirations du public pour faire honneur aux couleurs du club.» C'est le trait marquant de cet ensemble gafsien qui a pris son mal en patience avec une métamorphose qui pourrait lui valoir d'autres satisfactions. Notre interlocuteur ajoute : «Certes, le nul arraché a fait l'effet d'une surprise pour les observateurs mais, à mon avis, le mérite revient aux joueurs qui ont fait preuve d'une grande application tactique. Le topo préconisé a bien marché. Il fallait paralyser l'animation offensive de l'adversaire en marquant de près ses «cadres» à travers le bloc avancé. L'entrée de Omrani dans le dernier quart d'heure était dans nos plans, car on savait que l'adversaire allait finir par concéder des espaces. Nous avions profité du huis clos car nous savions que les Espérantistes tirent leurs forces de leur public». La prestation époustouflante fournie à Radès a permis de découvrir les nouvelles potentialités du groupe : «Aujourd'hui, on peut se permettre des choix tactiques en fonction de l'adversaire, comme reconvertir un latéral en pivot, placer Belhaj en pointe ou revenir à un duo dans l'axe.» Des propos de Zarroug, se dégage la lecture juste de Ben Sassi qui a mis en place le topo adéquat face à des «sang et or» qui n'ont pu déverrouiller l'étau. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé. Dridi, la force montante Placé sur la liste des partants avant le mercato hivernal, Dridi a constitué la grande révélation de cette reprise. Après les deux buts inscrits face au CA, ce défenseur a émergé du lot contre l'EST. Son abattage et sa réussite dans le jeu aérien lui ont valu la palme du jour. Pris en charge par Ben Sassi depuis son arrivée, Dridi est devenu la pièce maîtresse d'une défense qui a donné des soucis au cours de la phase aller. Aujourd'hui, le staff technique peut composer autour de ce défenseur avec des choix variés. Il y a aussi Belhouch même s'il est appelé à contrôler ses nerfs. Mais le retour de Derbali serait une solution idéale pour se permettre le luxe d'une charnière centrale de qualité. Ladab : reconversion réussie Habitué à évoluer comme latéral droit depuis sa montée à l'étage supérieur, l'initiative de Ben Sassi de le reconvertir en pivot a prouvé le bien-fondé de ce choix comme en témoigne sa prestation de samedi dernier. Placé devant le Guinéen Cissé qui n'a pas démérité sur le flanc droit, Ladab porte bien sa nouvelle casquette. Un nouveau module pour l'entrejeu gafsien qui a réussi en se dressant en premier rideau défensif, l'une des clés de réussite face au leader. Crise financière : l'impasse Pour en revenir à la situation financière du club, c'est l'impasse. Hormis la rente du Promosport, El Gawafel n'a pas reçu d'argent depuis cinq mois et même les subventions locales des autorités régionales, de la CPG et de la société de transport régionale, tardent à renflouer la caisse. En cette phase de transition, on n'a pas le chèque facile et le président du club est laissé pour compte. Ses promesses suffiront-elles à calmer la grogne des joueurs ? Mystère et boule de gomme. Il faut avouer que EGSG a toujours souffert d'une certaine nonchalance de ses supporters qui tardent à lui tendre la main. Le SOS lancé par Faouzi Ktari pourrait-il réveiller les esprits ? Pas si sûr.