A l'Etat d'offrir le cadre juridique convenable, l'accompagnement financier, mais sans interférer dans le sport Considéré par le régime Ben Ali comme un secteur clé, non pas pour l'épanouissement de la jeunesse tunisienne, le sport a souffert, pendant plus de deux décennies, des magouilles du palais de Carthage. Le sport n'a pas donc échappé aux irrégularités les plus flagrantes. En témoigne le professionnalisme instauré dans le football et qui n'a pas mis trop de temps pour montrer ses limites. Certes, le titre africain remporté lors de la CAN 2004 a été utilisé à bon escient par l'ancien régime. La régression du football tunisien à l'échelle africaine, aussi bien au niveau de l'équipe nationale qu'à celui des clubs, est venue contrarier le régime, contraint à de nouvelles magouilles pour qu'il puisse continuer à instrumentaliser le sport dans la propagande du progrès et du développement qu'on nous racontait. Cependant, la rogne populaire qui a pris d'assaut les enceintes des stades, seul espace public resté relativement libre à l'expression populaire, a mis à nu toutes les défaillances politiques. Le fameux "bac+2" L'ancien parti au pouvoir, le RCD, a asphyxié les fédérations sportives par sa mainmise sur ces institutions, en nommant ses fidèles à leurs têtes, via des assemblées dites électives. Cette mainmise s'est consolidée par la rectification des statuts types des fédérations sportives, instaurés en 2009. Outre la nomination du tiers des membres, on a imposé, dans les nouveaux statuts, d'avoir un niveau académique équivalent à un bac+2, pour pouvoir briguer un poste de membre fédéral. Une imposition fort contestée par un bon nombre de dirigeants sportifs. Ali Ben Ayed, ancien membre de la Fédération tunisienne de boxe et du bureau directeur du Stade Tunisien, fait partie des contestataires des statuts de 2009 : "Etre dirigeant sportif est à la fois une passion et un don. Imposer le niveau académique de bac+2 est synonyme d'exclusion. Il y a une aberration dans les statuts actuels des fédérations sportives. Alors qu'on impose ce niveau académique aux prétendants aux postes de membres fédéraux, on en exclut les arbitres et les techniciens qui devraient figurer dans les commissions techniques. Egalement, un bon nombre des présidents et des membres fédéraux actuels sont issus du RCD. Révolution oblige, les bureaux fédéraux actuels sont dépourvus de légitimité. J'estime qu'il est nécessaire de remplacer les bureaux fédéraux par des commissions de gestion temporaires en attendant l'amendement des statuts et la tenue de nouvelles assemblées avec des élections libres", estime Ali Ben Ayed. Que l'Etat apporte son soutien logistique et financier aux fédérations, notamment celles des sports individuels, c'est nécessaire pour que le sport joue son rôle social. Ceci n'empêche que le processus démocratique doit également toucher les instances sportives en mettant un terme aux désignations, avec la constitution de bureaux fédéraux sur la base d'élections libres. A l'instar de la séparation instaurée entre l'Etat et les partis politiques, une séparation est également souhaitable entre l'Etat et les instances sportives.