L'instant est grave. Sur le grand écran, des images de Severiano Ballesteros défilent. Avec ces mots : "Hasta siempre, Seve" (Seve, pour toujours). Sur le central madrilène, Rafael Nadal, un ruban noir accroché au polo, et Manolo Santana, directeur du tournoi, ne cachent pas leur émotion. La veille, le numéro 1 mondial, au courant des nouvelles pessimistes entourant l'état de santé de son compatriote, lui avait rendu hommage en ces termes : "Seve est un grand, un modèle pour tous les athlètes espagnols qui ont eu la chance de le rencontrer et de jouer au golf avec lui." Des circonstances particulières. Des conditions indoor — toit fermé oblige — qui avantagent Roger Federer. Si le Suisse enchaîne double faute, coup droit hors cadre et revers boisé pour se faire breaker d'entrée (0-1 puis 0-2), ses décalages coup droit, ses revers, dont le lift est accentué par l'altitude, et sa volonté d'agresser en permanence ne tardent pas à fissurer le mur majorquin. Première alerte dans le quatrième jeu, sous la forme de trois balles de débreak. Les frappes de l'Espagnol manquent d'explosivité. Ses coups de longueur. Dans le huitième jeu, Rafael Nadal cède son engagement pour la première fois de la semaine (4-4). A 6-5 en sa faveur, Roger Federer s'offre une balle de set d'un superbe passing de revers croisé tout en délicatesse. Et conclut sur un coup droit croisé. Stupeur à la Caja Magica. Federer : des hauts et des bas Deuxième set, premier jeu. Roger Federer s'arrête de jouer, pensant la balle de Nadal "faute". L'arbitre lui donne tort. L'ex-numéro 1 mondial s'agace. Et pour cause... C'était une balle de break. Le regard noir, il parlemente encore au moment de prendre place pour retourner. Une image rare. S'il n'est pas dans un grand jour, Rafael Nadal gagne en intensité. Son "meilleur ennemi", lui, semble avoir perdu son fil conducteur. En panne au service (20% des points gagnés derrière sa deuxième balle), il multiplie aussi les fautes directes (16). Et la sentence tombe (6-1 Nadal). Sous les yeux de Pedro Almodovar... Troisième set. Sous les yeux de Pedro Almodovar, Roger Federer répète le scénario de la manche initiale : l'attaque à tout-va. Une tactique payante, une nouvelle fois, le détenteur du nombre de titres en Grand Chelem s'offrant une occasion de s'emparer d'entrée de l'engagement adverse. Une occasion qu'il laisse filer. A 2-1 en sa faveur, Rafael Nadal ne laisse pas passer la sienne (3-1). Agacé par des décisions d'arbitrage, tête baissée, le Suisse joue par intermittence (37 points gagnants, 45 fautes directes). Mené 3-5, il s'offre une balle pour recoller à 5-4. Et serre le poing. Un sursaut tardif, le tenant du titre alignant trois points de rang pour décrocher une quatrième finale à Madrid (après 2005, 2009 et 2010). Et un 37e succès consécutif sur terre battue.