• Notre souhait : «une communication moins impersonnelle» Les rumeurs concernant la suppression de la prochaine session du Bac ont eu beau être infirmées par le communiqué rendu public avant-hier par le ministère de l'Education, l'inquiétude persiste à ce propos aussi bien chez les candidats au bac que chez leurs parents. Des élèves nous ont contactés pour nous faire part de leur désarroi. Leurs interrogations ne s'adressent pas spécialement au ministère de tutelle. Le climat dans lequel ils évoluent au quotidien est à ce point perturbé qu'ils ont été souvent amenés à rater les cours, par peur de subir la violence latente. Déjà, en temps normal, nombreux parmi eux ont fait l'objet de fouilles par les agents de l'ordre qui les auraient malmenés, en les traitant de «suspects» et en usant de la force... «Nous sommes des élèves, pour nous démarquer des braillards, faut-il nous munir de badges pour nous préserver contre la maltraitance que nous subissons chaque fois que la rue est parcourue par des troubles?» Ces élèves sont: Rabii Laabidi, Ghada Khaldi, Rahma Ayari, Wael Mabrouki et Said Meslmi. Ils ont procédé à un sondage auprès de leurs camarades, dans d'autres lycées de Tunis. S'ils ne le disent pas clairement, un grand nombre parmi eux se montre favorable à la suppression du Bac! Pourquoi? La réponse est complexe. Nos interlocuteurs, loin de justifier cette attitude, ne font que l'interpréter : d'une part, la situation générale dans le pays a contribué à un relâchement du rythme des cours. Non seulement les élèves ont dû en rater certains, mais les profs eux-mêmes en ont été souvent empêchés. D'autre part, ce contre-temps n'a pas été sans diminuer le volume horaire des programmes scolaires. Au-delà de la question sécuritaire La question se pose de savoir: quelle serait la valeur d'un Bac dont le programme est resté inachevé et dont le cursus a été tronqué d'un trimestre entier? Il est tout à fait normal qu'il en sera tenu compte, au niveau de l'élaboration des sujets, de ces lacunes, mais ceci n'en présente pas moins un souci de voir la consistance et la crédibilité de la session dévalorisées...Autant d'interrogations qui surgissent à l'arrière-fond de la préoccupation sécuritaire. Sachant que des mesures de sécurité ont déjà été annoncées par le ministère et qui englobent tous les examens nationaux, les élèves estiment que l'allusion faite à ce propos par le Premier ministre du gouvernement de transition, dimanche dernier lors de la rencontre de presse, ajoute au flou qu'un simple communiqué du ministère de l'Education, rendu public le lendemain, ne saurait dissiper. «Un communiqué, relèvent-ils, est quelque chose d'impersonnel, de vague, ce que nous aimerions, c'est que le ministre de tutelle nous parle de ces mesures, les explicite pour nous afin que nous soyons confortés dans notre résolution à passer l'examen, et pour que ceux qui parmi nos camarades n'ont pu vaincre leur hésitation, soient rassurés et recouvrent leur confiance». L'avant-première du bacccalauréat est pour aujourd'hui, et plusieurs camarades sont déjà vaincus par la peur. Autrefois, nous étions loin de nous occuper de politique. Aujourd'hui, nous sommes malgré nous impliqués dans une révolution qui a été notre oeuvre. Cette session du Bac en est profondément imprégnée et de ce fait, il faudrait en tenir compte. Il y va de l'intégrité de notre examen...