Le football a plus que jamais un devoir d'adaptation et de composition avec la délicate conjoncture que traverse le pays et avec les impératifs de la phase post-révolution Manifestement, ce n'est pas malheureusement le cas quand on se souvient des querelles de clocher qui agitent aujourd'hui l'univers du foot tunisien. On se croirait, du reste, revenir aux temps sombres d'un sport martyrisé, mis au pas et instrumentalisé tellement les litiges et les guerres fleurissent dans un climat de tensions sordides et de batailles surréalistes. Est-ce bien le moment d'attiser le feu de la discorde et de verser dans une polémique stérile qui ajoute un peu aux dissensions agitant le pays sur le plan des revendications corporatistes et des prises de position partisanes? Fort heureusement, la voix de la sagesse ne s'est pas complètement noyée dans cet océan de surenchères anachroniques et d'égoïsmes rebutants, puisqu'il y a toujours des voix à s'élever pour rappeler l'univers du football à son devoir de réserve et de retenue. La poudrière de l'arbitrage ne s'est toujours pas refroidie. Au contraire, un simple match de mise à jour JSK-ESS a donné le spectacle —pitoyable— de querelles de clocher qu'on pouvait pourtant croire avoir subi le sort des dinosaures de la préhistoire, c'est-à-dire tout simplement une extinction inévitable. La «Chabiba» ouvrait les hostilités en récusant l'arbitre désigné pour officier le match de dimanche, avançant deux arguments : 1- Pourquoi insiste-t-on à désigner un même arbitre, en l'occurrence Awaz Trabelsi, pour la première «version» de JSK-ESS arrêtée après une mi-temps, et pour la seconde, celle d'avant-hier, donc? 2- Le referee Trabelsi est Bizertin. L'entraîneur de l'Etoile du Sahel, Mondher Kebaïer, aussi. Le club aghlabide se demande comment on peut tolérer pareille ineptie, sinon «hérésie». Much is too much! Il faudrait que chacun désamorce les feux allumés çà et là. En tout cas, l'Etoile du Sahel allait prendre le pli en demandant à son tour à ce que Trabelsi soit remplacé «afin de lui épargner un trop-plein de pression». Vendredi dernier, la Direction nationale d'arbitrage procédait au remplacement de Aouaz Trabelsi par Yassine Harrouche. Pouvait-elle d'ailleurs faire autrement? Entre-temps se produisait un «échange d'amabilités» entre Houcine Jenayeh, responsable de l'équipe de football de l'ESS, et Nabil Maâloul, entraîneur de l'Espérance de Tunis, toujours sur le thème de la désignation de Trabelsi soudainement devenue une petite affaire d'Etat. Cela ne se produit que chez nous pareillement, à bien y réfléchir! On s'arrache «Kaiser Franz» de Bamako Autre feu de brousse, mais qui n'est pas près de s'éteindre‑ celui-là ‑: le défenseur central malien Idrissa Coulibaly va-t-il devoir porter les couleurs de l'EST ou du CA? Là aussi, la polémique a enflé, donnant jour à un échange aigre-doux entre les dirigeants des frères ennemis tunisois. Certains parmi ces derniers finirent même par glisser sur des peaux de banane, versant dans des excès langagiers et dans des formules outrancières proprement vexants pour le clan d'en face. Le sieur Coulibaly, on peut aisément l'imaginer, doit sans doute être le premier à s'étonner d'une aussi «chaude» course à s'arracher ses faveurs! «Kaiser Franz» de Bamako n'a pas de prix, il est vrai! Avec lui, tous les problèmes défensifs de deux institutions centenaires — ou presque‑— comme l'EST et le CA vont être réglés comme par enchantement. D'un simple coup de baguette magique. Le foot national croirait-il toujours au père Noël, comme aux temps de la mystification? Mais bien avant cela, il faudra régler un litige juridico-sportif qui risque de traîner en longueur. Bonjour les dégâts! Bref, en ces temps où tout le pays n'aspire qu'à une baisse des tensions et à l'union sacrée, seule capable de lui éviter les périls qui le guettent et les menaces de l'insécurité et du sous-emploi, le sport ne donne pas vraiment la meilleure image de ses milieux gangrenés par le manège des querelles qui n'intéressent plus grand monde. Et par le ridicule de basses manœuvres qui produisent autant de fissures dans le corps martyrisé de l'éthique et d'un sport serein auquel aspire un pays capable du sacrifice suprême. Celui du don de soi pour des lendemains meilleurs.