En Espagne, la presse s'amuse du volcan qui a explosé à Madrid (licenciement de Valdano), alors que Barcelone se trouve déjà à Londres pour éviter les cendres de l'éruption islandaise. Tel Messi qui slalome dans les défenses adverses, le Barça dribble les volcans ! Inquiétés par l'éruption du Grimsvötn, qui fait l'objet d'un suivi en direct de la part du site internet du Mundo Deportivo, les Catalans sont arrivés dès mercredi à Londres pour préparer la finale de la Ligue des champions. "Pep Guardiola est enchanté d'avoir pu avancer le voyage de deux jours", racontent les Catalans de Sport qui s'amusent de voir que le club blaugrana a, en fait, évité deux éruptions. "Pendant que le Barça prépare la finale à Londres, le volcan explose à Madrid", titrent-ils dans une allusion au licenciement de Jorge Valdano par le Real. Cette affaire occupe d'ailleurs la Une de tous les journaux espagnols (As n'évoquant même pas la finale !). Le Mundo Deportivo expose tout de même une photo de Messi faisant le fameux geste de surfeur cher à Ronaldinho : "Ce geste du crack barcelonais, en hommage à Ronnie, prouve la décontraction d'une équipe qui est à bloc." Un groupe barcelonais qui se méfie tout de même de Manchester United "plus fort sans Cristiano Ronaldo", explique Marca qui n'a réservé qu'une manchette de sa Une à la finale, préférant évidemment titrer sur la "victoire" de Mourinho sur Valdano, ainsi que sur le futur poste de directeur sportif de Zinedine Zidane. Lors des finales de C1 1995 et 1996, les frères de Boer étaient sur le terrain en même temps avec l'Ajax Amsterdam. Cette année, ce sont Fabio et Rafael Da Silva de Manchester United qui pourraient l'être, ce que les Neville n'avaient pas pu faire en 1999, puisque seul Gary avait battu le Bayern. Les jumeaux brésiliens font d'ailleurs l'objet de larges portraits dans le Guardian et le Telegraph. Dans le premier cité, Fernando Duarte raconte la vie des deux hommes dans la "République des Silva", comme Carla, la femme de Rafael, appelle l'énorme maison dans laquelle toute la famille vit ensemble. Le Telegraph, lui, s'amuse de leur ressemblance qui "peut leur poser des problèmes." Ainsi, raconte le journal, "Fabio a pris un jaune en Carling Cup, alors que c'est Rafael qui avait fait la faute ! Et Fabio s'est fait disputer par Ferguson qui voulait en fait recadrer Rafael..." Les deux frères de 20 ans, qui changent parfois de maillot à l'entraînement pour tromper leurs propres équipiers, ne sont cependant pas au même niveau en ce moment et "c'est Fabio qui devrait être titularisé en tant que latéral droit contre Barcelone". Rafael n'en prend pas ombrage : "Fabio joue très bien en ce moment et nous nous battons pour le même poste même si ma mère n'aime pas ça. En tout cas, ça serait génial pour lui s'il jouait‑!" Le match du business En 2009, à Rome, Manchester a perdu (0-2) plus que son titre en Ligue des champions. Comme le lob de Messi sur Van der Sar, symbole d'une saison de feu, le FC Barcelone l'a aussi dépassé cette année-là au classement des clubs les plus riches. Depuis, l'écart s'est creusé entre les challengers du Real Madrid, champion mondial des revenus : selon Deloitte, le Barça a engrangé près de 400 millions d'euros en 2009-2010 (+33 millions par rapport à la saison précédente), MU un peu moins de 350 (+22). La dépréciation de la livre explique en partie la nouvelle hiérarchie. Le Barça a aussi profité d'une flambée des droits TV qui représente près de la moitié de son budget (178 millions). Le Catalan est plus fort sur le merchandising (les produits dérivés), l'Anglais plus performant dans son stade (billetterie, VIP, restauration). Avantage United pour le sponsoring maillot grâce au contrat AON, mais le Barça profitera l'an prochain de son deal record avec la Qatar Foundation (33 millions par saison sur 5 ans). Sur le marché des transferts, les deux dépensent plus qu'ils ne gagnent : -20 millions pour le Barça, -11 pour MU. Le privilège des très riches. Depuis l'instauration en 1997 du format à plusieurs clubs par pays, Manchester est sans rival pour les gains tirés de la compétiton reine. Sir Alex en a gagné deux (1999 et 2008) et n'a surtout loupé aucune édition : 13 sur 13 (comme le Real) contre 12 sur 13 au Barça (comme Arsenal, le Bayern, Kiev et l'Olympiakos). Lors des onze dernières saisons, MU a récolté selon l'Uefa 315 millions d'euros, contre 245 à son adversaire, devancé aussi par le Bayern, Arsenal et le Real. Etonnant‑: même si MU perd à Wembley, la C1 lui rapportera davantage qu'à Barcelone. Les gains incluent, en effet, les primes de matches, mais aussi le "market pool", la redistribution des droits TV qui dépend en partie de l'exposition dans chaque pays. Sur ce critère, MU est devant‑: une défaite lui rapporterait 55 millions d'euros, alors qu'un Barcelone titré n'empocherait "que" 48,9 millions... Il faut ajouter à ces chiffres les recettes de billetterie (6 matches à domicile et finale). Au total, chacun devrait dépasser 60 millions, plus que le budget moyen des clubs de L1 (50 millions).