Ils sont jeunes, ils en veulent et ils gagnent. Que demande le peuple ?! Nous n'allons pas vous raconter le match parce que tout le monde l'a vu. Du moins ceux qui s'intéressent au football et à l'équipe nationale, ça nous fait d'ailleurs plaisir puisqu'il n'y a pas si longtemps encore, on préférait à cette équipe nationale un bouquin, une partie de cartes avec les amis, une boisson à la terrasse d'un café, piquer une tête dans une eau bleue encore fraîche ou même… ne rien faire. Voilà en tout cas où cette équipe nationale était arrivée, voilà ce qu'ils ont fait des années et des années de gestion calamiteuse de l'image de notre équipe nationale. Les Tunisiens en sont arrivés à ne plus aller la voir, même si l'accès est… gratuit. Une parenthèse et un sujet qui nous tiennent à cœur et que nous aimerions clore en rappelant qu'il est important de travailler sur le rendement et les résultats de cette équipe, mais qu'il est encore plus important de travailler sur son image. Malheureusement, on voit très mal l'actuel bureau fédéral illégitime, déchiré, décrié et dévalué aux yeux de tous, s'attaquer à cette tâche qui ne peut qu'être l'apanage de gens nouveaux et surtout au-dessus de tout soupçon. Tenez, un peu comme Sami Trabelsi, ex-capitaine courage et exemplaire de notre onze national, et comme les petits jeunes à qui il a fait appel et qui se sont battus avec la fraîcheur de vingt ans. Rapidité et… précipitation Evidemment, nous n'allons pas vous mentir et vous dire qu'ils nous ont fait oublier le match de la veille et… Barcelone. Leur envie était réelle, tout comme le talent de certains qui ont toutefois besoin de travail et d'expérience. Ce qui est bien aussi, c'est que tous ces joueurs nous ont paru décomplexés et, par conséquent, libérés. Ils ne sont pas là pour la figuration et, si l'un d'eux mérite une chance, il l'aura. Comme ils l'ont eue hier au stade olympique de Sousse. Le mérite de Sami Trabelsi ? C'est d'avoir été dans l'esprit d'un match amical qui prépare des échéances officielles: une première mi-temps où l'on a vu à l'œuvre l'ossature de son onze titulaire puis une seconde où les petits nouveaux (Omrani, Haddad, Becheikh, etc.) ont fait leur baptème du feu, avec le second gardien, Rami Jridi. Avec toutefois la surprise du chef : la titularisation de Iheb Msakni, l'aîné qui a vécu dans l'ombre de son cadet, Youssef. La convocation et la titularisation de Iheb Msakni n'est pas le fruit du hasard ou une manœuvre gratuite : elle est au cœur de la démarche et de la philosophie footballistiques de Sami Trabelsi. L'armada de demis défensifs et de joueurs «de devoir» qui courent comme des malades et dont le but sur un terrain est — uniquement — de casser le jeu de l'adversaire et de récupérer le ballon, c'est fini ! Place au jeu, place au ballon, place à la reconversion, place au soutien (également en phase défensive). En d'autres termes, place aux joueurs qui ont quelque chose dans les jambes et la tête. Aujourd'hui, plus personne ne se rappelle l'Inter de Helenio Herrera et tout le monde jure par… Barcelone. Sami Trabelsi nous en parlera des heures durant. Tout vient par le jeu Et la réhabilitation du jeu passe inéluctablement par celle des joueurs qui le servent. Iheb Msakni (et son frère bien sûr), Darragi (ah s'il était plus constant, plus puissant et moins fragile physiquement celui-là !), Chehoudi et même Derbali et Chemmam qui ont beaucoup participé au jeu mais qui sont tout de même à revoir face à une formation plus redoutable et avec des attaquants de poids. Traoui et surtout Korbi ont bien fait leur boulot, même si ce dernier continue à nous énerver avec un jeu à la limite de la régularité (il a les moyens de récupérer le ballon plus proprement) et cette fâcheuse tendance à s'en prendre systématiquement à l'adversaire et à l'arbitre. Du jeu donc mais attention tout de même car, vraisemblablement, le discours du sélectionneur n'a été saisi qu'à moitié : ne pas confondre rapidité et précipitation. C'est que dans leur désir de «jouer à la Barcelone», les joueurs ont confondu vitesse et précipitation. Pas trop grave face à la RCA, mais qu'on pourrait payer très cher face à des formations plus redoutables. Mais nous n'allons tout de même pas bouder notre plaisir. 3-0, c'est tout bon !