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Le mont des héros
Redécouvertes - Jebel Bargou :
Publié dans Le Temps le 11 - 02 - 2007


Par Roland et Alix Martin
Beaucoup de nos lecteurs vont trouver complètement aberrante notre décision de parler aujourd'hui - en plein hiver ! - du Jebel Bargou. Nous ne sommes pas de même avis : beaucoup de réalisations vont permettre aux visiteurs curieux de se rendre et de séjourner avec plaisir dans et aux alentours du Jebel Bargou dès les premiers beaux jours, c'est-à-dire très prochainement.
Le printemps dans la Dorsale tunisienne est un enchantement. Regardez n'importe quelle carte routière : tout près de Siliana, un parcours est parfois souligné d'un trait vert, indiquant un trajet pittoresque. C'est le tour du Jebel Bargou ! Pour tous les gens venant du nord-est tunisien, le point à rallier est la ville de Bargou. Les Sahéliens curieux ont intérêt à continuer vers Aïn Jeloula après avoir traversé Kairouan. Tout le nord-ouest se donnera rendez-vous à Maktar ou à Siliana. Quant aux voyageurs venus du sud-ouest, Sbeïtla et Maktar seront des étapes intéressantes.

L'approche
La semaine dernière, nous avons décrit, à l'usage des « touristes » du nord-est, un trajet pittoresque qui bifurquait vers Oum El Abouab / Seressi, au village de Sidi Aouidat, 90 kilomètres environ après Tunis.
Pour aller à Bargou, anciennement Robaâ, continuez tout droit. D'ailleurs depuis un moment la silhouette du Jebel (1268 mètres d'altitude) a émergé de la houle bleue des monts de la Dorsale.
Le gros bourg de Bargou est une halte agréable et intéressante pour qui est parti tôt. Au bord de la rue principale, juste à côté d'un petit jardin - endroit facile à reconnaître ! - le siège d'une O.N.G. : El Wifak permet de s'informer sur les réalités régionales en général et sur le « Programme d'Appui aux Organisations de base en Tunisie d'Intercoopération » (P.A.O.T.I.C). En septembre 2004, un colloque à propos du Tourisme et du Développement durable dans le Jebel Bargou a eu lieu à Bargou. Différents ateliers ont rédigé des propositions sur le court terme : rendre opérants et fonctionnels, les concepts de développement durable, d'écotourisme et de tourisme culturel, sur le moyen terme : mettre en place une politique globale et cohérente capable de valoriser les patrimoines nationaux, régionaux et locaux, sur le long terme enfin : réhabiliter puis préserver un patrimoine exceptionnel pour le promouvoir au bénéfice des populations actuelles et futures.
Au sortir de Bargou, pendant que l'on caresse du regard la plaine verdoyante au printemps et la face nord, austère, du Jebel, soudain, au bord de la route, très souvent fréquentée par tout un groupe de personnes, se dresse la margelle d'un puits antique, sans doute construite à l'époque romaine avec de grosses pierres taillées, soigneusement appareillées. Même si toutes les habitations des alentours ont été équipées d'eau courante - et d'électricité - on nous a dit qu'on venait encore puiser de cette eau naturelle parce qu'elle avait meilleur goût - étant plus douce - que celle qui coulait au robinet.
En continuant vers la maison forestière de Sodga et le village de Bou Saadia - qui ne sont encore, pour vous, que des indications portées sur une carte ! - vous découvrez, presque au bord de la route, un champ de ruines d'époque romaine : Henchir Bez / Vazi Sarra ou Ciritas Vazitana antique. Des épigraphies ont révélé qu'elle était administrée au IIIème siècle après J.C. par des « Undecemprimi » : Les « premiers onze » notables de la ville et qu'elle avait aussi des « flamines perpétuels » : des prêtres païens. On peut y admirer encore un vaste temple consacré à Mercure, dieu du commerce, messager des dieux et protecteur des voyageurs, une basilique chrétienne et trois fortins byzantins qui prouvent la vigueur de la résistance berbère à cette époque. Il faut y aller et s'y arrêter et distribuer quelques dinars aux « jeunes » qui « garderont » votre voiture. Même si elle ne risque absolument rien ! La prise de conscience que ces « pierres » sont intéressantes, ont une valeur et peuvent engendrer des « profits », amènera les populations locales à les protéger plutôt qu'à les employer comme matériaux de construction faciles à se procurer.
Quelques kilomètres plus loin, vous arrivez devant la grande maison forestière de Sodga, à demi masquée par des haies d'arbres majestueux. Pour les disciples de St Hubert, le piémont du Jebel Bargou et les collines qui entourent cette maison forestière abritent de nombreuses compagnies de perdrix, un nombre intéressant de lièvres et des hardes de sangliers.
Pour ceux qui arrivent de Kairouan, ils seront surpris par l'étendue du champ de ruines antiques d'Aïn Jeloula qui pourrait avoir été Aquae regiae antique. Quel dommage que les services officiels ne s'intéressent pas davantage à ce site qui a servi - et continue à servir - de carrière facile d'accès depuis bien longtemps alors qu'on peut y admirer parmi des monuments païens et chrétiens d'époque romaine une grande et belle citadelle byzantine.
Puis la route serpente dans une région de collines, parfois boisées jusqu'à un carrefour. Vous pouvez alors choisir de continuer jusqu'à Oueslatia, poursuivre vers Siliana, en passant par le Col de Foum El Afrit, la ville antique de Agger et le magnifique pont romain - dont nous avons parlé récemment - et atteindre le Jebel Bargou par le sud-ouest.
Vous pouvez aussi décider d'emprunter, vers le nord-est, une belle petite route, la C. 46, qui va vous conduire au pied des murailles de la grande citadelle byzantine, bien restaurée, de Ksar Lemsa, l'antique Limissa, une ville importante bâtie sur les dernières pentes du Jebel Serj. La citadelle se présente comme un quadrilatère, presque carré, de 30 mètres de côté environ, doté de quatre belles tours d'angle carrées. Certaines portions des remparts et des tours ont conservé leurs merlons. Il est assez surprenant de constater qu'un grand bassin de plus de 10 mètres de large sur plus d'un mètre de profondeur bordait le mur oriental de la citadelle qui a complètement disparu. Il était alimenté par un complexe de canalisations qui amenait l'eau d'une source voisine.
On peut se demander si les défenseurs de la citadelle pouvaient être approvisionnés en eau par des canalisations débouchant à l'intérieur du fort.
Ce bassin semble antérieur à la citadelle puisque le rempart effondré et une partie des bases des deux tours orientales reposent sur le mur très épais du bassin. Une grande canalisation de près de 40 sur 40 centimètres, couverte de grosses dalles vient vraisemblablement de la source, longe le mur nord, contourne la tour nord-est pour aboutir au bassin. Elle passe à l'extérieur des remparts, devant la porte d'entrée ! Elle serait postérieure à la forteresse parce qu'il serait étonnant qu'une place forte qui pouvait être assiégée ne maîtrise pas son approvisionnement en eau.
Une seule porte, étroite, permet d'entrer dans la citadelle. Elle semble avoir été protégée par deux bastions en saillie et des contreforts intérieurs formant chicane, apparemment réalisés hâtivement au VIIème siècle en raison d'une aggravation de l'insécurité dans la région.
Cinq kilomètres plus loin, vous arrivez à un carrefour et alors que la route C. 46 continue vers Oum El Abouab / Seressi - où nous sommes déjà allés - vous tournez à gauche, à angle droit et vous entrez dans une forêt de pins et d'eucalyptus qui tapisse les pentes nord-est du Jebel Bargou. Cette route, si vous continuez tout droit, vous ramènera vers la ville de Bargou, mais si vous tournez encore à gauche au prochain carrefour, vous entrez dans le Jebel et vous allez atteindre Bou Saadia.
Si vous venez de l'ouest, du sud-ouest ou du nord-ouest, vous arrivez soit à Siliana soit à Maktar. Nous ne vous dirons rien de ces deux itinéraires : il y a plus d'un an, nous vous avons promis de revenir longuement à Maktar et dans sa région. Au printemps prochain, nous aurons tenu parole. Ce sera d'autant plus facile que nous vous avons promenés sur, tout autour et même dans le Jebel Serj voisin. Il est temps maintenant d'entrer dans le Bargou.


Le Jebel Bargou : Le mont des héros
Pourquoi ce titre ? Pour tous ceux qui n'en ont pas entendu parler ou qui ont oublié la « bataille du Bargou » qui s'est déroulée le 13 novembre 1954 entre plusieurs centaines de combattants tunisiens contre des milliers de soldats français.
Le Bargou, en raison de son relief sévère et de ses forêts denses était un sanctuaire des combattants tunisiens que le commandement français avait décidé de faire disparaître. Des vétérans survivent encore. Ils nous ont raconté leur résistance acharnée face à un ennemi supérieur en nombre, mieux armé, équipé d'artillerie et d'aviation.
L'un de ces héros, ridé, voûté mais enthousiaste nous a conté une véritable épopée, avec intervention divine : « Voyant le brouillard noyer les monts et les forêts, les Algériens qui combattaient avec les soldats français, au soir de la bataille, ont compris que Dieu nous aidait. Ils ont déserté et sont venus nous rejoindre ! »
Ce devenait « Les Thermopyles » tunisiennes ! Comment se fait-il que personne n'ait pensé à réaliser des séquences télévisées à propos des combattants tunisiens qui se sont opposés à la conquête française tels qu'Ali Ben Khelifa ou les résistants du Jebel Bargou ?
Aujourd'hui, ce mont calcaire, très boisé, peu peuplé a d'énormes potentialités dans le domaine d'un tourisme « intelligent », intégré à un développement durable de la région. Le gouvernorat de Siliana dynamise de nombreux projets ayant cet objectif.
Au printemps - et en toute saison - une promenade dans le Bargou s'impose. Tout y est à découvrir : les « Dacherett » d'origine berbère blotties à mi-pente. Elles mériteraient de ne pas être complètement laissées à l'abandon. La faune et la flore sont très riches : les caroubiers, les vieux oliviers centenaires aux énormes troncs, les bovins, presque sauvages, appelés « bagour » à la viande délicieuse, les pêches très particulières, les miels naturels parfumés par le thym, le romarin et toutes les fleurs des sous-bois et des clairières ! La gentillesse des « Bargaoui » qui savent être aimables, et accueillants sans être obséquieux ni quémandeurs. Les produits artisanaux sont intéressants.
La zone de Bou Saadia paraît tout à fait propice à l'établissement d'un Parc national ou régional qui permettait de renforcer les équilibres naturels existants et d'y établir les infrastructures d'accueil afin de dynamiser le tourisme qui apporterait un revenu supplémentaire aux habitants du mont.
Un très coquet petit hôtel vient d'être construit à proximité du beau monument commémorant la bataille du Bargou.
Le captage monumental de la grande source de Bou Saadia est pour le moins curieux. L'aménagement d'une aire de jeux et de repos, à l'ombre des grands arbres qui l'entourent, est en cours de réalisation.
La maison - disons le « Borj » - qui servait de logement au responsable du captage, à l'époque où une société privée en était propriétaire, pourrait devenir - après avoir été restaurée et un peu aménagée - micro-établissement hôtelier pouvant recevoir des amateurs d'air pur, de randonnées pédestres, équestres ou à vélos tout terrain sans compter les chasseurs, les botanistes ou les ornithologues.
Tout peut être « lancé » très facilement : l'hôtel existe, on peut donc dès maintenant y recevoir des randonneurs à pied, accompagnés de petits ânes que les « Bargaoui » possèdent et mettent volontiers à la disposition des visiteurs. Les « vététistes » peuvent envisager de faire le tour du Bargou, en une ou deux boucles : la première, au nord, partant de Bou Saadia, rejoignant le bourg de Bargou, pour une halte réparatrice éventuelle, puis passant devant la maison forestière de Sodga avant d'arriver à Bou Saadia. 40 à 50 kilomètres dans la journée, cela n'a rien d'excessif ! La boucle sud par Ksar Lemsa et le retour vers la maison forestière de Sodga en se faufilant par le Khanguet El M'sireb, qui tranche l'extrémité nord du Jebel Serj, est nettement plus sportive mais très attrayante parce que plus « sauvage ».
Il faudrait explorer soigneusement les pentes du Bargou : il serait étonnant que les spéléologues ne découvrent pas l'entrée d'une galerie. Son voisin, le Serj qui a la même structure calcaire en possède plusieurs.
Nous vous proposons d'aller vous promener, au printemps, dans les sous-bois et les clairières pour aller y chercher des orchidées sauvages : 16 ou 17 espèces croissent sur les pentes du Zaghouan, dans le Parc National. Il y en a sûrement dans le Bargou ! En attendant la création d'un Parc au Bargou, l'inventaire de la faune et de la flore reste à faire. Nous y avons vu des nids d'aigle dans les falaises.
Ecotourisme, géotourisme, tourisme culturel, sportif ou de chasse, tout paraît possible et facile à mettre en œuvre dans le Jebel Bargou qui a été préservé, jusqu'à présent, des « injures » d'un modernisme « passe-partout ». Souhaitons que son environnement particulièrement « intéressant » ne soit pas « dénaturé » par des promoteurs avides et incultes.


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