Suite à l'entretien que nous avons publié de M. Ali El-Hili en date du 11 mai et qui comportait en l'une de ses parties une mise en cause de l'actuel bureau de l'Association des amis des oiseaux, une réponse nous est parvenue de ce dernier qui a également été publiée sur nos colonnes (dimanche 22 mai). Ce « droit de réponse », qui ne s'est pas contenté d'apporter des précisions, mais a aussi porté des accusations, a suscité une réponse de la part de M. Ali El Hili. Pour éviter que cet échange se mue en « feuilleton », dont le lecteur aurait du mal à saisir les tenants et les aboutissants, nous avons choisi de présenter cette dernière réponse sous une forme résumée, en mettant délibérément de côté certains aspects personnels de la polémique qui n'apportent rien à la cause des oiseaux et de leurs milieux naturels, et en reliant les passages retenus aux affirmations précédentes… Dans l'entretien, M. Ali El Hili affirmait la chose suivante : «En avril 2007, a eu lieu un véritable coup d'Etat, à l'image de ce qui s'est toujours passé sous Bourguiba et Ben Ali quand il s'agit de mettre la main sur une association qui n'est pas dans la ligne. La technique utilisée par le PSD, et ensuite par le RCD, consiste à distribuer, à la veille d'une assemblée générale, des centaines de cartes d'adhésion à des personnes qui n'ont rien à voir avec l'association». La réponse de l'AAO a consisté à dire «que le Pr El Hili a non seulement approuvé la liste des électeurs, mieux encore, il l'a signée». Le droit de réponse de l'AAO a poursuivi en accusant le Pr Hili de ne pas accepter le résultat du vote qui l'écarte, faisant valoir que les membres de l'association auraient choisi d'élire un nouveau comité directeur «à l'écrasante majorité et en toute liberté». Le Pr Hili répond à ces affirmations en reprenant les déclarations faites au cours de l'entretien : «Mourad Amari et ses amis de l'actuel comité directeur de l'association ont été élus grâce aux voix d'adhérents de dernière minute à qui ont été généreusement distribuées des cartes d'adhésion alors qu'ils n'ont jamais appartenu à l'association. Peut-on parler dans ce cas "d'élection démocratique et transparente" ? » Sur un autre point, relatif celui-là au rôle du trésorier, dont le professeur avait déclaré qu'il avait été reconduit malgré le fait qu'il n'avait pas obtenu le quitus financier du bureau, et cela en raison d'accusations de détournement d'argent qui pesaient sur lui, le bureau de l'AAO fait allusion à un « conflit » entre le trésorier et le professeur Hili, en précisant que ce conflit a commencé «par une plainte déposée par le trésorier contre le Pr Ali El Hili», ajoutant qu'il s'agit là d'un «règlement de comptes qui n'engage nullement le comité directeur». A quoi le Pr Hili répond en rappelant les faits reprochés, mais aussi que «la justice a désigné un expert pour vérifier sa gestion financière» et en déclarant : «La logique aurait voulu que si Mourad Amari et le comité qu'il préside défendent vraiment les intérêts de l'association, qu'ils prennent le rapport de l'expert — toujours en ma possession — après règlement des frais d'expertise fixés par la justice et déposent une plainte pour détournements de fonds contre ledit trésorier». Sur un troisième point qui mérite d'être évoqué, signalons que le comité directeur de l'association avait mis en cause le sérieux de l'engagement du Pr Ali El Hili en tant qu'ancien président. Ce dernier déclare en guise de réponse : «Quant aux activités de l'actuelle association des amis des oiseaux (réduite à 2 sections régionales au lieu de 8), parlons-en : Depuis avril 2007, l'AAO s'est contentée d'assurer le suivi des oiseaux migrateurs hivernants et plus spécialement les oiseaux d'eau à la demande d'organismes étrangers, négligeant ainsi ce pourquoi je l'avais créée en 1975 : le suivi de toutes les espèces d'oiseaux de Tunisie sans exception : sédentaires, migrateurs estivants nicheurs et, plus spécialement, les rapaces. C'est ainsi que Mourad Amari et ses amis sont passés à côté d'une espèce nicheuse nouvelle découverte au Cap-Bon par une équipe appartenant au groupe d'ornithologues que je continue à coordonner. Je citerais deux exemples de la passivité du comité directeur actuel de l'AAO: – S'agissant de l'outarde houbara, les émirs étaient encore en train de ratisser le Sud-Tunisien en décembre 2010. Ils ont déguerpi au début de la révolution. Mourad Amari, président de l'AAO depuis avril 2007, n'a pas eu le courage d'interpeller le président déchu à ce sujet comme le faisait régulièrement Ali El Hili. – Quand, après le 14 janvier 2011, plusieurs parcs nationaux ont été l'objet de déprédations de la part des riverains, l'AAO, qui est à l'origine de la création du premier parc national en Tunisie, celui de Zembra en 1977, aurait dû être la première à en informer le public et à protester auprès du ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, mais ce fut l'association Les amis du Belvédère qui a tiré la sonnette d'alarme. Enfin, le Pr Hili attire l'attention dans son courrier sur le fait que les travaux des jeunes chercheurs tunisiens sur les oiseaux ne trouvent pas écho actuellement sur le site web de l'association — «ce site contient des comptes-rendus d'observation où reviennent les mêmes noms» — et que les responsables de l'AAO empêchent ces chercheurs de «participer aux séminaires et congrès régionaux et internationaux dont les annonces parviennent à l'association, qui se garde bien de diffuser l'information auprès des universitaires.»