Le doyen Sadok Bélaïd contribue, depuis quelques mois, par ses écrits à éclairer l'opinion publique avide d'informations et de culture juridique. Le rôle du pédagogue implique l'établissement des faits avec exactitude et sérénité, en particulier lorsqu'il s'agit de propositions qui engagent l'avenir du pays, telles que la loi électorale Le juriste doit d'abord s'imposer une neutralité dans la présentation des différentes options possibles dans le choix d'un mode de scrutin ; il lui revient, avant de prendre position, de signaler les avantages et les défauts de chaque méthode. Lorsque le pédagogue se transforme en partisan acharné d'une option, il devient démagogue parce qu'il oublie tous les inconvénients inhérents à chaque choix. Lorsque le juriste invite des sondages peu crédibles, il se transforme en procureur dont le seul but est de détruire parce qu'il n'a pas été écouté. Enfin suprême imposture, le peuple est invoqué chaque fois que les arguments deviennent faibles. L'heure en Tunisie est grave. La transition «démocratique», moment précieux et fragile, devrait signifier l'engagement pour la construction d'un avenir meilleur et non le lieu de se jeter des anathèmes. Les discussions byzantines créent le trouble et jettent le discrédit sur tout le monde d'autant que des décisions courageuses ont été expliquées, justifiées et retenues. L'émergence du comportement citoyen ne peut qu'en souffrir.