Par Dr Habib LASSOUED* Tout d'abord, je tiens à remercier la chaîne nationale tunisienne d'avoir donné l'occasion de parler de l'autisme, qui est malheureusement un handicap majeur et très mal connu du public ainsi que des professionnels de la santé. Cependant, j'ai été très surpris et très déçu par le reportage-fiction que j'ai vu à l'écran, il est vrai très bien orchestré, mais qui m'a rappelé des pratiques d'un temps que je croyais révolu. On a fait de l'autosatisfaction et volontairement on n'a pas mis en avant les problèmes d'insertion sociale, on n'a pas mis en avant le manque de structures adéquates, on n'a pas mis en avant la marginalisation de cette catégorie d'enfants ainsi que de leurs familles qui sont pour la grande majorité à bout de nerfs et au bord du désespoir, on n'a surtout pas évoqué la démission totale de l'Etat et des ministères de tutelle au profit de certaines associations telles que «Besma» (il n'est pas nécessaire de rappeler les pratiques bien connues de ce genre d'associations...). Nous, les parents d'autistes, nous nous sentons abandonnés et stigmatisés. Nous attendons beaucoup de la Révolution populaire qui a soufflé en Tunisie. Nous réclamons tout simplement le droit à l'égalité, à la dignité, nos enfants ont droit, comme tous les autres enfants normaux, à la prise en charge grâce à la création de structures étatiques. J'espère et je souhaite que la télé nationale donne, enfin, aux parents et aux éducateurs l'opportunité de s'exprimer afin de soulever les problèmes de fond, afin de soulager les souffrances et de trouver réconfort et soutien.