• Plus de trois morts sur la route chaque jour • Une forte augmentation des accidents au mois de mai dernier • Coup d'envoi de la campagne «Vacances en sécurité» le 1er juillet à Borj El Amri Les vacances de l'été approchent et comme chaque année le Conseil national de la sécurité routière se réunit pour faire le bilan d'une année et présenter le plan d'action d'une autre en axant les interventions sur la période estivale. Autour du ministre de l'Intérieur, Habib Essid, se sont retrouvés tous les intervenants dans la campagne de sécurité sur les routes, l'Observatoire national de la sécurité routière qui vient de changer de dénomination et de logo, la Garde nationale et la sécurité nationale ainsi que les représentants des ministères, des organisations et des associations concernés. Les statistiques fournies à cette occasion montrent que beaucoup reste à faire pour diminuer le nombre de tués sur les routes. Au mois de mai dernier, observe le ministre, «le nombre de victimes des accidents de la circulation a augmenté de 29,27% par rapport au mois de mai 2010». Cette hausse s'est répercutée sur le taux des cinq premiers mois de l'année en cours, taux qui a dépassé de 4.7% celui enregistré durant la même période de 2010. L'explication est à rechercher du côté du comportement des automobilistes lesquels, face à l'absence ou au manque de contrôle, font fi du code de la route. A la lecture de ce chiffre et de ceux qui vont suivre, on constate avec beaucoup d'amertume que le comportement de l'usager de la route est dans la plupart des cas la cause des accidents de la circulation. Pourtant au cours des cinq dernières années, on a enregistré une baisse régulière du nombre des accidents et des victimes passant de 10.980 accidents pour 1.516 victimes en 2006 à 8.924 pour 1208 victimes en 2010 dont 240 au cours de la saison estivale( du 1er juillet au 15 septembre). Avec une moyenne de près de 25 accidents par jour, plus de trois morts et 34 blessés, le tableau n'est pas du tout reluisant et la mortalité routière risque de devenir l'une des premières causes de mortalité en Tunisie. Pour la période estivale baptisée «Vacances en sécurité» à laquelle le ministère de l'Intérieur réserve un programme spécial, on relève une légère diminution du nombre des accidents et des victimes de 2009 à 2010 passant respectivement 1.649 accidents, 317 victimes et 2.437 blessés en 2009 contre 1.554 accidents, 240 victimes et 2.247 blessés. Au tableau des victimes, on trouve en premier lieu les passagers puis les chauffeurs, les piétons, les conducteurs de mobylette et de bicyclette…Les causes sont multiples et appellent à être analysées avec une approche socioculturelle pour en dégager les véritables raisons et en proposer les vrais remèdes. Observons. La première cause est la traversée de la chaussée qui a provoqué 356 accidents durant l'été 2010, suivie de la fatigue et de la baisse de vigilance pendant la conduite (316 accidents) devant l'excès de vitesse avec 235 accidents. Mais la vitesse joue un rôle aggravant en cas d'accident et elle est aussi une des causes déclenchantes de l'accident : lorsque l'on roule plus vite, le temps de réaction devient très réduit et le choc plus grand. Les moyens de transport en commun( taxis, bus, louages, transport rural, métros et trains) sont à l'origine de près de 16% des accidents, provoquant 15% de l'ensemble des victimes, soit 36 morts contre 64 en 2009, soit une diminution notable de près de 44%. Viennent ensuite les voitures à immatriculations étrangères (européennes, libyennes, algériennes…) qui ont commis 95 accidents tuant 28 personnes et en blessant 181 autres. Puis les voitures de location qui entrent pour 4% dans l'ensemble des accidents durant l'été, laissant une douzaine de morts. Le reste des accidents ont été provoqués par des voitures particulières. Rétablir la confiance entre l'agent de sécurité et le citoyen Quel plan pour cette période estivale placée sous le slogan «Notre sûreté dans des vacances en sécurité» dont le coup d'envoi sera donné le 1er juillet prochain sur l'autoroute Tunis-Béja au niveau du point de Borj El Amri ? Il faut d'abord relever que cet été, le nombre de touristes baissera sensiblement, ce qui va se répercuter sur le nombre des usagers de la route. Ce qui ne signifierait pas une possible baisse des accidents et des victimes. Les Tunisiens ont-ils vraiment une culture de la route ? A lire les chiffres, on est tenté de répondre par la négative. A voir ce qui se passe sur nos routes et dans nos rues et nos avenues, on confirme cette assertion. Et le comportement des usagers sur les routes, constaté ces derniers temps, ne semble pas augurer de vacances sans accidents. Mais parions sur leur civisme et sur un regain de responsabilité. Espérons aussi que grâce au plan mis en place par le ministère de l'Intérieur, le bilan de l'été 2011 suivra la même tendance enregistrée au cours des dernières années. Ce plan est axé sur deux volets importants : la sensibilisation et la prévention. Pour ce qui est de la sensibilisation, elle se basera sur un plan de communication avec des slogans diffusés à grande échelle sur les différents médias audiovisuels, des concours avec attribution de prix conséquents, des banderoles, des pancartes et des autocollants. Avec une campagne de sensibilisation dans les points les plus sensibles. Au niveau de la prévention, un plan de sécurité routière sur trois phases successives a été élaboré avec une première phase du 1er au 31 juillet et qui coïncide avec le départ en vacances, le retour de nos compatriotes, la saison des festivals et des mariages. Une deuxième phase couvrant tout le mois d'août qui coïncide avec le mois de Ramadan, avec une plus grande vigilance, notamment avant la rupture du jeûne, et une dernière phase allant du 1er au 15 septembre avec la rentrée scolaire et universitaire. Des moyens humains et matériels seront mobilisés pour assurer la sécurité routière. Mais c'est l'amélioration des rapports entre les agents de la police et de la garde nationale d'une part et les citoyens de l'autre qui préoccupe le plus les responsables de la sécurité. Rapports rendus plus difficiles suite aux événements douloureux qui ont eu lieu au cours de la révolution. Ils espèrent que la confiance sera rétablie pour aborder cette campagne dans les meilleures conditions et misent sur la compréhension et la coopération des usagers de la route pour diminuer sensiblement les chiffres de l'accidentalité. Sans cela, ni les hélicoptères qui survoleront quelques points dangereux pendant les fins de semaine, ni la multiplication des contrôles, ni encore les radars ne sauront limiter les dégâts. Les mesures répressives que préconisent certains membres du Conseil de la sécurité routière comme la révision de la législation pour une plus grande aggravation des sanctions peuvent-elles dissuader les mauvais conducteurs ? Alors prévention ou répression, ou les deux à la fois? La différence, c'est que la première coûte de l'argent alors que la deuxième en rapporte. Mais c'est du comportement de l'usager de la route que dépend, en grande partie, le succès de l'opération «Vacances en sécurité».
