L'arme dans une main et, dans l'autre, un compas, une truelle ou une pioche. Telle pourrait être l'image que l'on pourrait donner de notre armée. Car, outre la défense du territoire contre les périls pouvant menacer sa souveraineté, l'Armée nationale s'implique aussi dans l'œuvre de développement nationale. Il arrive, bien sûr, que des actions spécifiques entreprises sur le terrain par l'Armée en matière d'aménagement ou d'infrastructure aient des retombées civiles directes ou indirectes, mais les plus remarquables sont celles qui sont engagées en tant que contribution à l'effort de développement économique et social du pays ou pour servir directement les citoyens. Ce type d'intervention s'effectue sur requête des autorités nationales ou régionales après étude de tous les aspects relatifs à l'opération et dans la stricte exigence de ne pas entrer en compétition avec des opérateurs spécialisés agissant sur la place. Il ne doit pas non plus influer sur les tâches fondamentales de l'Armée ni sur ses capacités opérationnelles et s'effectuer sur la base du recours à ses structures spécialisées tels l'Office de développement de Réjime Maâtoug, la direction générale des travaux ou le Centre national de cartographie et de télédétection. C'est pourquoi, généralement, ces interventions s'effectuent dans des endroits difficiles d'accès, telles les régions montagneuses ou sahariennes où les autres opérateurs n'agissent généralement pas. Les interventions concernent des domaines aussi divers que la mise en valeur, l'infrastructure, les grands travaux et l'aménagement urbain. Des oliviers à l'emplacement des mines Au titre des infrastructures, on peut citer la participation de l'Armée à la construction et à l'aménagement des aéroports de Gafsa-El Gsar, Remada, Sfax et Gabès ; la construction de routes et de ponts, ces derniers étant à ce jour au nombre de 16 totalisant une longueur de 560 mètres. Leur contrôle est assuré de manière régulière par des unités spécialisées de l'Armée, la délimitation du tracé de certaines autoroutes et l'édification de quartiers urbains et de villages sahariens. L'Armée compte à son actif l'aménagement de ports dans les îles de la Galite et de Zembra où elle a entrepris des travaux de conservation et de mise en valeur, l'aménagement et l'assainissement urbain, l'élaboration d'études concernant le débordement des villes sur les campagnes, etc. Dans le cadre des interventions du Fonds de solidarité nationale 26 26, l'Armée a réalisé environ 450 km de pistes de montagne dans divers gouvernorats. Rien qu'au cours de l'année 2009, une piste de 3,5 km a été aménagée sur le tronçon Halima-El Brij, dans la délégation de Ghardimaou (gouvernorat de Jendouba). Une autre piste de 6,5 km en cours d'aménagement permettra de relier Aïn El Bidha à El Houch, dans la même délégation. L'action en faveur du développement se traduit par un programme de lutte contre la désertification, l'avancée des sables et les invasions acridiennes. De même qu'elle se manifeste dans une campagne permanente de reboisement avec un programme annuel de plantation de près de 100 mille arbres à travers tout le pays, dont 8.000 pieds d'arbres fruitiers. Plus particulièrement, l'Armée a réhabilité la totalité d'un vaste terrain près de Ras Jédir auparavant semé de mines et autres explosifs sur lequel elle a planté, à partir de 2007, 688 pieds d'oliviers confiés depuis aux soins d'une unité postée à Ben Guerdane. L'épandage de produits anti-parasites sur les superficies céréalières (à la demande des instances concernées), la lutte contre la pollution sur terre et en mer (suite aux dégazages de bâtiments étrangers), la sauvegarde des richesses halieutiques et du milieu marin, la protection de l'environnement dans l'île de Zembra, les études autour de la désertification et de la pollution marine (dans le cadre du Centre de télédétection) constituent d'autres modalités d'intervention en faveur du développement national. La vie dans un monde sans vie Mais la réalisation la plus spectaculaire dans ce volet est assurément ce qu'il est convenu d'appeler le Projet de Réjim Maâtoug. Mis en chantier en 1995, il consiste, ni plus ni moins, à faire éclore la vie là où il n'y avait à perte de vue que dunes de sable balayées par le vent. Situé au nord-ouest du gouvernorat de Kébili, coincé entre l'extrémité du Chott El Jérid et la frontière algérienne, cet espace désertique a été transformé en quelques années en un véritable coin de paradis. Programmé en deux tranches dans le cadre de la coopération tuniso-euro-italienne et en collaboration avec d'autres départements, ce projet consiste en la mise en valeur en deux temps de 2.160 ha. La première tranche, achevée en 1995, couvre une superficie de 1.152 ha et se compose de quatre oasis équipées de puits, de réseaux d'irrigation et d'assainissement, de pistes agricoles et d'ouvrages de protection des plantations. Deux villages dotés de toutes les infrastructures et services sociaux ont été aménagés pour l'accueil des quelque 6.000 habitants qui en composent la population bénéficiaire de ce projet. La deuxième tranche, qui a démarré 2002, consiste en la mise en valeur des 1.008 ha restants et est sur le point d'être achevé. Cette réalisation représente assurément l'exemple le plus achevé de l'engagement de l'Armée dans l'œuvre de développement intégré et durable avec ses portées sociale, économique, environnementale, et sécuritaire. Il constitue un motif de fierté nationale et un modèle dans la mise en valeur, la lutte contre l'avancée des sables, l'éclosion et le développement de la vie dans un monde impropre à la vie. La réussite de cette expérience unique a inspiré de nouvelles actions en faveur des régions sahariennes actuellement à l'étude et a interpellé de nouveaux bailleurs de fonds, en particulier l'Etat du Qatar. Plus spécifiquement militaires sont les actions de déminage entreprises en divers endroits du pays, des bombes, mines et autres projectiles hérités de conflits ayant infesté certains endroits.