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La langue tunisienne d'hier et d'aujourd'hui (3e partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 07 - 2011


Par Rafik BEN HASSINE *
L'alphabet. Nous avons vu, dans ce qui précède, que l'alphabet punique est consonantique, c'est-à-dire que, comme l'arabe, il s'écrit sans voyelles. Certaines lettres arabes ont hérité le nom et la signification des lettres puniques. La première inscription en alphabet arabe (dit nord arabique, qui est différent du sud arabique) scientifiquement attestée, est une inscription trilingue (grecque, syriaque, arabe) d'Ez-Zabad, datée de l'an 512 après J.C., soit environ un siècle avant l'Hégire. Une autre inscription, datée de l'an 540, est celle qui figure sur le tombeau du plus poète des Arabes, Imrou'l Qays. Elle dit : «Ceci est le tombeau d'Imrou'lqaïs, fils de Amr, roi de tous les Arabes, qui a porté la couronne et a régné sur les deux Asad et sur Nizär... Heureux celui qui l'a enfanté». (Réf. James Février, Histoire de l'écriture, page 254).
- Le lexique. Voici des exemples de mots puniques qui ont été utilisés par les Maghrébins bien avant l'arrivée des Arabes : (Source: A.Elimam, « Le Maghribi alias « ed-derija » éd. Dar-el-Gharb, Oran, 2003, p.52). Nous indiquons le mot punique, utilisé en maghribi, suivi du français. Eb, père/ Edem, être humain/ akh, frère/ Em…em, Ou bien…ou/ oum, mère/ Emêna, caution/ Enk, Je, moi/ ardz, terre/ Ha huw, Le voilà/ koull, tout (e)/ baad, après/ Es'êl, demander/ bi, avec/ ben, fils/ bny, construit/ bent, fille/ bârek, bénir/ bayt, maison, dynastie/ beyen, montrer/
On peut rajouter les mots suivants, figurant sur des stèles et monuments puniques (que j'ai relevés dans Histoire de l'écriture, par James G. Février, Payot, 1984): QBR (tombeau) / LK (pour toi) / LY (pour moi) / MLK (roi) / YMT (les jours, ayamet)/ WSNTW (et année, ouê sênêtou) , KMLK (comme roi, kê mêlek) / SDQ (juste, sadaq)/ WMLK (et roi, ouê melek) / YSR (droit, yasir) / QDSM (saints, qadasatouhoum) / KL (mesure, keyil) / QS (cueillette, qass) / YSN (vieux, moussinn) / L (pour, li) / YSM (entend, yesmaâ) / SMT (entendu, samaâtou)/ ABD (serviteur, âbd) / KLB (chien) / ZKR (se souvient) / DBR (suggérer, dabbar) / SR (secret)/ L (ne)/
Enfin, les grammaires et les lexiques arabes et puniques étant très proches, le mariage des deux langues a abouti au maghribi que nous utilisons tous les jours. Nous sommes comme Monsieur Jourdain qui parlait en prose sans le savoir. Nous parlons punico-arabe sans le savoir. Ainsi, nous pourrions expliquer la facilité avec laquelle les Arabes se sont très vite fondus dans la population maghrébine, ainsi que l'accueil relativement favorable qu'ils ont trouvé au Maghreb, d'autant plus que la greffe latine n'avait pas réussi.
Conclusion
Durant environ deux mille ans, la langue punique a été, aux côtés de la langue amazight, la langue de communication des populations maghrébines. C'était aussi la langue du commerce tout autour de la Méditerranée. Elle a été la langue de prestige et de diplomatie pratiquée par les contemporains de Hannibal et de Massinissa (2e siècle av. J.-C.). Depuis ces temps préhistoriques, cette langue perdure et continue à vivre comme composante de base de la langue maghribia.
Le maghribi est une langue vivante, à la fois majoritaire dans le corps social et minorée par les institutions culturelles et étatiques maghrébines. C'est la langue maternelle de plus de 100 millions de locuteurs. Elle est de plus en plus utilisée sur Internet, sans règle et sans standardisation. Les jeunes internautes sont en train de l'imposer dans la communication écrite en utilisant souvent l'alphabet latin, et quelquefois l'alphabet arabe, pourtant mieux adapté. L'espoir qui vient de naître avec le printemps arabe nous laisse rêver d'un espace public tenant compte de notre héritage riche et divers et de nos particularismes spécifiques. Nous devons réétudier notre histoire et notre patrimoine avec objectivité, et laisser de côté toute stigmatisation et tout procès infondé ou raccourci réducteur. Il ne faut pas confondre notre nouvel appétit de débats avec le lynchage aveugle de tout ce qui n'est pas conforme à une certaine norme qui nous a été imposée depuis le début du déclin de la civilisation arabe, il y a mille ans. Ce lynchage aveugle, courant sous les sombres régimes islamistes du Moyen- Orient, est en train de se répandre sous nos cieux, à cause de l'incurie - ou de la complicité ? - des autorités.
Nous plaidons pour une valorisation volontaire et politique du maghribi, notamment à travers l'enseignement. Cette langue dispose d'un vivier lexical riche, issu successivement du berbère, du punique et de l'arabe. Elle peut constituer un socle commun et unificateur pour tous les Maghrébins sans distinction de classe ou de milieu social. Elle peut aussi permettre de répandre la parole de l'islam, religion de paix et de fraternité et de concorde, dans un langage compréhensible par la masse. Utiliser l'arabe d'il y a 10 ou 15 siècles dans les sermons et les prières a pour conséquence évidente de produire des talibans ignares, qui n'ont retenu de la religion que des phrases toutes faites et dont ils ne comprennent rien.
L'italien de Dante, l'espagnol de Cervantès et le français de Voltaire étaient en leur temps (15e siècle) des langues de seconde zone, des « dialectes » du latin, pratiquées par la masse et méprisées par l'élite. La Renaissance européenne, c'était aussi et surtout la renaissance de ces langues. Elles ont remplacé le latin, qui était alors la langue des lettrés et des élites, et c'était aussi la langue de la religion. Les Européens ne s'en portent pas plus mal.


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