Les musulmans bulgares, qui constituent 13% de la population, sont perméables à l'extrémisme en raison de leur pauvreté, selon un câble diffusé par WikiLeaks et publié jeudi par le site bulgare Bivol.bg. "L'extrémisme islamiste en Bulgarie constitue une préoccupation réelle", écrivait en octobre 2005 l'ambassadeur des Etats-Unis John Beyrle. "Le chômage croissant, la faiblesse des institutions qui prônent un islam modéré et une discrimination de longue date rendent les musulmans bulgares vulnérables à l'extrémisme", précise le document. Celui-ci relève la dépendance financière des institutions musulmanes bulgares à des "fondations islamiques étrangères faiblement contrôlées, dont certaines encouragent l'extrémisme islamique". Le service du Mufti, chef religieux des musulmans, compte notamment sur des dons de fondations en raison d'une pénurie de fonds. Des institutions, dont les sièges sont situés en Jordanie, en Syrie, en Iran, au Soudan et en Arabie saoudite, financent la construction de mosquées, qui se multiplient depuis les années 1990, et des cours de religion. Les activités fondamentalistes en Bulgarie se traduisent par des collectes de fonds et des recrutements ainsi que par du soutien logistique à des opérations extrémistes, d'après les commentaires de l'ambassadeur. Si les Bulgares, d'origine turque, constituent 7% de la population, ils ne sont pas la cible principale en raison de leur relative prospérité et de leurs solides liens communautaires. Ce sont les 200.000 Pomaks (descendants de Bulgares islamisés sous la domination ottomane), largement touchés par le chômage, qui attirent l'attention des milieux islamistes, précise le câble américain. "Les Pomaks ont reçu beaucoup plus d'argent et d'attention de la part de groupes étrangers islamiques que les Turcs et les Roms musulmans, ce qui s'explique en partie par leur peau blanche et leur apparence européenne", écrit M. Beyrle. Il évoque l'exemple du Pomak bulgare Toni Radev qui a participé aux attaques terroristes à Madrid le 11 mars 2004. Des tentatives de radicalisation des Pomaks sont également déployées par l'Iran, souligne encore le document diplomatique. Les organisations islamistes répertoriées en Bulgarie sont Al-Qaïda, Ansar-al-Islam, le Hezbollah et des groupes tchétchènes.